Une fausse victime des attentats du 13 novembre jugée pour une escroquerie à 38.000 euros

par Matthieu JUBLIN
Publié le 22 mars 2018 à 7h30
Une fausse victime des attentats du 13 novembre jugée pour une escroquerie à 38.000 euros

JUSTICE - Jugée pour escroquerie ce jeudi au tribunal correctionnel de Créteil, Florence, 49 ans, s'était fait embaucher par l'association de victimes Life for Paris afin de berner le Fonds de garantie des victimes de terrorisme, l'Assurance maladie et la mairie de Paris.

C'est la première fois qu'une fausse victime des attentats de Paris a poussé le mensonge jusqu'à se faire indemniser. Florence M., 49 ans, comparaît ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Créteil pour escroquerie. Elle est accusée de s'être fait passer pour une fausse victime de l'attentat du Bataclan ce qui lui a permis de toucher 38.000 euros de la part du Fonds de garantie des victimes de terrorisme et autres infractions pénales (FGTI) et de l'Assurance maladie.

Lors de sa première comparution immédiate, le lendemain de son interpellation, le 13 février 2018, la prévenue avait demandé un renvoi pour préparer sa défense. Le tribunal avait décidé de la maintenir en détention. Déjà condamnée trois fois pour escroquerie, elle portait un bracelet électronique à la cheville. 

VIDÉO - En janvier 2017, une fausse victime du Bataclan déjà condamnée à 6 mois de prison fermeSource : JT 20h WE

Une fausse facture réalisée à partir de documents des vraies victimes

L'affaire commence un mois après l'attentat du Bataclan, en décembre 2015. Florence décide alors de rejoindre l'association Life for Paris, tout juste créée. Elle ne se fait pas encore passer pour une victime, mais pour une proche de victime. Elle affirme que son meilleur ami a été gravement blessé dans la tuerie du 13 novembre, rapporte l'AFP. Pour accréditer son histoire, elle est allée jusqu'à créer un compte Facebook pour cet ami imaginaire "qu'elle alimentait avec commentaires, photos, histoires perso", indiquait Arthur Dénouveaux, président de Life for Paris.

Florence parvient à devenir salariée de l'association pendant 9 mois. En février 2016 elle raconte "avec force détails", selon un policier, l'attaque du Bataclan. Elle avait alors en sa possession une facture pour deux places au concert des Eagles of Death Metal, le groupe qui jouait ce soir là. Cette facture est en fait falsifiée, et aurait été réalisée à partir de documents récupérés auprès de membre de Life for Paris.

C'est à l'aide de cette facture que Florence parvient, dans un second temps, à se faire passer pour une victime. Elle obtient 25.000 euros d'indemnités de la part du FGTI, 13.000 euros de l'Assurance maladie, et aurait également tenté d'obtenir un logement social de la ville de Paris, en vain.

Ce genre d'affaire effraie les vraies victimes car elles peuvent se dire que le fonds sera de plus en plus précautionneux
Me Laigneau, avocat du Fonds de garantie pour les victimes de terrorisme

"La particularité de ce dossier par rapport aux autres dossiers de fausses victimes, c’est que celle-ci a touché de l’argent de la part du fonds de garantie, nous explique l'avocat du FGTI, Me Jean-François Laigneau. Jusqu’ici, les fausses victimes présentaient des faux grossiers." Le Fonds, tout comme la CPAM et Life for Paris, s'est porté partie civile au procès de jeudi.

Le FGTI compte demander, en plus de la restitution des 25.000 euros, 1 euro symbolique d'indemnité pour préjudice moral, affirme Me Laigneau. "Le message que le Fonds souhaite faire passer, c'est que cette affaire n'influera pas sur les dossiers d'indemnisation des vraies victimes", poursuit l'avocat, qui explique que "ce genre de dossier effraie les vraies victimes car elles peuvent se dire que le fonds sera de plus en plus précautionneux".


Matthieu JUBLIN

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