''2084'', quand la dictature islamiste dominera le monde

par Judith KORBER
Publié le 4 octobre 2015 à 15h23
''2084'', quand la dictature islamiste dominera le monde

CHOC – L'Algérien Boualem Sansal est l'auteur phare de cette rentrée littéraire. Son roman, sorte de réécriture de ''1984'' de George Orwell, nous plonge dans un monde dominé par une religion dérivée de l'Islam. ''2084'' est en lice pour de nombreux prix littéraires dont le Goncourt et le Renaudot.

► C'est qui ?
Ecrivain algérien, Boualem Sansal s'apprête à fêter son 66e anniversaire. Il a fait carrière au sein du ministère de l'Industrie avant d'être licencié en 2003 pour ses critiques répétées contre le système en place en Algérie. Marié à une jeune femme tchèque, il prend position contre le fondamentalisme quand il se rend compte qu'une de ses deux filles est contrainte de suivre des cours religieux dans la mosquée de Boumerdès, où réside toute la famille et où Boualem Sansal vit toujours, divorcé et remarié depuis. En 1999, il sort son premier roman Le Serment des barbares, dans lequel il livre sa vision désenchantée de l'Algérie des années 1990. Dans 2084, il donne dès l'incipit sa vision de la religion : ''La religion fait peut-être aimer Dieu mais rien n'est plus fort qu'elle pour faire détester l'homme et haïr l'humanité''.

Ça parle de quoi ?
Envoyé dans un sanatorium pour soigner sa tuberculose, Ati se prend à rêver de liberté. Un rêve très dangereux en Abistan, un monde dans lequel on ne vit et on ne meurt que pour le Dieu Yölah et son délégué Abi. Pèlerinage dans des lieux saints, dont la localisation varie au gré des envies du gouvernement, prière neuf fois par jour à la mockba... les habitants doivent rivaliser de piété sous peine d'être repérés par le Samo, le comité de santé morale, et de finir lapidés dans un stade. Malgré les risques, Ati décide de partir explorer ce monde ravagé par la dernière grande guerre sainte nucléaire.

Pourquoi on aime ?
Magnifique réécriture du roman 1984 de George Orwell, 2084 nous plonge dans un système politique où Big Brother resurgit sous les traits de Bigaye, déformation de Big Eye, le surnom d'Abi, chef suprême de l'Abistan. A l'instar de l'écrivain anglais, Boualem Sansal pose également ici les bases de sa propre novlangue entièrement dédiée à la gloire de Yölah et d'Abi, des trouvailles linguistiques qui imposent l'admiration. Dans un style soutenu et très fluide, l'auteur décrit ce monde imaginaire absurde et poussiéreux avec tellement de force qu'on en viendrait presque à étouffer. Avec cette subtile et acerbe critique de l'islam radical, Boualem Sansal va finalement beaucoup plus loin que Michel Houellebecq dans Soumission. Plébiscité par les critiques, 2084 se retrouve aujourd'hui en lice pour de nombreux prix littéraires dont : le Goncourt, le Renaudot, le Grand Prix de l'Académie française, le Médicis, le Femina et le prix de Flore. Une sélection plus que méritée !

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Judith KORBER

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