Attentat contre Charlie Hebdo : Hasta siempre, Charb

par Judith KORBER
Publié le 7 janvier 2015 à 15h17
Attentat contre Charlie Hebdo : Hasta siempre, Charb

DISPARITION - Stéphane Charbonnier, alias Charb, a été tué dans l'attentat commis contre Charlie Hebdo mercredi 7 janvier. Caricaturiste engagé à l'extrême gauche, il était directeur de la rédaction de l'hebdomadaire satirique.

Le dessinateur était la cible des islamistes depuis plusieurs années. Ils ont finalement mis dans le mille. Charb, le directeur de la rédaction de Charlie Hebdo, a été assassiné lors de l'attentat commis contre le journal mercredi 7 janvier à Paris. De son vrai nom Stéphane Charbonnier, le caricaturiste était âgé de 47 ans.

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Après avoir passé son enfance et son adolescence à Pontoise, le jeune homme tente, le bac en poche, de percer comme dessinateur de presse. Une vocation née en regardant les dessins de Cabu. ''Je suis tombé amoureux du trait et des propos de Cabu très tôt, à 10-11 ans, et ça a toujours duré. Je sais que je suis venu au dessin politique et à la caricature grâce à Cabu'', raconte-t-il à la revue Charles en juillet 2013.

Des dessins pour le Parti communiste et la CGT

Quelques années de galère plus tard, il rejoint La Grosse Bertha, un magazine satirique où sévissent Cabu, Tignous et Luz. Puis, avec Philippe Val et Cavanna, il participe en 1992 à la refondation de Charlie Hebdo. Au fil des ans, charb croque la vie politique à travers des personnages courts sur pattes aux gros nez et aux yeux globuleux. En 2009, on lui confit les rênes de l'hebdomadaire.

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Auteur d'une vingtaine de bandes dessinées comme La salle des profs ou Marcel Keuf, le flic, il est également le papa de Maurice et Patapon , un chien et un chat ''moins bêtes que méchants''. Charb collabore également avec de nombreux titres dont Télérama, Fluide glacial, Libération ou L'Humanité. De 2007 à 2008, il participe à T'empêches tout le monde de dormir, l'émission de Marc-Olivier Fogiel où il fait des caricatures sur le plateau. Engagé à l'extrême gauche, il refuse d'être encarté par peur de perdre sa liberté mais dessine pour le Parti communiste et la CGT.

La cible d'Al-Qaida

En 2011, à la suite de la publication de Charia Hebdo et des caricatures de Mahomet, Charlie Hebdo est incendié, Charb menacé. "Il faut continuer jusqu'à ce que l'islam soit aussi banalisé que le catholicisme (…) Je n'ai pas de gosses, pas de femme, pas de voiture, pas de crédit. C'est peut-être un peu pompeux ce que je vais dire, mais je préfère mourir debout que vivre à genoux", déclare-t-il alors au Monde.

Dès lors Charb est placé sous protection policière. ''Sans être des copains, tu as des conversations normales avec des gens normaux. Des fois, je finis par me demander si ce n’est pas moi qui bosse dans la police, et eux qui vont à Charlie Hebdo'', raconte-t-il à Charles à propos des agents qui l'accompagnent. En mars 2013, Inspire, le journal de propagande d'Al-Qaida, sort une liste de onze personnalités à abattre. Parmi elles : Charb. 'Je l’ai dit aux flics qui l’ont fait remonter à leur hiérarchie, laquelle a renforcé ma protection rapprochée. J’ai flippé', explique-t-il. Mais pas question pour autant de baisser les crayons. Ce matin, il publie un dernier dessin titré ''Toujours pas d'attentats en France'' qui met en scène un terroriste lançant ''Attendez. On a jusqu'à fin janvier pour présenter ses vœux.'' Mauvaise année.

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Judith KORBER

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