Pourquoi le réalisateur de "Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu ?" boycotte les César

Publié le 28 février 2020 à 17h30, mis à jour le 28 février 2020 à 19h16
Pourquoi le réalisateur de "Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu ?" boycotte les César

COUP DE GUEULE - C’est le plus gros succès en salles de 2019. Alors qu’il s’attendait à recevoir le César du public, décerné pour la troisième année, le réalisateur "Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu ?" Philippe De Chauveron a appris en novembre dernier que le règlement allait changer, sans doute à ses dépens. D’où sa décision de boycotter la cérémonie ce vendredi. Explications.

C’est un trophée mal compris depuis sa création. Et qui pourrait bien disparaître à la faveur de la grande réforme à venir de l’Académie des César. En 2018, Alain Terzian annonçait la naissance d’un César du public, décerné au film ayant réalisé le plus d’entrées en salles au cours de l’année écoulée. Une manière d’adoucir un peu l’image d’une cérémonie souvent taxée d’élitisme par le grand public, tout comme une partie de la profession. 

On se rappelle de Dany Boon, débarquant en 2009 en pantalon de survêtement sur la scène du théâtre du Chatelet après avoir annoncé qu’il allait boycotter la soirée, déçu que "Bienvenue chez les Cht’is" ne soit nommé que dans une catégorie, celle du meilleur scénario original, alors que sa comédie était en train de devenir le plus grand succès français de l’histoire du box-office hexagonal.

"C'est mon smoking des César... quand je l'ai acheté ils m'ont dit, c'est pas la peine qu'on vous vende le bas, vous l'aurez jamais, le César !", déclarait-il, provoquant l’hilarité de la salle. Heureuse coïncidence, c’est le même Dany Boon qui allait remporter le premier César du public en 2018 grâce au carton de "Raid Dingue". 

Dans la salle comme à la télévision aucun suspense : les noms des cinq plus gros succès de l’année sont énumérés avant que l’acteur-réalisateur vienne recevoir son prix des mains de Line Renaud. La salle applaudit mollement. "Je ne vous remercie pas vous, mais je vous aime quand même", balance le Cht’i au public de la salle Pleyel.

Un même sentiment de malaise accompagne la remise du prix du public à Olivier Baroux l’an dernier pour "Les Tuche 3". En larmes, il Comme si le complice du maître de cérémonie Kad Merad n’était pas tout à fait à sa place. Alain Terzian en a-t-il pris acte ?

Toujours est-il qu’à la faveur d’une interview au "Film Français", en novembre dernier, l’ex-futur patron des César annonce que le règlement du trophée du public va être revu. Et il a de quoi surprendre : les cinq plus gros succès de l’année écoulée vont en effet être soumis au suffrage des… 4.313 votants de l’Académie. Les mêmes qui d’ordinaire boudaient les films populaires !

Ce revirement un brin surréaliste n’a pas manqué d’interpeller Philippe de Chauveron, le réalisateur de "Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu ?".  "Cela signifie que le public n’est pas assez intelligent, qu’il n’a pas assez bon goût?", s’est-il insurgé jeudi dans les colonnes du "Parisien".

Cela signifie que le public n’est pas assez intelligent, qu’il n’a pas assez bon goût ?
Philippe de Chauveron, dans "Le Parisien"

Avec l’ancien règlement, Philippe de Chauveron était en effet sûr de remporter le César du public 2020 puisque son film a dominé le box-office français avec 6,7 millions d’entrées.  Avec le nouveau règlement, rien ne dit que les professionnels ne préféreront pas récompenser l’un de ces quatre concurrents : "Nous finirons ensemble" de Guillaume Canet (2,8 millions), "Hors Normes" du duo Nakache-Toledano, (2,1 million), Les Misérables de Ladj Ly (2,1 millions) ou "Au nom de la terre" d’Edouard Bergeon (1,9 millions).

 "Ce nouveau César, c’est un bras d’honneur au public", déplore le cinéaste. "C’est inadmissible de ne pas respecter plus les spectateurs", ajoute celui qui a donc décidé de ne pas assister à la cérémonie, déjà plombée par la démission de son conseil d'administration et les remous de l'affaire Polanski.


Jérôme VERMELIN

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