MAUVAISE PASSE – Alors que la chaîne d’information i-Télé reprend tout juste le travail, elle vient d’être condamnée pour rupture abusive de contrat avec Eric Zemmour.
I-Télé qui commence tout juste à reprendre du service après un mois de grève, vient d’apprendre une très mauvaise nouvelle. La chaîne du groupe Canal+ a été condamnée à verser 50.000 euros à Eric Zemmour pour "rupture abusive" de contrat fin 2014, selon une décision du tribunal de Grande Instance de Nanterre rendue publique mardi par les avocats du journaliste.
La chaîne d’information du groupe Canal + avait mis fin en 2014 à sa collaboration avec l’éditorialiste mais également à l’émission Ça se dispute, où il débattait depuis les débuts programme en 2003, face à Christophe Barbier puis Nicolas Domenach. La décision de la chaîne faisait suite à plusieurs jours de controverse à propos d’une interview donnée par Eric Zemmour au journal italien Corriere della Sera dans laquelle il évoquait ses positions concernant les musulmans français : "Il y a des millions de personnes qui vivent en France sans vouloir vivre à la française. Les musulmans ont leur propre Code civil : le Coran. Ils vivent entre eux, dans les périphéries. Les Français ont été obligés d'en partir. (…) Je pense que cette situation d'un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile".
Mais ce qui avait véritablement mis le feu aux poudres est la réponse à la question du journaliste qui lui demandait : "Mais alors que suggérez-vous ? Prendre des millions de personnes, les mettre dans des avions pour les chasser ?" Question que le jouraliste avait alors synthétisé dans son papier en parlant de "déporter" 5 millions de musulmans. Ce à quoi Eric Zemmour avait alors répondu : "Je sais, c'est irréaliste, mais l'histoire est surprenante. Qui aurait dit, dans les années 1940, que 1 million de pieds-noirs, vingt ans plus tard, auraient abandonné l'Algérie pour retourner en France ?"
Rupture "abusive et brutale de contrat"
"Le tribunal reconnaît le manquement contractuel d'i-Télé qui a rompu de manière brutale et abusive le contrat", soulignent les avocats d'Eric Zemmour dans un communiqué. "Ce faisant, le Tribunal condamne l'acte de censure exercé par la direction de l'époque d'i-Télé à l'encontre d'Éric Zemmour", poursuivent-ils. Le tribunal a condamné la chaîne d'information à payer 50.000 euros de dommages et intérêts à la société qui gère les intérêts du chroniqueur, et 8.000 euros au titre des frais de justice. Le chroniqueur demandait près de 1,9 million d'euros, notamment en raison d'un "préjudice moral" que le tribunal n'a pas reconnu.
Le chroniqueur avait dénoncé "une campagne orchestrée contre sa personne visant à le rayer du paysage audiovisuel français". "En mettant fin au contrat, sans préavis et sans même invoquer un manquement contractuel", i-Télé a commis "une faute engageant sa responsabilité contractuelle à l'égard de la société (d'Eric Zemmour) Rubempré pour rupture brutale et abusive de ce contrat", indique le TGI dans sa décision.
Nouvelle polémique
Condamné pour provocation à la discrimination raciale en 2011, Eric Zemmour est toujours chroniqueur sur RTL et dans l'émission de Paris Première Zemmour et Naulleau. En octobre, la Société des journalistes de RTL a publiquement condamné les propos du polémiste qui a dit "respecter" les jihadistes, ce qui a déclenché l'ouverture d'une enquête du parquet pour apologie du terrorisme.