À quoi sert donc le mercato d'hiver ?

par Hamza HIZZIR
Publié le 5 janvier 2015 à 15h10
À quoi sert donc le mercato d'hiver ?

TRANSFERTS - Pourquoi un mercato d'hiver en plus de celui d'été ? Quel intérêt pour les clubs ? Et pour les joueurs ? Metronews vous explique.

Le mercato ne laisse personne indifférent. Soit il fait office de substitut durant la trêve pour les footeux en manque de matches, soit il agace parce qu'il véhicule fatalement son lot de bruits de couloir plus ou moins crédibles, en fonction des intérêts des agents ou des médias en mal de buzz. Dans tous les cas, c'est sur le marché des transferts et ses transactions que repose l'économie du sport roi, bien au-delà des droits télé et du sponsoring. Mais il convient de bien distinguer le mercato estival de son petit frère hivernal, dont l'édition 2015 s'est ouverte le 3 janvier pour se fermer le 4 février. Ce dernier survient en effet en cours de saison, alors que les effectifs ont déjà été pensés en amont et que les compétitions nationales battent leur plein. À quoi sert-il, au juste ?

Pour les clubs
Ce mercato-là ne dure qu'un mois et correspond à des besoins plus immédiats qu'en été. Dit autrement : il s'agit d'effectuer des retouches correspondant à des pépins imprévus. Prenons le cas de Liverpool qui, cet été, avait sciemment prêté sa nouvelle recrue Divock Origi au LOSC, son club d'origine, et qui cherche maintenant à le récupérer en gonflant la note initiale (de 13 à 19 millions d'euros d'indemnités de transfert). En l'occurrence, il s'agit de corriger un recrutement estival raté (Mario Balotelli acheté 22 millions... pour finalement cirer le banc) .

Autre exemple très concret : Manchester City, actuel co-leader de Premier League, cherche un nouvel attaquant malgré un effectif déjà pléthorique à ce poste. Pourquoi cela ? Parce que son leader offensif, Sergio Agüero, blessé, manquera durant au moins six semaines. D'autres clubs, comme Bordeaux, s'apprêtent à perdre six joueurs durant la Coupe d'Afrique des Nations, qui se tiendra du 17 janvier au 8 février. Et prospectent donc pour compenser ces départs, seulement officialisés durant la première partie de saison, au moment où les éliminatoires ont pris fin.

Notons toutefois que des contraintes existent. Le règlement de la FIFA interdit à un joueur d'évoluer dans trois clubs différents durant une même saison. Ce qui empêche concrètement un club de recruter un joueur transféré dans la deuxième quinzaine d'août de l'été précédent. Car s'il a disputé quelques matches du Championnat actuel avant de migrer, il se retrouve ainsi bloqué.

De la même manière, un joueur ayant déjà évolué sous les couleurs d'un club en Coupe d'Europe ne peut pas le faire sous un autre maillot la même année. Ce qui limite fortement les possibilité d'une grosse écurie engagée en Ligue des champions et désireuse d'attirer un cador dans ses filets en cours de saison. Car si celui-ci ne peut pas jouer de compétition continentale, la plus lucrative, à quoi bon investir massivement ? Sauf à anticiper la saison suivante en gagnant du temps sur l'acclimatation d'un joueur à un nouveau pays.

Pour les joueurs
À cette période, il s'agit surtout pour eux d'aller chercher plus de temps de jeu ailleurs. Un joueur titulaire en sélection et en passe d'y perdre sa place parce qu'il ne dispute pas assez de matches en club sera le premier concerné. D'autres, bien que titulaires, peuvent plus simplement chercher un environnement plus favorable pour se relancer et retrouver la flamme. Cet hiver, c'est Thiago Motta qui demande à quitter Paris parce qu'il ne se sent pas assez considéré.

Il y a aussi les équipes en crise qui changent d'entraîneur en cours de saison. Et, dans ce cas-là, une recrue estivale désirée par le coach précédent peut se retrouver sur le banc du jour au lendemain. Le nouveau technicien peut alors décider de ne pas la retenir pour s'éviter une crise de nerfs dans le vestiaire, ce qui ira bien au joueur, qui pense surtout à jouer (forcément), même ailleurs que prévu.

Enfin, il ne faut pas perdre de vue un caractère essentiel : le contrat. Celui-ci prend fin à la fin d'une saison et si le footballeur n'a pas signé de prolongation avant, il est libre de s'engager gratuitement dès janvier dans le club de son choix en vue de la saison suivante. Un manque à gagner auquel veulent très rarement se résoudre les employeurs, surtout si le joueur leur avait coûté un rein initialement. Typiquement, c'est ce qu'il pourrait se passer cette année à Marseille, où Gignac est en fin de bail et pourrait prolonger dans le seul but que l'OM touche un peu d'argent sur sa vente l'été suivant, après avoir déboursé 18 millions d'euros pour l'acheter en 2010. Autrement, il faut vendre dès janvier pour récupérer un peu de cash dans l'urgence. Quitte à affaiblir son équipe.


Hamza HIZZIR

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