Disparition, aveux, rétractation : à l'heure du procès, la chronologie de l'affaire Daval

Publié le 15 novembre 2020 à 10h42, mis à jour le 15 novembre 2020 à 18h41

Source : JT 20h Semaine

"L'HEURE DE VÉRITÉ ?" - Mensonges, aveux, revirements, accusations et désormais... procès. Jonathann Daval comparaît à partir de ce lundi pour "meurtre sur conjoint" devant la cour d'assises de Haute-Saône après trois ans d'une enquête marquée par de multiples rebondissements.

Trois ans après la mort d'Alexia, Jonathann Daval comparaît ce lundi devant la cour d'Assises de Haute-Saône. Depuis le début de l'enquête, le mari de la jeune femme - dont le corps a été retrouvé partiellement brûlé dans un bois - a multiplié les versions. Son avocat promet désormais "la vérité." Depuis octobre 2017 jusqu'à cette première audience de novembre 2020, l'enquête a connu de multiples rebondissements et coups de théâtre. 

La disparition et l'effroi

C'est le 29 octobre 2017 que l'on entend parler pour la première fois de cette affaire. La veille, un homme avait alerté les gendarmes de Gray-la-Ville, en Haute-Saône, pour indiquer la disparition de sa femme, Alexia Daval. Selon lui, cette dernière avait quitté le domicile vers 9h pour aller courir et n'est jamais revenue. Plus de 200 personnes se joignent aux enquêteurs le dimanche pour rechercher la jeune femme de 29 ans, sans succès.

Le lendemain, le procureur de la République Emmanuel Dupic annonce l'ouverture d'une information judiciaire pour 'enlèvement et séquestration'. "Compte tenu du profil de la jeune Alexia, pas connu comme étant suicidaire et plutôt en bonne santé, l'ensemble de ces éléments nous conduisent à envisager un scénario plus dramatique, celui d'un enlèvement et séquestration à l'occasion de ce jogging", assure-t-il.

Le même jour, un corps brûlé est retrouvé dans un bois de Gray, près du lieu de la disparition d'Alexia Daval. On apprendra quelques jours plus tard qu'il s'agit bien de celui de la jeune femme.

Le deuil et l'hommage

Le 5 novembre, un hommage silencieux et solennel est organisé à Gray et réunit entre 8.000 et 10.000 personnes, dont les membres de la famille d'Alexia Daval. "La force de notre couple nous faisait nous dépasser, dans nos sorties et dans notre vie commune. Cette plénitude me manquera terriblement", confie après la marche son mari, très ému. 

À ses côtés, Jean-Pierre Fouillot, le père d'Alexia, remercie également, la voix serrée par l'émotion, les personnes venues au rassemblement. "Les témoignages que nous recevons nous apportent une aide et un réconfort précieux", lâche-t-il.

L'arrestation et les aveux

L'enquête prend un nouveau tournant le 29 janvier 2018. Jonathann Daval est interpellé à son domicile et placé en garde à vue. Selon plusieurs sources, les enquêteurs explorent l'hypothèse d'une "dispute conjugale qui aurait mal tourné" alors que le couple, qui avait des difficultés à avoir un enfant, connaissait de vives tensions.

Le lendemain, alors que sa garde à vue est prolongée, l'avocat du jeune homme assure que "Jonathann n'est pas soupçonné par hasard, évoquant "des éléments gênants concernant sa version des faits". Quelques heures plus tard, Jonathann est mis en examen et écroué pour meurtre après avoir avoué les faits. Selon ses avocats, il a "reconnu avoir tué son épouse mais a dit que c'était un accident, qu'il ne voulait pas et il regrette".

La polémique

Au lendemain de la mise en examen de Jonathann Daval, son avocat Me Randall Schwerdorffer évoque "une relation de couple avec de très fortes tensions". "Alexia avait une personnalité écrasante, (Jonathann) se sentait rabaissé, écrasé. A un moment, il y a eu des mots de trop, une crise de trop, qu'il n'a pas su gérer", ajoute-t-il.

Des propos qui déclenchent la colère de Marlène Schiappa, à l'époque, secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes. Celle-ci jugeait "scandaleux" les propos de l'avocat. "En disant ça, on légitime les féminicides, on légitime le fait que tous les trois jours, il y a une femme qui soit tuée sous les coups de son conjoint" et "je trouve que c'est extrêmement dangereux de relayer cela".  

