Mais que s’est-il réellement passé le soir de la finale France-Brésil en 1998 ?

Publié le 21 avril 2016 à 16h55
Mais que s’est-il réellement passé le soir de la finale France-Brésil en 1998 ?

NOIR, C’EST NOIR – Le crime vous passionne ? Chaque semaine, retrouvez le coup de cœur de Marc Fernandez, notre expert du roman policier. Aujourd'hui : "Ce qu’il nous faut c’est un mort", de Hervé Commère (Fleuve Noir).

Le 12 juillet 1998. Une date historique. Ceux qui l’ont vécu se souviennent parfaitement de ce qu’ils ont fait. Ce soir-là, la France remporte la Coupe du monde de football en battant, en écrasant, le Brésil 3 à 0. La fête. Le pays tout entier en liesse, l’avènement du Black-Blanc-Beur, qui ne durera que le temps d’un match… Hervé Commère débute son roman ce soir-là. "I will survive", chantait la France entière. Ses personnages aussi. Ce qu’ils ne savent pas, c’est à quel prix ils vont survivre… Ce qu’il nous faut c’est un mort (éditions Fleuve noir) nous parle donc de survie. Mais aussi de destins croisés. De femmes et d’hommes aux nombreux points communs, sur fond de crise économique et d’usine qui risque de fermer, de chômage, de délocalisation, de capitalisme sauvage. Et surtout, de la vie, malgré son titre…

► C’est qui ?
Né le 16 octobre 1974 près de Rouen, le normand Hervé Commère commence à se faire un nom et une place bien au chaud dans le monde du polar français. Il faut dire que l’ancien étudiant en lettres modernes devenu patron de bar (il en a eu deux dans une autre vie, dont un à Rennes) en est déjà à son cinquième roman. Celui qui travaille aujourd’hui dans une librairie parisienne, a publié J’attraperai ta mort en 2009, puis Les ronds dans l’eau (2011), Le Deuxième homme (2012), Imagine le reste (2014) et, il y a quelques semaines, Ce qu’il nous faut c’est un mort. Tous ses titres sont parus au Fleuve noir. Il a reçu le prix Plume de Cristal du Festival international du film policier de Liège en 2014 pour Imagine le reste et le Prix marseillais du polar en 2001 pour ses Ronds dans l’eau.

► Ça parle de quoi ?
Nous sommes donc ce fameux 12 juillet 98. Une nuit de folie partout en France. C’est là que va se nouer le destin de plusieurs personnes. En Normandie d’abord, à Vrainville, il y a Vincent, Patrick et Maxime. Les trois amis d’enfance rentrent de boîte en voiture. Ils percutent une jeune fille qu’ils laissent pour morte sur la route et s’enfuient. Elle vivra mais sera dans un fauteuil pour le restant de ses jours. A Nancy, Marie va croiser la route d’un violeur en série. Elle subira ses assauts durant de nombreuses heures et en sera changée à tout jamais. En banlieue parisienne, William va faire la connaissance de celle qui deviendra sa femme. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que tous vont se retrouver dix-huit ans plus tard dans ce village si particulier de Vainvrille, berceau des Ateliers Cybelle. Cette usine qui fait vivre tous les habitants d’ici et des alentours, créée par Gaston Lecourt au début du XXe siècle, est en passe d’être vendue à un fonds de pension. Dans l’indifférence générale. "Ce qu’il nous faut, c’est un mort", se disent les ouvrières et les syndicalistes. Ils vont être servis...

► Pourquoi on aime ?
Hervé Commère signe ici son meilleur roman. Pas de doute. Il progresse à chaque publication, mais ici, il franchit un cap important dans sa vie d’auteur. Ce véritable roman noir social est si juste, si finement construit, les personnages si bien campés et l’intrigue si bien menée, qu’on en est bluffé. Il parvient comme personne à jouer avec les temps de la narration, une fois le passé, une fois le présent. Il porte un regard acéré sur le monde d’aujourd’hui, la violence du capitalisme, ce qu’une fermeture d’usine peut engendrer comme dégâts. Bien sûr, il y a un mort. Mais aussi beaucoup de blessés. Physiques et dans les têtes. Ses descriptions sont précises mais ne ralentissent en rien le rythme de l’histoire. Hervé Commère est un formidable conteur, doublé d’un observateur du monde aguerri. Que demande le peuple ?

>> Ce qu’il nous faut c’est un mort, de Hervé Commère. Éditions Fleuve noir, 399 pages, 19,90 €

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La rédaction de TF1info

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