Reprise du tournage des "Mystères de l’amour" : "On court moins de risques que les gens qui vont dans les magasins"

Propos recueillis par Delphine DE FREITAS
Publié le 12 mai 2020 à 13h47, mis à jour le 12 mai 2020 à 14h38

Source : TF1 Info

INTERVIEW - Après deux mois de séparation pour cause de pandémie de coronavirus, Hélène et Nicolas se retrouvent dès ce mercredi 13 mai pour les premières prises de la saison 23 du feuilleton culte de TMC. Son scénariste et producteur, Jean-Luc Azoulay, détaille à LCI les nouvelles règles mises en place sur le plateau.

Le dernier "coupez !" a été lancé le vendredi précédant le confinement. "On venait de finir la saison 22. On devait enchaîner le lundi suivant. Mais on n'a jamais repris", raconte Jean-Luc Azoulay, scénariste et producteur des "Mystères de l'amour". Deux mois plus tard, les équipes de la série diffusée sur TMC sont à nouveau mobilisées pour lancer le tournage de la 23e saison de la série. Depuis lundi, les décorateurs s'affairent pour "arranger les ultimes détails". Ce mercredi 13 mai, les comédiens entrent en scène pour redonner vie à leurs personnages dans des conditions forcément particulières. 

Le producteur de musique et télévision Jean-Luc Azoulay.
Le producteur de musique et télévision Jean-Luc Azoulay. - ©Troisième Œil Productions

"Les Mystères de l’amour" est la première fiction française à reprendre son tournage ce mercredi. Ce n’est pas un peu tôt ?

Non, car on a pris toutes les précautions nécessaires. En amont, on a testé tous les comédiens car ils ne pourront pas avoir de masque pendant les prises. Avec la réalisatrice, la Canadienne Marie-Pascale Laurencelle, on a vu comment faire pour garder les distances de sécurité. On a transposé beaucoup de séquences qui étaient prévues en intérieur en extérieur, les acteurs seront à plus d’un mètre l’un de l’autre. L’équipe technique sera masquée sans arrêt. Il y aura du gel hydroalcoolique, des repas individuels pour chacun, de façon à éviter la cantine. On va aussi faire une prise de température.  Le maquillage sera fait avec toutes les précautions qu’il y a dans les salons de coiffure actuellement. Certaines filles vont se maquiller elles-mêmes. Un médecin sera là les premiers jours pour s’assurer que tout est bien mis en place.

Les personnes sur le plateau seront-elles moins nombreuses qu’avant ?

Non mais elles seront réparties différemment. On va mettre des moniteurs pour que l’équipe puisse suivre ce qui se passe sans être agglutinée à la caméra comme d’habitude. Il n’y aura que deux cadreurs avec les comédiens, éventuellement la réalisatrice. L’ingénieur du son va mettre les micros en place et ensuite partir un peu plus loin pour faire son travail. On a pris vraiment toutes les mesures nécessaires. Je pense qu’on ne court strictement aucun risque, enfin moins que les gens qui vont dans les magasins. 

On n’a mis aucune pression sur personne. Tous les comédiens ont été d’accord pour revenir
Jean-Luc Azoulay

Vous dites avoir fait tester vos comédiens. Le choix de revenir leur a-t-il donc été laissé, pour pouvoir respecter le secret médical ?

Ils ont tous été ravis de revenir sur le plateau et d’être testés. Ça les a rassurés, car tout le monde rêve de faire un test en ce moment. Tout le monde avait envie, même les techniciens. Vous savez, c’est compliqué d’arrêter deux mois dans nos métiers. 

Certains membres de votre équipe vous ont-ils fait part de leurs craintes ?

Dans notre équipe, il n’y a pas trop de peur puisque tout le monde se connaît. Il n’y a vraiment aucune contrainte et on n’a mis aucune pression sur personne. Tous les comédiens ont été d’accord pour revenir. Personne n’a été testé positif, on a de la chance. En revanche, Carole Dechantre (Ingrid) et Frank Delay (Pierre) ont été touchés par le coronavirus tout au début et ont été guéris. Donc ça rassure aussi tout le monde.

