"La Nuit derrière moi" : Giampaolo Simi n'a pas peur du monstre...

Publié le 22 janvier 2016 à 17h05
"La Nuit derrière moi" : Giampaolo Simi n'a pas peur du monstre...

NOIR, C’EST NOIR – Le crime vous passionne ? Chaque semaine, retrouvez le coup de cœur de Marc Fernandez, notre expert du roman policier. Aujourd'hui : "La Nuit derrière moi", de l'écrivain italien Giampaolo Simi (Sonatine). Un grand cru.

Deux Italiens peuvent en cacher un autre. Il y a deux semaines, nous parlions ici de Giancarlo de Cataldo et Carlo Bonini, les auteurs de l’excellent Suburra. Cette fois, c’est de leur compatriote Giampaolo Simi dont il est question et de son nouveau roman qui paraît aujourd’hui même aux éditions Sonatine, La Nuit derrière moi. Ces deux textes n’ont absolument rien à voir et montrent, s’il en était encore besoin, que le polar à l’italienne se porte plutôt bien. Simi nous entraîne au plus profond de l’âme d’un homme, une confession de celui qui se baptise d’entrée de jeu "le monstre". Secrets inavouables, fausses pistes et suspense sont au rendez-vous. Mais quel genre de monstre peut-il bien être ? Et, surtout, les apparences ne sont-elles pas, la plupart du temps, trompeuses ? Vous n’aurez la réponse à ces questions qu’à la toute fin du livre…

► C’est qui ?
Giampaolo Simi est né en Toscane, à Viarregio plus précisément (dans la province de Lucques) le 10 septembre 1965. Journaliste, scénariste et écrivain, il a notamment collaboré au quotidien La Repubblica et écrit divers scénarios pour des séries télévisées telles que RIS. Il n’est pas un inconnu des amateurs de polar français, puisque, outre cette dernière parution, trois de ses romans sont disponibles. Deux sont parus à la Série noire (Train express pour ailleurs en 2003 et Tout ou rien en 2004) et un autre au Serpent à plumes (La fille électrique en 2010). Il a reçu l’an dernier le prix Scerbanenco, l’une des plus importante récompense en matière de polar en Italie, pour un roman encore inédit chez nous, Cosa resta di noi.

► Ça parle de quoi ?
Dans La Nuit derrière moi, un homme parle. Enfin, un homme ou deux. On ne sait pas. Il y a d’un côté le gentil commercial dans une imprimerie, bien sous tous rapports. Marié à une très belle femme et père d’une gamine pourrie gâtée. Pour lui, un bon vendeur doit savoir sourire et soigner, toujours, ses chaussures. C’est le secret de la réussite. Celle qui lui permet de vivre dans une belle villa dans la banlieue de Pise, celle qui permet à sa femme de ne pas travailler aussi. Voilà pour le côté pile. Mais il y a un côté face… Celui d’un homme qui épie, assis sur un banc, les allées et venues de jeunes filles à la sortie d’un collège. Celui du début des ennuis professionnels, qui vont faire se craqueler son vernis de respectabilité. Il y aura, bien sûr, des conséquences fâcheuses. Et un mort. Impossible d’en dire plus ici sans en dévoiler trop…

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► Pourquoi on aime ?
Roman noir et subtil à la fois, tout en nuances malgré la violence dont il parle, La Nuit derrière moi est une réussite. Le style de Simi nous embraque dès les premières lignes. Il parvient à nous surprendre par un procédé narratif rare et très bien mené, une écriture qui alterne la première et la deuxième personne, alors même que c’est le même personnage qui parle. Là est sa force, l’écriture en elle-même montre la dualité du héros (mais peut-on l’appeler comme cela ?), son ambivalence, ses deux facettes. Sans oublier un sens du suspense parfaitement maîtrisé, doublé de personnages savoureux et d’un regard acéré, presque Chabrolien, sur la petite bourgeoisie de province, et vous avez là tous les ingrédients d’un excellent roman noir.

>> La Nuit derrière moi. De Giampaolo Simi, trad. Sophie Royère. Éditions Sonatine, 288 pages, 18 €
 


La rédaction de TF1info

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