Pourquoi Reworld Media inquiète les salariés de Mondadori France

Publié le 25 octobre 2018 à 10h48, mis à jour le 25 octobre 2018 à 11h19
Pourquoi Reworld Media inquiète les salariés de Mondadori France
Source : BERTRAND GUAY / AFP

COMBAT – Il y a une semaine, ils manifestaient devant le ministère de la Culture. Les salariés de Mondadori France sont toujours mobilisés pour tenter d'empêcher le rachat du groupe de presse par Reworld Media, aux méthodes contestés. Explications.

La bataille s'annonce longue et difficile. Mais ils ne cèderont pas. Réunis jeudi 18 octobre devant le ministère de la Culture, les salariés de Mondadori France protestaient contre le rachat des magazines du groupe, parmi lesquels "Science & Vie", "Grazia", "Télé Star", "Biba", "Closer"  ou encore "Top Santé" par Reworld Media. Depuis le 27 septembre, le groupe italien Mondadori (propriété de la famille Berlusconi) est en effet entré en discussions exclusives avec Reworld Media pour lui vendre une trentaine de magazines dont il souhaite se débarrasser. Si les négociations aboutissent, Reworld Media deviendrait alors le premier groupe de presse magazine de l’Hexagone. 

Un "drame" pour les 700 titulaires et les 400 pigistes des publications du groupe, qui dénoncent les méthodes sociales de l'entreprise  devenue spécialiste dans le rachat de magazines en difficulté qu'ils accompagnent dans leur mutation digitale. Dans une enquête ultra fouillée, "Libération" détaille les méthodes de Pascal Chevalier et Gautier Normand, les co-fondateurs de Reworld Media. "Le business model du duo est simple : il capitalise sur la notoriété et l’audience de la marque de presse rachetée à vil prix pour s’en servir ensuite comme support publicitaire en France et à l’étranger, d’où vient plus de la moitié des revenus", écrit le quotidien.

D'anciens salariés de Reworld nous ont contactés pour nous mettre en garde sur les méthodes du groupe
Une source anonyme

Réduction drastique des effectifs, externalisation de la production, remplacement des journalistes expérimentés par des débutants… Des méthodes - déjà appliquées à des magazines comme "Marie France", "Auto Moto", "Pariscope" ou" Be" - qui font "peur" aux salariés de Mondadori France. "Il règne un véritable climat d'inquiétude. Beaucoup de personnes refont leur CV et se renseignent pour passer le concours du CAPES", indique à LCI Caroline Lumet, présidente de la société des journalistes de "Grazia".

"D'anciens salariés de Reworld nous ont contactés pour nous mettre en garde sur les méthodes du groupe", nous confie une autre rédactrice qui souhaite rester anonyme. Mensonges, pression sur les journalistes pour qu'ils prennent la clause de cession, articles commandés par la régie publicitaire, "ce n'est plus du journalisme mais du publi-rédactionnel qu'ils demandent. Le but étant de faire plaisir aux annonceurs", poursuit-telle. 

La délégation de l'intersyndicale (CFDT-CGC-CGT-FO-SNJ) reçue au ministère de la Culture la semaine dernière par Fabrice Casadebaig (le sous-directeur de la presse écrite et des métiers de l’information) attend désormais de rencontrer prochainement le nouveau ministre de la Culture Franck Riester. Resté silencieux jusqu'ici, Pascal Chevalier , le président de Reworld Media, a reçu selon nos informations mercredi 24 octobre tous les directeurs des rédactions des différents magazines qu'il convoite pour tenter de les rassurer. Il a notamment expliqué qu'il rachetait une entreprise qui fonctionnait bien et qu'il ne comptait toucher à rien, juste adosser son expertise digitale. Il a également précisé qu'il n'avait pas une vision sur 3 ou 5 mois, mais plutôt sur 3 ou 5 ans. 


Rania HOBALLAH

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