"Les Ravagé(e)s" : le polar où (pour une fois) les victimes sont des hommes

Publié le 8 juillet 2016 à 8h05
"Les Ravagé(e)s" : le polar où (pour une fois) les victimes sont des hommes

NOIR, C’EST NOIR - Le crime vous passionne ? Chaque semaine, retrouvez le coup de cœur de Marc Fernandez, notre expert du roman policier. Aujourd’hui : "Les Ravagé(e)s", de Louise Mey (Fleuve Noir).

Il paraît, plusieurs articles de la presse française et étrangère le disent donc ça doit être vrai, qu’une nouvelle tendance se dessine dans le polar. Il semblerait qu’il se féminise. Ah bon ? Parce que ce n’était pas déjà le cas ? Bon, puisque c’est dans les journaux… Des femmes auteures de romans noirs, il y en a depuis belle lurette pourtant. Des femmes héroïnes de fiction aussi. Ce qui change, paraît-il pour ces dernières, c’est qu’elles ne sont plus des faire-valoir, mais bel et bien de véritables personnages. Ok. Et ça tombe bien, puisque dans Les Ravagé(e)s, premier roman de Louise Mey (chez Fleuve noir), le personnage principal est une femme. Une flic. Mère célibataire aussi. Son quotidien, c’est le crime, mais pas n’importe lequel, le crime sexuel. Dur. Pour tenir le coup, elle fait comme les mecs, elle boit de la bière… Il faut dire que l’affaire sur laquelle elle travaille est pour le moins délicate.

► C’est qui ?
Louise Mey a 33 ans. Cette jeune auteure, qui démarre dans le monde du polar avec ce premier roman réussi, Les Ravagé(e)s, demeure bien mystérieuse. Normal direz-vous pour quelqu’un qui écrit du thriller. Mais quand même… A part son âge et le fait qu’elle a grandi et qu’elle habite Paris, rien. Nada. Pour vivre heureuse vivons cachée ? Peut-être. Ha si, elle a dévoilé une petite facette de sa personnalité lors d’une interview sur un blog, dans laquelle elle avoue détester les pédiluves à la piscine et ne pas savoir faire les omelettes… Avec ça, on est bien avancés… Une chose est sûre, elle écrit et prépare déjà un second roman qui devrait paraître l’an prochain.

► Ça parle de quoi ?
Le quotidien de la brigade dans laquelle travaille Alex, qui fait équipe notamment avec Marco, est des plus sordides. Il faut dire qu’elle traite des crimes et délits sexuels dans un commissariat du nord de Paris. Entre les patrons adeptes de la promotion canapé avec leurs secrétaires, les jeunes femmes violées et tout ce que la capitale peut compter de détraqués niveau sexe, elle en voit passer et elle doit en traiter des affaires difficiles. Quand deux cas un peu plus particuliers que les autres atterrissent sur son bureau, elle va en faire un défi tout personnel. Car si plus de 99 % des viols commis le sont sur des femmes, une infime partie l’est sur des hommes. Et ces derniers, par honte, honneur ou on ne sait quoi, refusent catégoriquement de porter plainte et de parler. Difficile dans ce cas de trouver les coupables…

► Pourquoi on aime ?
Pour un premier roman, choisir la thématique des violences sexuelles est plutôt osé. Louise Mey s’en sort à merveille, grâce à une galerie de personnages attachants, dont la flic Alex, son adjoint Marco mais aussi le commissaire Blondeau et tout le reste de l’équipe. C’est une flic de base Alex, comme on pourrait en croiser dans la rue. Elle est divorcée, élève seule comme elle peut sa fille une semaine sur deux, picole un peu. Quant à l’intrigue, originale, elle est aussi très bien documentée, ce qui ne gâche rien. Et l’idée géniale de l’auteure a été de retourner la situation, avec ces hommes victimes de viol. Des faits rares mais bien réels. Pour un roman qui se lit d’une traite et qui montre cruellement bien le quotidien d’une équipe de flics empêtrés dans une enquête difficile. A part quelques longueurs, le rythme est assez soutenu, et, cerise sur le gâteau, quelques pointes d’humour bien senties permettent au lecteur de sourire quelque peu dans ce monde de brutes. Une vraie réussite.

>> Les Ravagé(e)s, de Louise Mey. Editions Fleuve noir, 432 pages, 19,90 €
 


La rédaction de TF1info

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