MEDIAS – Après l'annonce de la fermeture de la rédaction le 20 juillet, les salariés de BuzzFeed France ne désarment pas. Et ont entamé lundi 25 juin une grève illimitée, afin de protester contre leur licenciement.
On ne baisse pas les armes. Un peu plus de deux semaines après l'annonce "brutale" de la fermeture de la branche France du groupe, entraînant le licenciement des 14 salariés, les employés de BuzzFeed France ont entamé leur "grève illimitée", lundi 25 juin, comme ils l'avaient annoncé Le Figaro. L'objectif pour les journalistes : mettre la pression sur le groupe, alors que la justice se penchera sur leur demande de suspension de la fermeture annoncé le 7 juin. Ils sont accompagnés pour cela par l'avocat spécialisé en droit social Thomas Hollande.
Les salariés de BuzzFeed France se mettent en grève. Passage devant la justice lundi. https://t.co/8qwOpIz8Ui via @Le_Figaro — David Perrotin (@davidperrotin) 22 juin 2018
En assemblée générale, l'intégralité de la rédaction a voté pour "une grève illimitée à partir du 25 juin", dénonçant "la brutalité injustifiée" de l'annonce, indiquent les journalistes dans un communiqué publié vendredi 22 juin. "La France ne sont pas les Etats-Unis. On ne peut pas fermer un média en claquant des doigts", poursuivent les employés dans le communiqué, demandant par ailleurs "de connaître les véritables raisons de la fermeture, dans le cadre d'un véritable dialogue avec la direction de BuzzFeed, de dignes mesures de soutien pour les employés licenciés et des indemnités pour le préjudice moral causé par la perte soudaine et inattendue de leur emploi".
All @BuzzFeedFrance staff voted for a strike starting next Monday. Also on Monday, a judge will rule on our demand to suspend the BuzzFeed France projected closure and collective layoff process. pic.twitter.com/VcP2RuWiCW — Jules Darmanin (@JulesDrmnn) 22 juin 2018
Divertissement et 'news'
Le 7 juin, le patron de l'entreprise américaine Scott Lamb s'était rendu en personne dans les locaux parisiens de l'entreprise dans la matinée pour annoncer aux salariés qu'un "projet de transformation de Buzzfeed France avait été engagé". "L'annonce n'a pas été faite sur un ton très positif, nous explique un journaliste de la rédaction. On a appris par d'autres moyens qu'il s'agissait en fait de fermer le site".
"On est tous un peu sous le choc, on ne s'y attendait pas, confie cette même source. On faisait des bons résultats ces derniers mois et on ne s'en sortait pas trop mal".
Décision brutale et complètement inattendue. On sort de quatre super mois en terme de trafic et d’infos. @sayseal avait constitué une équipe géniale, hyper impliquée, des super gratteurs que j’ai adoré diriger. C’est très triste. — Stephane Jourdain (@s_jourdain) 7 juin 2018
Sur Twitter, le rédacteur en chef de Buzzfeed France a évoqué une "décision brutale et complètement inattendue". "On sort de quatre super mois en terme de trafic et d’infos, écrit-il. @sayseal - Cécile Dehesdin - avait constitué une équipe géniale, hyper impliquée, des super gratteurs que j’ai adoré diriger. C’est très triste".
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Selon Le Monde, les dirigeants de Buzzfeed évoquent "la faiblesse des revenus générés et la concurrence présente en France (Konbini, Brut, MinuteBuzz...)" pour justifier la fermeture du site français. Une critique à laquelle les salariés répondent en renvoyant "à l'incompétence du management américain. BuzzFeed n'a jamais eu de régie publicitaire en dépit des nombreuses demandes faites par la rédaction française."
Lancé en novembre 2013, le site de Buzzfeed France, d'abord très axé sur le divertissement, s'était fait remarquer ces derniers mois pour ses enquêtes, révélant notamment des pratiques discriminatoires au restaurant l'Avenue, des cas d'agressions ou de harcèlement sexuel à LCP et à Sud Ouest, ou sur des documents autour de la campagne présidentielle de Marine Le Pen.