La famille sort du silence

Le 5 mars, la famille d'Alexia Daval sort du silence dans une interview à BFMTV. "On s'est bien fait manipuler, il s'était fait un scénario", déclare Isabelle Fouillot, la mère d’Alexia Daval, alors que son père, Jean-Pierre Fouillot, le vit comme "une trahison". Pour la sœur de la jeune femme, Stéphanie Gay, "il y a réfléchi à ce scénario, la manipulation est allée très loin"

Malgré un chagrin qui "ne partira jamais", les parents d’Alexia affirment n'éprouver aucune haine. "La haine ne changera rien et ne nous ramènera pas Alexia", confie Jean-Pierre Fouillot. Il dit vivre un "double deuil" : "On a perdu deux êtres qu'on aimait énormément -Alexia et notre gendre - et ça fait mal".

La version du "pacte secret"

Le 27 juin dernier, Jonathann Daval est entendu à sa demande par le juge d'instruction de Besançon en charge de l'affaire, sans que l'on apprenne le contenu de l'audition. Une semaine plus tard,  les parents d'Alexia Daval sont convoqués par le même juge, officiellement pour "une audition classique de partie civile", assure leur avocat Me Jean-Marc Florand.

Mais quelques heures plus tard, coup de théâtre. On apprend que lors de son audition de la semaine passée, Jonathann Daval s'est rétracté et nie avoir tué son épouse. Il accuse désormais son beau-frère, Grégory Gay, d'avoir étranglé la victime au domicile de ses parents lors d'un "diner raclette"'. Celui-ci aurait tenté de la maîtriser lors d'une crise d'hystérie. Un "pacte secret" aurait ensuite été passé par la famille pour dissimuler les faits.

Les nouveaux aveux "à genoux"

Lors d'une confrontation émouvante le 7 décembre 2018 avec ses  beau-parents, Isabelle et Jean-Pierre Fouillot, et avec sa belle-soeur et son  beau-frère, Stéphanie et Grégory Gay, Jonathann Daval avoue de nouveau le  meurtre d'Alexia. "C'était un accident, je ne l'ai pas voulu", dit-il. L'intervention de la mère de la victime est déterminante. Elle obtient ses  nouveaux aveux en lui montrant une photo du chat du couple, Happy. "Si tu veux  qu'on te pardonne, il faut qu'on comprenne", lui dit-elle, l'exhortant à sortir du "déni". 

La reconstitution

Une reconstitution des faits s'est tenu le 7 juin 2019. Jonathann Daval livre  à cette occasion une version plus conforme avec les constations médico-légales  : il a violemment frappé Alexia, puis l'a étranglée 4 à 5 minutes avec ses deux  mains. Il reconnaît aussi pour la première fois avoir incendié le corps. Selon lui, une violente dispute avaient éclaté au domicile conjugal dans la  nuit du 27 au 28 octobre 2017 parce qu'il refusait d'avoir un rapport sexuel.  Elle l'aurait une nouvelle fois "humilié" en lui disant notamment qu'il  "n'était pas un homme".

Le procès : "Les mensonges, c'est terminé"

Désormais accusé de "meurtre sur  conjoint", Jonathann Daval encourt la réclusion criminelle à perpétuité à l'issue des  plaidoiries prévues vendredi. Une quarantaine de médias sont accrédités pour couvrir ce procès dont la  préfecture de Haute-Saône, mise à contribution pour l'organisation en pleine  épidémie de Covid, a souligné qu'il était "d'une ampleur inédite pour la ville  de Vesoul". "Les mensonges, c'est terminé", assure l'avocat de l'accusé Me Randall Schwerdorffer, qui promet "un moment de  vérité". "Jonathann veut s'exprimer pour que les jurés soient en état de juger  ce qu'il a fait", insiste-t-il. 

"La succession de mensonges a été à chaque fois ressentie comme un drame  par les partie civiles", confie Me Gilles-Jean Portejoie, qui défend près d'une  vingtaine de parties civiles dont les parents, la soeur et le beau-frère  d'Alexia. L'avocat entend aborder lors des débat les questions de la "préméditation"  et de la "complicité", "même si elles n'ont finalement pas été retenues".


La rédaction de TF1info

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