Avec Guillermo Saccomano, il n'y pas de saison pour le crime

Publié le 23 octobre 2015 à 18h44
Avec Guillermo Saccomano, il n'y pas de saison pour le crime

COUP DE COEUR - Polar, thriller, roman noir... Chaque semaine, retrouvez le coup de cœur de Marc Fernandez. Aujourd'hui : "Baisse Saison" (éditions Asphalte), de l'Argentin Guillermo Saccomano.

On trouve de tout dans le petit monde du polar. Le roman noir pur et dur, le thriller, l’enquête classique, les crimes historiques. Un milieu où se côtoient des détectives, des flics, des avocats, des journalistes, des victimes. Dans cet univers, comme dans ce qu’on appelle la littérature blanche, il y a des textes magnifiques et des livres moins intéressants pour le dire sans être trop méchant. Basse saison, de Guillermo Saccomano, qui vient de paraître chez Asphalte, fait sans conteste partie de la première catégorie. Voici pourquoi…

► C’est qui ?
Guillermo Saccomano est né à Buenos Aires en 1948. Il a travaillé dans la publicité, avant de plonger dans le monde de l’édition. Par la bande dessinée d’abord. Dès 1972, il signe par exemple Ángeles caídos aux éditions Warren Publishing (Etats-Unis). Puis, le démon de l’écriture de romans s’empare de lui. Prohibido (non traduit), d’abord en 1984, 77 (chez L’atinoir en 2011), L’Employé (Asphalte, en 2013) et, enfin, ce Basse Saison, paru il y a quelques années déjà en version originale et grâce auquel l’auteur a remporté le Dashiell Hammett de la Semana Negra de Gijón, le prix ultime, celui qui récompense le meilleur polar en langue espagnole. Excusez du peu.

► Ça parle de quoi ?
Bienvenue à Villa Gesell, jolie station balnéaire du sud de l’Argentine, non loin de la Patagonie, à 400 kilomètres de Buenos Aires. Ici, l’été, les touristes viennent y passer des vacances que la municipalité espère parfaites. Mais dès que vient l’hiver, la ville se vide. C’est la basse saison, celle qui laisse ses habitants et leurs secrets seuls face à eux-mêmes. Le journaliste Dante, rédacteur unique du canard local El Vocero, lui, n’a de cesse de retranscrire minutieusement le moindre faits divers qui s’y déroule. Un travail qui ne plaît pas forcément au maire et aux élus. Mais comment pourrait-il faire ? Car oui, il y a bien quelque chose de pourri à Villa Gesell, surtout quand les vacanciers sont partis. On parle ici de corruption, mais aussi de meurtres gratuits, de pédophilie, et autres joyeusetés…

► Pourquoi on aime ?
Oubliez tout ce que vous pensez savoir sur l’Argentine. Oubliez le tango. Oubliez Maradona. Oubliez le soleil. Dans Basse saison, Guillermo Saccomanno nous montre l’envers du décor. Et il n’est pas très reluisant. C’est l’hiver, il fait froid et peut-être que le climat influe sur le comportement des gens, mais les habitants de Villa Gesell sont des voisins pour le moins compliqués à gérer. Il n’y a pas une intrigue mais des dizaines d’histoires. Il n’y a pas un personnage principal (si ce n’est cette ville), mais des dizaines aussi. Et le tour de force de Saccomanno est de ne pas perdre son lecteur, de l’embarquer avec lui dans un roman choral hyper maîtrisé, très bien écrit, dans un style d’une qualité rare, efficace et, osons le mot, beau. Un grand roman noir. Un grand roman, tout simplement.

>> Basse saison, de Guillermo Saccomanno, trad. Michèle Guillemont. éd. Asphalte, 587 p., 25 € 

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La rédaction de TF1info

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