"Le Monde" renouvelle ses excuses après sa Une polémique avec Emmanuel Macron

Publié le 31 décembre 2018 à 15h15, mis à jour le 31 décembre 2018 à 15h20
"Le Monde" renouvelle ses excuses après sa Une polémique avec Emmanuel Macron

LA BOULETTE – Accusé de s'inspirer des codes de l'iconographie nazie pour la Une de son magazine "M", "Le Monde" s'est à nouveau excusé lundi. "Nous avons manqué de discernement dans la validation de cette couverture  qui ne correspondait pas au fond du récit consacré à Emmanuel Macron dans ce  numéro", poursuit le directeur dans ce papier intitulé "Notre erreur et notre  responsabilité".

Maladresse involontaire ou geste intentionnel ? Une chose est sûre : la Une du supplément week-end du "Monde" paru le 29 décembre n'a pas plu à tout le monde. On y découvre un portrait d'Emmanuel Macron en noir et blanc, une image d'une foule en liesse incrustée sur son costume, encadré par un fond rouge et blanc. Pour beaucoup, cette iconographie se rapproche de celle utilisée par les nazis, comme l'ont souligné des nombreux internautes sur les réseaux sociaux. 

"Hâte de comprendre ce qui fonde les références graphiques et iconographiques du 'Monde'. S'il ne peut s'agir de hasard, de quoi s'agit-il alors ? A la recherche du sens perdu", a réagi pour sa part Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale, sur Twitter, photo d'Adolph Hitler à l'appui, suivi de nombre de têtes d'affiche de La République en marche à l'Assemblée nationale et au gouvernement.

"La couverture de M le magazine du Monde datée du samedi 29 décembre a provoqué des réactions critiques de certains de nos lecteurs. Nous présentons nos excuses à ceux qui ont été choqués par des intentions graphiques qui ne correspondent évidemment en rien aux reproches qui nous sont adressés", a réagi le directeur de la rédaction du Monde Luc Bronner. 

Il a toutefois expliqué que les éléments de graphisme utilisés ne faisaient pas référence au nazisme mais "au graphisme des constructivistes russes au début du XXe siècle, lesquels utilisaient le noir et le rouge. La couverture s’inspire par ailleurs de travaux d’artistes, notamment ceux de Lincoln Agnew, qui a réalisé de nombreux sujets graphiques pour M le magazine du Monde", a-t-il poursuivi.

Des explications qui, visiblement, n'ont pas suffit à apaiser les tensions. Ni à convaincre les Internautes, qui se sont empressés de ressortir un montage similaire réalisé par Lincoln Agnew autour d’Adolph Hitler pour le "Harper's Magazine" en juillet 2017. 

Nouvelles excuses lundi : cette publication "était une erreur"

Lundi, Le Monde s'est de nouveau excusé  pour  le "malaise" créé par sa couverture, le directeur du journal estimant  dans un éditorial lundi que "sa publication était une erreur". "Puiser dans le vocabulaire visuel d'un courant esthétique du début du XXe  siècle, le constructivisme, qui a imprégné les représentations des dictatures  qui l'ont suivi, n'était pas un bon choix, puisque cela exposait à ce risque de  confusion. S'inspirer d'un graphiste qui avait déjà utilisé ces codes pour une  illustration sur Hitler ne pouvait qu'accroître ce risque", écrit Jérôme  Fenoglio dans cet éditorial publié en une de l'édition du Monde datée du 1er et  2 janvier.

Opposant notoire d'Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon a également réagi après les excuses du quotidien pour dénoncer une couverture "très choquante". "Cette fois-ci Le Monde présente des excuses pour avoir publié une mise en scène Hitlérienne de Macron. Pour ma part je n'y ai pas eu droit. Pourtant, j'avais été mis en scène dans une série de photos en cours de discours dans un assemblage parallèle à celui que Hitler avait fait réaliser pour lui", a expliqué l'élu des Bouches-du-Rhône sur son compte Facebook. 

"Rappelons que pour avoir publié une première page de "L'Obs" avec une photo de Macron entouré de barbelés le rédacteur en chef avait été viré. Le même sort sera sans doute réservé à l'énergumène qui a approuvé une telle Une qui est en effet très choquante", conclut-il.  Un rappel à relativiser, puisque, si des rumeurs avaient bien fait état de risques pour le directeur de la publication à l'époque, c'est la situation de L'Obs et la mauvaise relation entre une partie des équipes et lui qui l'avait conduit à être remplacé.


Rania HOBALLAH

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