Avec "Une autre vie", S.J. Watson va vous dégoûter à tout jamais des sites de rencontres

Publié le 12 octobre 2015 à 17h59
Avec "Une autre vie", S.J. Watson va vous dégoûter à tout jamais des sites de rencontres

PSYCHO-THRILLER – Quatre ans après le carton de son premier roman, "Avant d'aller dormir", porté à l'écran avec Nicole Kidman et Colin Firth l'écrivain britannique S.J. Watson est de retour avec "Une autre vie" (Sonatine). Où l'histoire d'une alcoolique repentie qui enquête sur la mort de sa sœur en explorant les sites de rencontres qu'elle fréquentait. L'auteur raconte à metronews les coulisses de ce thriller qui explore la face (très) sombre du net.

Une autre vie ? C'est un titre qui pourrait presque s'appliquer au destin de S.J. Watson. En 2011, à 40 ans tout juste, ce spécialiste des troubles de l'audition chez les jeunes enfants puisait dans ses études médicales pour écrire Avant d'aller dormir, son premier roman. Un thriller vertigineux dans lequel une femme se réveillait chaque matin en ayant tout oublié, sinon les bribes de souvenirs consignés dans son journal. Coup d'essai, coup de maître : c'est un carton mondial, rapidement porté à l'écran avec Nicole Kidman et Colin Firth. Si le film n'est pas à la hauteur de l'oeuvre initiale, il a permis à l'auteur de se consacrer pleinement à l'écriture. "Lorsque j'ai vendu les droits d'adaptation d'Avant d'aller dormir, je suis allé voir mon patron à l'hôpital pour lui demander un congé", se remémore Watson. "Un jour il m'a rappelé pour me dire 'tu ne reviens pas, n'est-ce pas ?' ".

L'héroïne d'Une autre vie, c'est Julia, une femme au foyer qui a tourné le dos à un douloureux passé d'alcoolique auprès d'un gentil mari médecin lorsqu'elle apprend la mort de sa sœur, à Paris. De fil en aiguille, elle va découvrir que celle-ci fréquentait assidûment les sites de rencontres. Et si elle avait croisé la route de son meurtrier sur l'un d'entre eux ? . "L'idée remonte à bientôt 9 ans", précise S.J. Watson. "Je me rappelle lire le blog d'une femme qui racontait sa vie quotidienne avec une telle proximité que j'avais l'impression que nous étions amis. Et puis ces dernières années tout s'est accéléré avec la multiplication de nos identités virtuelles. A travers Facebook, Twitter, les sites de rencontres, les sites de sexe, c'est comme si les gens avaient autant d'identités différentes que de profils."

"Désormais le harcèlement ne s'arrête jamais"

Sans rien spoiler de ses multiples rebondissements, et de son dénouement diabolique, Une autre vie est le genre de roman qui risque de dégoûter plus d'un lecteur des Gleeden, Tinder et autre Grindr où les internautes cherchent l'amour pour un soir... et plus si affinités. D'abord virtuel, le sexe y devient rapidement bien réel. Et même dangereux. Au point d'en faire un thriller un brin moralisateur ? "Je décris la face sombre de l'Internet", tempère son auteur. "Et notamment la manière dont certains individus se comportent, parfois de façon horrible, en se protégeant derrière l'anonymat d'un écran. Je me rappelle aussi que lorsqu'on était gamin, on pouvait être harcelé à l'école, mais lorsqu'on rentrait à la maison, on était enfin à l'abri. Désormais, avec les réseaux sociaux, le harcèlement ne s'arrête jamais"

S'il donne régulièrement des nouvelles à ses lecteurs sur Twitter , S.J. Watson promet qu'il est moins accro que son héroïne tourmentée. "J'aime échanger avec eux. Même si parfois j'ai des surprises. Je me rappelle d'une lectrice, en particulier, qui s'est mise très en colère parce qu'elle voulait absolument savoir ce que devenait Christine, le personnage d'Avant d'aller dormir. Un peu comme la méchante dans Misery... J'ai fini par lui répondre de l'écrire elle-même !", s'amuse celui qui planche activement sur son troisième roman. "J'aimais mon ancien job, mais je n'étais pas heureux", se souvient-il. "Lorsque j'ai commencé à écrire, j'ai réalisé que j'étais fait pour ça. Alors je suis allé jusqu'au bout. Je ne voulais pas me réveiller un matin en me disant que j'avais raté ma vie."

>> Une autre vie, de S.J. Watson, éditions Sonatine. Traduit par Sophie Aslanides. 444 pages. 21 euros. 


Jérôme VERMELIN

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