Procès des attentats de janvier 2015 : "Moi aussi je suis une victime", clame un accusé

Publié le 13 octobre 2020 à 17h06
Procès des attentats de janvier 2015 : "Moi aussi je suis une victime", clame un accusé

JUSTICE – Depuis lundi, la cour d'assises spéciale interroge Nezar Mickaël Pastor Alwatik et ses proches ou connaissances. Ce mardi, l'accusé est sorti de ses gonds, agacé de se voir reprocher des choses qu'il assure n'avoir jamais faites.

Pendant plusieurs heures lundi, son ex-épouse religieuse est venue témoigner à l'audience. Se revendiquant salafiste, cette femme voilée a indiqué à la cour que son ancien conjoint, Nezar Mickaël Pastor Alwatik, aujourd'hui dans le box des accusés, lui avait confié en 2014  qu'il voulait "faire la guerre sainte après mis sa famille en sécurité". 

Ce mardi matin, c'est son codétenu qui affirme à la barre que ce qui était arrivé à Charlie Hebdo était "un peu de leur faute, à 50%". "Caricaturer le prophète, c'est une insulte à une communauté", justifie encore aujourd'hui à la barre Taoufik K., cité comme témoin. "Quand on sait qu'on a été menacés, qu'il y a des terroristes, on ne va pas tirer sur la sonnette d'alarme. Ils en ont rajouté une couche." 

"L'autre, elle vient ici avec sa cape de Batman"

Deux témoignages qui ne vont pas dans le sens de l'accusé qui, depuis le début de ce procès, promet qu'il ignorait tout des projets de son ami Amedy Coulibaly et qu'il n'était pas radicalisé. Alors, quand l'assesseur lui demande de commenter ces témoignages, Nezar Mickaël Pastor Alwatik perd son sang-froid. "Taoufik K. a dit des choses me concernant. C'était mon codétenu. On fumait des joints, on rigolait, c'était mon pote. Il dit des choses. Moi, je suis pas d'accord avec lui. Ça n'engage que lui. Ce qu'il dit sur Charlie Hebdo, 'ils l'ont cherché', moi, je suis pas d'accord. Je suis pas d'accord (il élève la voix). C'est énervant."

Sur Amedy Coulibaly, Nezar Mickaël Pastor Alwatik répète la même chose en boucle. "C'était un ami, quelqu'un de gentil de serviable" et sur ses projets d'attentats, il a "tout caché". "Jamais je suis rentré dans des discussions avec lui", insiste l'accusé debout dans le box. 

Nezar Mickaël Pastor Alwatik poursuit sur sa lancée : "Je suis en détention. J'essaie de me justifier. Y'a l'autre folle qui vient hier. Moi, ma parole c'est de la merde. Moi, ouais, j'ai menti. Mais j'ai menti parce que j'avais peur (son ADN a été retrouvé sur des armes notamment et il  a livré de nombreuses versions pour l'expliquer, ndlr). Moi, j'ai vécu dans une résidence près d'une cité, je suis comme je suis. Mais jamais de ma vie j'ai tiré sur des gens ou j'aurais planifié ce genre de choses. Vous croyez que je vais tirer sur un mec parce que je suis antisémite ! Ma sœur est juive !" 

Que peut apporter le procès aux victimes, mais aussi aux citoyens ?Source : JT 20h WE

Après trois mois de mariage en 2014, Nezar Mickaël Pastor Alwatik avait répudié sa femme. Il est convaincu que ce qu'elle dit sur lui depuis est une forme de vengeance. "Nous, ici, on a tous fait des expertises. Elle, c'est même pas une expertise psychologique qu'il fallait faire, c'est une expertise de fou. Elle, elle raconte que des salades. Elle vient avec sa cape de Batman (comme un écho à la mère de l'accusé qui avait baptisé cette femme de "ninja"), elle raconte sa vie ici. Elle dit que je voulais faire la guerre sainte après avoir protégé ma famille. Je la mets où ma famille ? Dans ma valise ?" 

"Je dors tranquille"

Lassé de se répéter, lassé qu'on ne l'écoute pas, Nezar Pastor Alwatik déclare : "Moi aussi je suis une victime, une victime collatérale de ce qu'il a fait ce bâtard (Coulibaly). Moi c'est trop, j'ai plus de force ! Moi, je sais que j'ai rien à voir dans tout ça. J'ai pas aidé à acheter quoi que ce soit. Amedy, c'était mon ami, point barre. Je lui ai demandé de me ramener une femme, il m'a ramené un problème. Le problème, ça fait dix piges qu'il est là."

Puis s'adressant à la cour, l'accusé qui encourt 20 ans de réclusion criminelle pour notamment participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle, conclut : "Faites ce que vous avez à faire, moi, je dors tranquille."


Aurélie SARROT

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