Patrick Sébastien auréolé d'un Laurier d’interprétation masculine : "Ce prix est un joli pied de nez à France 2"

Publié le 12 février 2019 à 11h02

Source : Audrey and co

INTERVIEW – Il a remporté lundi soir le Laurier d'interprétation masculine pour son rôle d'antiquaire bisexuel dans "Une chance sur six", la fiction de Jacques Malaterre diffusée sur France 2 en janvier 2018. Remercié par la chaîne publique en septembre dernier, Patrick Sébastien savoure cette victoire remise par la profession.

C'est une belle revanche. Patrick Sébastien a reçu ce lundi soir le prix de la meilleure interprétation masculine au cours de la  26e cérémonie des Lauriers de l’Audiovisuel pour le téléfilm "Une chance sur six", diffusé en janvier 2018 sur France 2. Dans cette fiction réalisée par Jacques Malaterre, il incarne un antiquaire bisexuel et manipulateur. Un rôle à contre-emploi pour celui que beaucoup considèrent encore comme un rigolo qui fait tourner les serviettes. 

En compétition  avec Tomer Sisley pour "Les Innocents" sur TF1 et Samuel Theis et Stanislas Nordey pour "Fiertés", sur Arte, Patrick Sébastien obtient la reconnaissance de ses pairs à un moment où il en avait bien besoin. Remercié par France 2 en septembre dernier après 23 ans de bons et loyaux services, le comédien à l'affiche du spectacle "Avant que j'oublie" prouve à ceux qui en doutent encore qu'il est un acteur avec lequel il va falloir compter.

Vous venez de remporter le Laurier du meilleur acteur. Qu’est-ce que ce prix représente pour vous ?

C’est complètement inattendu, je suis très content ! En plus, ça tombe au moment où France 2 me fout dehors et me signifie que je ne pourrai plus faire de téléfilm. C'est magnifique. Je remercie France 2 de m'avoir remercié ! C'est un prix vraiment très symbolique. En plus, il y avait une belle concurrence. 

Vous êtes doublement récompensé, puisque vous êtes également l'auteur d'"Une chance sur six"...

Oui, ce prix me fait aussi très plaisir en tant qu'auteur du téléfilm, qui a très bien marché, comme tous les autres qu'on a fait avec le réalisateur Jacques Malaterre, mon complice qui est un mec formidable. C'est le réalisateur de "L'Odysée de l'espèce", qui avait réuni près de 10 millions de téléspectateurs sur France 3. Et il ose faire des téléfilms avec le mec qui fait tourner les serviettes (rires). 

Toute ma vie je me suis battu contre les a priori. On est dans un pays qui aime bien les étiquettes. Quand t'es une fille avec une jupe courte t'es forcément une pute, alors qu'évidemment c'est pas vrai.
Patrick Sébastien

Le tourneur de serviettes, c'est une image qui vous colle à la peau, alors que dans le téléfilm vous jouez quand même un antiquaire bisexuel machiavélique. Comment l'expliquez-vous ? 

Toute ma vie je me suis battu contre les a priori. On est dans un pays qui aime bien les étiquettes. Quand t'es une fille avec une jupe courte, t'es forcément une pute, alors qu'évidemment c'est pas vrai. Comme le fait que tous les coiffeurs ne sont pas homosexuels. Moi, je ne suis pas juste le mec qui fait tourner les serviettes. On n'est pas fait d'une pièce. Je reste un saltimbanque qui fait des spectacles avec "Les Sardines" mais ça ne m'empêche pas de jouer au théâtre ou dans des fictions et d'écrire. Moi, j'ai une formation de lettres. Ce que j'aime, c'est écrire des scénarios machiavéliques. Acteur c'est un métier de plus, c'est une autre manière de m'exprimer. 

Ce prix vous est remis par un jury de professionnels. C'est une preuve que milieu vous reconnaît, non ? 

Oui et j'en suis complètement étonné, même si Jacques Malaterre trouve ça normal. C'est le troisième téléfilm qu'on tourne ensemble après "Monsieur Max et la rumeur", où je jouais un boucher, et "L'Affaire de maître Lefort", où j'incarnais un avocat au côté d'Eric Dupond-Moretti. On essaie toujours de jouer sur des nuances, c'est ça qui m'intéresse. J'ai plein de scénarios déjà écrits et j'aimerai bien qu'une chaîne me fasse confiance. Je lance un appel ce soir : on a prouvé avec Jacques Malaterre qu'on n'était pas trop mal ! 

Malgré votre popularité et les bonnes audiences, vous avez été remercié en septembre dernier par France 2. Le service public est-il tombé sur la tête ? 

Le problème, c'est qu'on est sur un service public qui fait de la télé selon ses goûts, pas celui du public. Il y a une véritable ségrégation. On dit au public : "Tout cela ce n'est pas pour vous", alors que j'ai 2 millions de personnes qui me suivent régulièrement, ce n'est pas normal. Il y  a un jour où on va finir par s'apercevoir de cette mascarade. Regardez Les Victoires de la musique, c'est les victoires de leur musique. Dans l'avant dernier numéro des "Années bonheur" que j'ai enregistré, il y a à la fois Enrico Macias et Maître Gims. Il y a les petits jeunes d'Ofenbach et Salvatore Adamo : tout le monde y trouve son compte. Moi, ça faisait 23 ans que j'étais là et on m'a viré sans même me parler ou m'envoyer un message. Ce prix est donc un joli pied de nez à France 2. Les gens de métier m'ont fait un beau cadeau et je ne les remercierai jamais assez. Car le seul mal que j'ai fait, c'est de faire bien mon travail et de faire plaisir au public.


Rania HOBALLAH

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