Le polar ne connaît (vraiment) pas la crise

Publié le 2 avril 2014 à 15h30
Le polar ne connaît (vraiment) pas la crise

DECRYPTAGE - Alors que le plus important festival consacré au genre, Quais du polar, célèbre ses dix ans ce week-end à Lyon, un point sur la lecture préférée des Français s’impose. Quand le noir ne broie pas du noir.

En France, un livre sur quatre vendu est un polar. Un livre sur cinq publié est un polar. Et un quart du classement des meilleures ventes est squatté par... du polar. Bref, tout le monde lit, écrit ou vend du ce genre littéraire qui domine tous les autres de la tête et des épaules. Avec 1 820 nouveautés parues en 2013, soit plus de 150 titres par mois en moyenne, la production a ainsi augmenté de 6 % par rapport à 2012. Pas loin du record de 2010, qui avait vu 1 854 titres déferler dans les librairies.

Si les lecteurs n'étaient pas à ce point demandeurs, on frôlerait presque la surproduction ! Car dans un secteur du livre qui subit un ralentissement non négligeable, ce sont près de 16 millions de romans policiers qui ont été vendus ces douze derniers mois, pour un chiffre d’affaires dépassant les 168 millions d’euros. Le polar, lecture idéale en période de crise ? Pas forcément. Alors qu’on dit souvent que le genre est ancré dans le réel, que le roman noir est celui de la critique sociale, les lecteurs ne recherchent pas systématiquement ce côté engagé.

Un genre qui captive toutes les catégories sociales

"Le polar reste une littérature divertissante, que les gens aiment bien, car elle les tient en haleine », observe Claude Combet, la spécialiste du genre à Livres Hebdo. Car il y en a pour tous les goûts et on pourrait le décliner en autant de sous-genres que de livres parus. Pourquoi un tel succès ? "Dès ses origines, la vocation du genre policier a été de s’adresser au plus grand nombre, parce que le polar n’est pas nombriliste et que les histoires dont il est porteur peuvent captiver toutes les catégories sociales de lecteurs, explique Claude Mesplède, auteur du Dictionnaire des littératures policières.

"Qu’il s’agisse d’un roman d’énigme pure, d’un suspense psychologique, d’un thriller éprouvant, d’une enquête menée par une brigade de professionnels ou d’un roman noir désespéré, chacune de ces facettes du genre possède ses groupies", ajoute cette véritable mémoire du genre. Si la vague nordique semble s’essouffler, elle n’a pas encore été remplacée par un autre courant ou un autre pays.

À la Libraire de Paris, Thomas, en charge du rayon policier, note cependant que "les lecteurs sont de plus en plus curieux, ils recherchent l’originalité, que l’on trouve d’ailleurs peut-être plus chez de petits éditeurs. Ils veulent lire des histoires vraiment hors du commun." Si le grand polar de la crise n’a pas encore vu le jour, la crise, elle, n’est pas prête de déferler sur le genre.


 


La rédaction de TF1info

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