Reprendront-ils leur rôle dès cette semaine ?

Carole reprend le tournage cette semaine, en pleine forme. C’est une femme forte ! Frank sera dans la prochaine session car il n’est pas au scénario des trois premiers épisodes. 

On va remplacer les baisers par des regards échangés
Jean-Luc Azoulay

Un producteur de cinéma nous disait : "Les gestes barrières, ça va être compliqué dans les scènes de baisers !". Ça risque de l’être d’autant plus dans une série qui s’appelle "Les Mystères de l’amour"… 

Mais l’amour, ce n’est pas forcément des baisers. C’est des regards, des sentiments, des dialogues. On va remplacer les baisers par des regards échangés. La réalisation va nous aider. Quand on met deux gros plans, on ne voit pas la distance qui sépare les deux personnes. "Les Mystères de l’amour", c’est une série qui est d’abord basée sur les sentiments, donc des mots et des attitudes, et c’est aussi de la comédie. Donc ça ne pose pas de problèmes fondamentaux.

L’intrigue de cette saison 23 démarrera dans un monde post-pandémie. Un internaute sur Twitter a écrit que "vous aviez dû avoir des sacrées nouvelles idées en deux mois". Que réservez-vous aux téléspectateurs ?

Plein de choses ! C’est vrai que ce confinement m’a permis d’écrire plus calmement, à tête reposée, et de trouver beaucoup de nouvelles intrigues. Il va y avoir des histoires d’amour, des complots… Je ne peux pas vous en dire plus mais je pense que cette saison va être plus riche que les précédentes. Il va y avoir beaucoup d’évolutions de sentiments. Le couple Hélène-Nicolas va être en danger. Habituellement, on tourne trois épisodes de 52 minutes chacun en six jours. On est diffusé jusqu’au 5 juillet avec un épisode inédit chaque dimanche, car normalement TMC passe en grille d’été ensuite. Nous devrions reprendre la diffusion ensuite le 23 août, avec à nouveau deux épisodes inédits. 

On filmait un épisode de "Camping Paradis" à la montagne quand le confinement a été décidé. On ne pourra pas le poursuivre avant la fin de l’année, on attend la neige !
Jean-Luc Azoulay

Le premier épisode tourné après le confinement sera diffusé le 7 juin, sans aucune rupture de diffusion. L’impact sur votre société de production a-t-il été aussi neutre que celui sur les fans du programme ?

C’est forcément un impact financier important puisque c’est compliqué quand des productions s’arrêtent sans qu’on ne puisse rien faire. On a des films qui se sont arrêtés en cours de route, comme un unitaire avec Alice Taglioni, un épisode de la série "Alexandra Ehle". La perte est forcément importante car une société de production qui ne produit et continue à avoir des salariés est forcément une société qui perd de l’argent. D’autant plus qu’on a compensé le salaire de tous nos salariés pendant toute la période de confinement. On est en train de voir ce qu'on a perdu, de faire des dossiers pour pouvoir demander une aide.

Qu’en est-il de la reprise de "Camping Paradis", que vous produisez également pour TF1 ?

On filmait un épisode à la montagne quand le confinement a été décidé. On ne pourra pas le poursuivre avant la fin de l’année, on attend la neige ! A partir de mi-juin, on devrait pouvoir reprendre les tournages classiques. On est en train de travailler sur les décors, sur les autorisations parce qu'il faut que ça ait l’air de vacances. "Les Mystères de l’amour",  c’est du sentiment donc je peux m’arranger sur le scénario. Mais on ne peut pas faire un camping désert ! Je suis un optimiste. Je suis un fan du professeur Raoult, je n’ai pas honte de le dire. Je pense que toute épidémie a un début et une fin, et que celle-ci aura la sienne j’espère très bientôt.


Propos recueillis par Delphine DE FREITAS

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