Exclusif - Marc Levy à New York : "Ici les gens ne s'étonnent de rien et ne râlent jamais"

Publié le 12 février 2016 à 10h38
Exclusif - Marc Levy à New York : "Ici les gens ne s'étonnent de rien et ne râlent jamais"

BEST-SELLER – "L'horizon à l'envers" (Robert Laffont), le 17e roman de Marc Levy, est sorti jeudi 11 février. L'auteur français le plus lu à l'étranger, qui attend l'arrivée imminente d'une petite fille, a reçu Metronews dans le quartier de West Village, à New York, où il vit. Conversation à bâtons rompus sur sa vie d'expatrié.

Nous sommes ici dans votre fief de West Village, à l'ouest de Manhattan. Qu'est-ce qui vous plaît tant ici ?
A trois blocs d'ici, il y a une vieille librairie où je vais tout le temps, Three Lives & Company. Ils ont beaucoup de livres sur le New York arty des années 60, sur le mouvement underground qui est né dans ce quartier. Vous avez ici la maison où John Lennon a écrit Imagine, les clubs où Barbra Streisand, Simon & Garfunkel et Donna Summer ont chanté pour la première fois, sans oublier Bob Dylan.

Vous avez eu votre période cheveux longs, guitare en bandoulière ?
Non, je n'avais pas assez de cheveux ! Je jouais du piano, mais quand on partait en bande je me demandais pourquoi je n'avais pas choisi la guitare... Des heures et des heures de gammes pour jouer de la musique classique qui faisait bâiller toutes les filles, alors que le premier copain qui arrivait avec une guitare les emballait toutes ! Enfin, c'est comme ça, je n'ai jamais été un grand séducteur...

Vous qui avez géré un cabinet d'architectes, l'histoire des pierres doit vous parler...
Architecturalement, c'est un quartier très préservé, qui a vraiment une âme. Il y a une histoire derrière chaque maison. Je ne crois pas qu'on aurait pu vivre vers Midtown, au milieu des gratte-ciels. Ni à Brooklyn, qui est en train de devenir comme Neuilly. Et puis, il y a beaucoup de Français à New York, alors que l'intérêt d'aller vivre à l'étranger, c'est de se mélanger, pas de vivre dans une communauté. Ici à West Village, je me sens chez moi, c'est un vrai quartier new-yorkais et en même temps c'est très mélangé, on entend parler toutes les langues. Si on devait le comparer à un quartier parisien, ce serait Bastille, alors que Greenwich Village ce serait le VIIe, et East Village, le Ve.

"L'intérêt d'aller vivre à l'étranger, c'est de se mélanger, pas de vivre dans une communauté. Ici, à West Village, je me sens chez moi."

Quelles sont vos bonnes adresses du coin ?
Le meilleur bistrot de pêcheurs de New York, c'est Mary's Fish Camp. Le Chelsea Farmers Market est assez marrant à visiter. J'adore cette partie entre la 7e avenue et l'Hudson River, on y voit de vieilles maisons du XIXe siècle qui ont très peu changé, et on y retrouve l'esprit pionnier de la ville. Je conseille d'aller sur la High Line et de prendre la petite brochure qui raconte son histoire. J'ai fait partie des premiers membres de la High Line Society (ndlr, le comité qui administre la High Line, célèbre avenue piétonne new-yorkaise) et, à l'époque, personne n'y croyait, on nous présentait comme de joyeux rêveurs qui n'y arriveraient pas, et je me souviens de l'ouverture du premier tronçon, c'était absolument magique.

D'autres quartiers qui vous parlent ?
Le Meatpacking District, c'est le New York de Scorsese ! Il n'y a qu'à lever la tête et voir les détails architecturaux qui racontent l'histoire de ce lieu hautement cinégénique. Remonter la 10e avenue, qui est en pleine transformation, est intéressant aussi, il y a plein de petites galeries d'art dans les transversales. Et j'aime beaucoup Union Square et son marché, tous les fermiers du nord de l'Etat y viennent, un vrai spectacle urbain. Chaque fois que je visite une ville dans le monde, je vais au marché. C'est là où on voit les vrais habitants, puisque toutes les couches de la société ont besoin de se nourrir.

Qu'est-ce que vous préférez chez les New-Yorkais ?
Ce qui caractérise le New-Yorkais, c'est qu'il ne s'étonne de rien, et il ne râle à propos de rien. Si un éléphant venait traverser la rue et écraser trois voitures, les gens diraient : "Oh, c'est New York..."

"J'ai fait partie des premiers membres de la High Line Society, et à l'époque personne n'y croyait."

Votre installation est-elle définitive ?
Ma femme et moi, nous sommes deux voyageurs dans l'âme. Pour l'instant, on est loin d'avoir fait le tour de New York, mais ça ne nous ferait pas peur d'aller vivre quatre ans à Bombay, ou ailleurs. Ça revient souvent dans nos conversations, vous n'avez pas idée de nombre de fois où on s'est dit : "Bon, alors, on va vivre où ?" On a cette chance de faire des métiers où on n'a pas de bureau. On a eu le coup de foudre pour le Viet Nam, on aurait pu y vivre deux ou trois ans, mais pour l'instant on est très bien ici.

D'autant plus que votre petite fille à naître va bien vous occuper...
A qui le dites-vous ! J'ai changé plusieurs fois de vie, pas mal de fois de métier, mais s'il y a une chose que je serai resté tout au long de ma vie, c'est d'être père. J'ai un fils de 25 ans, un autre de 5, bientôt une fille... C'est le plus beau et le plus important de mes métiers.

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La rédaction de TF1info

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