Agnès Martin-Lugand : "Je voulais montrer qu’une maîtresse est aussi une femme en souffrance"

Publié le 3 mai 2018 à 11h24
Agnès Martin-Lugand : "Je voulais montrer qu’une maîtresse est aussi une femme en souffrance"
Source : Pauline Darley / Editions Michel Lafon

COUP DE CŒUR – Dans "A la lumière du petit matin", la romancière Agnès Martin-Lugand met en scène Hortense, une professeur de danse éperdument amoureuse d’un homme marié. Un séduisant portrait de femme raconté à la première personne avec pudeur et sensibilité. LCI l'a rencontrée.

C’est une success-story qui dure. En 2013, Agnès Martin-Lugand faisait sensation en devenant la première star française de l’autoédition numérique avec "Les Gens Heureux Lisent et Boivent du café". Un premier roman refusé par plusieurs éditeurs avant de trouver refuge sur la plateforme Amazon… et d’attirer l’attention des éditions Michel Lafon qui lui offrent une second vie sur papier. Depuis, cette psychologue de formation qui vit à Rouen, loin du tumulte parisien, a vendu plus de 2 millions d’exemplaires de ses romans, entre drames réalistes et romances plus noires qu’on pourrait le croire.

Dans "A la lumière du petit matin", son déjà sixième roman, elle met en scène Hortense, une professeur de danse, bientôt quadragénaire, qui fréquente depuis trois ans Aymeric, un homme marié et père de deux enfants. Ils se voient deux fois par semaine, chez elle où dans un restaurant parisien à l’abri des regards. C’est une vie qui lui convient, croît-elle, jusqu’à un événement aussi désagréable qu’imprévu qui va remettre en question ce train-train toxique qui la consomme à petit feu. Et l’obliger à se remettre en question, enfin.

J'avais ce souhait de ne pas juger Hortense comme peut le faire la société avec une maîtresse… ou un amant d’ailleurs
Agnès Martin-Lugand

"Quand je pense et crée mes personnages, je me demande toujours avec qui j’ai envie passer du temps dans ma tête", raconte Agnès Martin-Lugand. "Pendant un an, je suis habitée par mes personnages, et en particulier le personnage principal. Dans le cas de ce roman, c’est la professeure de danse qui est venue en premier. Et en particulier une professeure de danse qui se blesse, avec l’idée d’aborder le rapport au corps. Ensuite, le fait qu’elle soit maîtresse, amoureuse mais dans une situation bien compliquée, est venu assez naturellement."

Personnage de thriller par excellence, l’amante se raconte ici à la première personne, avec toute sa belle complexité, ses doutes, ses espoirs et ses contradictions. "Je me suis dit que pour une fois je ne voulais pas que la maîtresse soit traitée avec ce côté femme fatale, briseuse de famille, qui sépare un père de ses enfants", insiste l’auteure. "Mais qu’elle pouvait aussi être une femme éperdument amoureuse et en souffrance. Hortense n’a pas d’enfants, elle a l’impression qu’elle n’a rien construit. Mais j'avais ce souhait de ne pas la juger comme peut le faire la société avec une maîtresse… ou un amant d’ailleurs."

Au fil des pages, Agnès Martin-Lugand dresse un séduisant portrait de femme, tout en nuances, qui ne devrait pas décevoir les fidèles de ses précédents romans. Tiré à 130 000 exemplaires, "A la lumière du petit matin" a d’ailleurs rejoint le classement des meilleures ventes dès sa sortie. "Une lectrice m’écrivait il y a quelques jours sur les réseaux sociaux qu’avant la crise de la quarantaine, ce roman parle de la crise de l’acceptation de soi", avoue l’auteure. "A un moment il est temps de se dire ‘je suis comme ça et ça me va bien, je m’assume’. Au-delà du fait qu’Hortense soit une maîtresse, c’est peut-être aussi ces questions-là qui peuvent résonner chez les lecteurs."

>> "A la lumière du petit matin" de Agnès Martin-Lugand (Editions Michel Lafon) 334 pages. 18.95 euros. En librairies.


Jérôme VERMELIN

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