Alors, il est comment le nouveau "Millénium" ? L’avis de Metronews

par Jennifer LESIEUR
Publié le 28 août 2015 à 16h12
Alors, il est comment le nouveau "Millénium" ? L’avis de Metronews

BEST-SELLER – "Ce qui ne me tue pas", la suite de la saga "Millénium" de Stieg Larsson, est parue jeudi 27 août chez Actes Sud. Metronews l’a lu et savouré en même temps que ses premiers acheteurs. Le verdict en trois points.

Mettons de côté la polémique "fallait-il ou non reprendre Millénium". Oublions les querelles d’héritage, de sous, de morale. Redevenons le lecteur qui, il y a quelques années, oubliait de manger et de dormir pour enchaîner les trois gros tomes d’un thriller suédois sorti de nulle part. Le quatrième tome de Millénium était à peine en vente qu’il surgissait dans le métro, le TGV… Ceux qui ne le lisaient pas demandaient : alors, il est comment le nouveau Millénium ? Levons le nez de la dernière page et reprenons notre souffle pour répondre : pas mal, pas mal du tout même.

Une histoire accrocheuse aux ramifications complexes

David Lagercrantz, l’auteur assez fou pour reprendre le flambeau de Stieg Larsson, n’a heureusement pas oublié sa mission première : construire une bonne histoire. Nous retrouvons Mikael Blomkvist aux prises avec les difficultés économiques de son magazine, Millénium. Difficultés que les familiers de la presse reconnaîtront mot pour mot. Il lui faut un scoop pour combattre son veule propriétaire, et vite ! Un geek vient justement lui parler de son mentor, Frans Balder, superstar de l’informatique qui aurait inventé une forme d’intelligence artificielle. Forcément, des menaces planent sur lui. L’intrigue mêle alors la NSA, les services secrets suédois, un petit garçon autiste qui dessine comme Michel-Ange, de la technologie de pointe… Complexe, mais tout s’imbrique à merveille : les pages se tournent toutes seules en éveillant une grande curiosité scientifique, notamment sur l’autisme, la surveillance électronique et les trous noirs.

Des héros presque inchangés face à de nouveaux personnages

Deuxième pari réussi de Lagercrantz : faire vivre les personnages de Stieg Larsson comme on les avait quittés. Blomkvist, pour une fois au creux de la vague, puis Lisbeth Salander, dont la rage et le génie sont toujours aussi jouissifs. Ces deux-là ont perdu contact mais l’affaire Balder va les réunir sur une enquête où l’on retrouve aussi les flics Bublanski et Faste, Holger Palmgren, le hacker Plague… C’est à peine si l’on remarque que certains personnages sont inédits : Ed the Ned, chef de la sécurité de la NSA, sorte de Lisbeth au masculin, Gabriella Grane, agent de la sécurité suédoise, et surtout August, le fils autiste de Balder, qui met un peu de tendresse dans cette histoire tout en faisant progresser l’enquête.

Esprit de Stieg Larsson, es-tu là ?

Le rythme ? On plonge dedans dès la première page. La crédibilité des personnages ? Rien à dire, à part peut-être l’absurde manteau de fourrure blanche que porte Mikael Blomkvist. Quant à la morale, elle est conforme aux idéaux de Larsson. Les plus faibles se révèlent souvent les plus forts. Les salopards sont toujours punis, surtout ceux qui s’en prennent aux femmes et aux enfants. Enfin, il y a cette phrase qui vient semer la pagaille à la NSA, remettant soudain Millénium dans le feu de l’actualité : "Celui qui surveille le peuple finit à son tour à être surveillé par le peuple." Beau boulot, M. Lagercrantz : Lisbeth ne devrait pas venir pirater votre ordinateur la nuit.


A lire : Ce qui ne me tue pas, de David Lagercrantz, Actes Sud, 482 p., 23 euros.

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Jennifer LESIEUR

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