"Des sévices et des humiliations d’une rare violence" : Alexandre Moix, le frère de Yann, l'accuse d'être son "bourreau"

Publié le 25 août 2019 à 19h13
"Des sévices et des humiliations d’une rare violence" : Alexandre Moix, le frère de Yann, l'accuse d'être son "bourreau"

RIPOSTE - Dans un long texte publié ce dimanche par "Le Parisien", Alexandre, le frère de Yann Moix, donne sa version des faits relatés dans "Orléans", le roman où l’écrivain polémique accuse ses parents de l’avoir battu. Il affirme au contraire que c’était l’écrivain le bourreau … et lui la victime.

C’est un rebondissement surprenant dans ce qui est d’ores et déjà LE scandale de la rentrée littéraire française. Dans un long texte publié par "Le Parisien", ce dimanche, Alexandre Moix, le frère cadet de Yann, accuse l’écrivain de travestir la réalité dans "Orléans", son roman autobiographique qui vient de paraître chez Grasset. "J’ai subi vingt ans durant des sévices et des humiliations d’une rare violence de sa part. Ceux-là mêmes qu’il décrit dans son roman en les prêtant à nos parents", affirme-t-il. "Dans sa vie, mon frère n'a que deux obsessions : obtenir le prix Goncourt et m'annihiler. Me nier, m'éliminer, me rayer de la carte."

Dans "Orléans", qu’il décrit lui-même comme "un roman d’humiliation", Yann Moix décrit son enfance au quotidien dans la maison familiale où il se réfugie dans la littérature pour échapper à la violence de ses parents. Bien souvent sans raison, son père est accusé de lui infliger des coups de rallonge électrique, déchire ses livres, l’abandonne la nuit en pleine forêt, lui badigeonne le visage de ses propres excréments lorsqu’il ne les lui sert pas dans son assiette... Sa mère, elle, est accusée de collaborer avec "la Kommandantur", exagérant les bêtises d’un fils dont elle aurait toujours souhaité la mort.

Je me souviens comme si c'était hier de ce jour où, m'attrapant violemment la main, il me la coinça de toutes ses forces entre les persiennes métalliques de notre chambre et les referma sur mes phalanges. La douleur fut si intense que j'en tombais dans les pommes. Le lendemain, j'avais perdu tous les ongles. J'avais 10 ans.
Alexandre Moix, dans "Le Parisien"

Alexandre Moix, quatre ans plus jeune que Yann, n’apparaît jamais dans "Orléans". Comme s’il n’existait pas. POurtant, ce que le cadet reproche à l'aîné est terrible : "Tentative de défenestration du premier étage et de noyade dans la cuvette des toilettes quand j'avais 2 ans, passages à tabac récurrents dès que nos parents s'absentaient, destruction systématique de mes nouveaux jouets, jeux, maquettes, matériel de sport, souillage et appropriation de mes livres."

"Je ne compte plus les matins où, pris d'une colère terrible, aussi soudaine qu'incontrôlable, il envoyait valser, sans autre raison que ma seule présence, la table du petit-déjeuner à l'autre bout de la cuisine", raconte Alexandre Moix. "Je me souviens comme si c'était hier de ce jour où, m'attrapant violemment la main, il me la coinça de toutes ses forces entre les persiennes métalliques de notre chambre et les referma sur mes phalanges. La douleur fut si intense que j'en tombais dans les pommes. Le lendemain, j'avais perdu tous les ongles. J'avais 10 ans."

Alexandre Moix décrit une haine qui va se prolonger à l’âge adulte, lorsqu’il devient lui-même écrivain pour la jeunesse et réalisateur de documentaires télé. Il raconte les menaces téléphoniques nocturnes dont il aurait fait l’objet de la part d'un aîné qui ne supporterait pas sa concurrence. Il affirme ainsi que que son frère serait parvenu à empêcher la parution de son premier roman, "Second Rôle", en appellant le tout-Paris. "L’éditeur, navré, m’en fit lui-même la confidence", raconte Alexandre Moix dans Le Parisien. "J’apprends, aujourd’hui, car tout finit par se savoir, que mon frère se serait vanté d’avoir également tout fait pour me nuire dans le milieu du cinéma."

On pardonne la folie. Mais pas le révisionnisme ni le mensonge outrancier. Pas plus que l’accaparement de la souffrance infantile quand il s’agit de l’utiliser à des fins purement marketing et commerciales pour vendre coûte que coûte
Alexandre Moix, dans "Le Parisien"

Quelques jours avant la parution de "Orléans", le 21 août, Yann Moix s’était longuement exprimé dans l’émission "Sept à Huit", sur TF1.  Il expliquait être heureux de témoigner au nom des enfants battus qui ne peuvent pas le faire. Une attitude jugée insupportable par son frère.

"Se dressant comme le porte-flambeau de la cause des enfants malheureux, il pose, s’affiche, professe, mais n’écoute pas la souffrance des autres dont il se moque éperdument. Yann vit dans un autre monde : son nombril (…) Petit Prince déchu, Machiavel cynique et névrosé prêt à tout. On pardonne la folie. Mais pas le révisionnisme ni le mensonge outrancier. Pas plus que l’accaparement de la souffrance infantile quand il s’agit de l’utiliser à des fins purement marketing et commerciales pour vendre coûte que coûte."

Ce coup de colère d’Alexandre Moix intervient quelques jours après celui de leur père, José. Après un entretien accordé à La République du Centre, où il niait avoir battu son fils, ce dernier a adressé une lettre au "Nouvel Obs", publiée le 22 août. S'il reconnaît la qualité littéraire d'"Orléans",  il écrit que "contrairement à ce que Yann prétend, les sanctions n'arrivaient pas sans raison". Et qu'elles étaient en général liées à son attitude envers son jeune frère. "ll le rabaissait sans cesse, l'humiliait et le rouait de coups dès que nous avions le dos tourné", racontait-il, reconnaissant avoir "probablement mal agi face à l'ampleur des violences qu'il faisait subir à son petit frère".

Yann Moix chez Laurent Ruquier samedi prochain

Reste à savoir jusqu’où ira ce règlement de compte familial en place publique. Yann Moix aura rapidement l'occasion de réagir au texte de son frère puisque le 31 août prochain il sera le premier invité de la nouvelle formule de "On n’est pas couché", le talk-show de Laurent Ruquier dont il a été l’un des chroniqueurs durant trois saisons sur France 2, avec à la clé de multiples polémiques et prises de bec avec les artistes en promotion. Sauf que cette fois, c'est lui qui risque d'être dans le fauteuil de l'accusé.

>> Et aussi dans l'actualité littéraire... 

Lui aussi a été accusé d'avoir pris des libertés avec la réalité. L'écrivain américain James Frey est l'invité du podcast littéraire Les Gens Qui Lisent Sont Plus Heureux à l'occasion de la sortie en France de "Katrina", son nouveau roman (Flammarion). Pour écouter son entretien en intégralité, c'est par ici : 

Pour retrouver tous les épisodes de notre podcast littéraire, "Les Gens Qui Lisent Sont Plus Heureux", c'est par ici !


Jérôme VERMELIN

Tout
TF1 Info