"Ce pouvait être quatre ou cinq enfants en une semaine" : récit de l'ouverture du procès de l'ex-prêtre Bernard Preynat, accusé d'attouchements sexuels sur mineurs

Publié le 15 janvier 2020 à 11h32, mis à jour le 15 janvier 2020 à 12h40

Source : Sujet TF1 Info

JUSTICE - Le procès de l'ex-prêtre Bernard Preynat a débuté mardi à Lyon. Accusé d'attouchements sexuels sur mineurs entre 1971 et 1991, l'homme de 74 ans a fait des aveux glaçants à la barre, tout en minimisant les faits devant plusieurs de ses victimes.

Après avoir été suspendu lundi à la demande des avocats en grève, le procès de l'ex-prêtre Bernard Preynat a démarré mardi à Lyon. Plus de 30 ans après les faits, des agissements pédophiles passés sous silence par l'Eglise et qui ont déclenché l'affaire Barbarin, Bernard Preynat a livré des aveux glaçants, détaillant notamment la fréquence des attouchements sexuels dont il est accusé.

"Ça arrivait tous les week-ends, et pendant les camps, ce pouvait être quatre ou cinq enfants en une semaine", indique l'ex-prêtre qui aurait sévi pendant vingt ans entre 1971 et 1991, alors qu'il officiait comme vicaire-aumônier scout à Sainte-Foy-Lès-Lyon, dans le Rhône. "Pour moi, à l'époque je ne commettais pas d'agressions sexuelles mais des caresses, des câlins. Je me trompais. Ce qui me l'a fait comprendre, ce sont les accusations des victimes, a ajouté l'homme de 74 ans.

"Je savais bien que ces gestes étaient interdits (...) D'ailleurs, c'était en cachette. (...) Et cela m'apportait du plaisir sexuel forcément", a admis à la barre l'accusé qui a suivi une thérapie dès les années 1960, reconnaissant "avoir toujours vécu dans la peur d'être dénoncé". Plusieurs victimes ont témoigné lors du procès, racontant les sévices subies, les caresses sur le sexe, les cuisses, sous le short, les étreintes malsaines, les baisers sur la bouche.

Des faits minimisés par le prévenu

À chaque témoignage, l'ex-prêtre a demandé "pardon" aux victimes, tout en minimisant les faits. Comme par exemple quand l'une d'entre elles, Benoit Repoux, raconte comment il "le serrait très fort contre lui, mettait sa tête à hauteur de son sexe". "Je me souviens de l'avoir caressé sous sa combinaison, une fois, au fond du car lors d'une sortie au ski", admet le vicaire, qui dément d'autres agressions décrites précisément par la victime : "M. Repoux a pu entendre parler de tout ça par d'autres."

Ou encore celui de Pierre-Emmanuel Germain-Thill, une autre victime qui enlève symboliquement son foulard de scout en venant témoigner à la barre. Ce dernier assure avoir été abusé "une fois tous les 15 jours, pendant deux ans" et évalue ces agressions à "plus d'une cinquantaine" quand il était scout mais aussi enfant de chœur. "Je reconnais toutes les agressions dans le cadre du scoutisme mais pas quand il était enfant de chœur (...). Je n'accuse pas les gens de mensonge mais je ne me souviens pas", se défend l'ancien prêtre.

Le "plus grand prédateur sexuel de la région lyonnaise" ?

En marge de l'audience, Me Emmanuelle Haziza, l'avocate de M. Germain-Thill, l'a qualifié de "plus grand prédateur sexuel de la région lyonnaise". Face au tribunal, le prévenu avait évoqué dans la matinée "quatre ou cinq enfants (abusés) en une semaine". "Cela fait presque un enfant par jour", constate la présidente Anne-Sophie Martinet. Un rythme qu'il a tenté de minimiser dans l'après-midi.

Dix parties civiles, sur 35 victimes entendues pendant l'enquête, sont constituées au procès, beaucoup de faits étant frappés de prescription. A la barre, Bernard Preynat a également assuré avoir "tout arrêté" en 1991 : "J'en ai fait la promesse au cardinal Decourtray." L'enquête n'a retenu aucun fait après cette date.

Réduit à l'état laïc au terme de son procès canonique l'été dernier, Preynat encourt jusqu'à 10 ans d'emprisonnement.


La rédaction de TF1info

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