Mercato : Dario Benedetto, le "grantatakan" que l'OM attendait ?

Publié le 6 août 2019 à 17h17, mis à jour le 7 août 2019 à 13h21

Source : Sujet TF1 Info

PRESSION - L'OM tient son nouveau buteur. Le club phocéen a officialisé lundi 5 août la signature de l'attaquant argentin, Dario Benedetto. L'ancien joueur de Boca Juniors arrive avec la mission de devenir le "grantatakan" tant attendu par le peuple olympien. Mais son transfert à Marseille suscite surtout des doutes qu'il va rapidement devoir effacer.

À Marseille, c'est le marronnier de l'ère McCourt. Depuis le rachat du club par l'homme d'affaires américain à l'automne 2016, l'OM est en quête d'un buteur de classe mondiale, capable de mener sa ligne d'attaque et d'enflammer le Vélodrome. Promis et annoncé aux supporters depuis l'été 2017, le "grantatakan" - terme apparu sur les réseaux sociaux pour moquer le recrutement de Kostas Mitroglou alors qu'un joueur au pedigree plus épais était supposé arriver - échappe aux dirigeants phocéens. Limité dans ses recherches par le couperet du fair-play financier, l'état-major marseillais se heurte à un principe de réalité. En trois ans, l'OM a beaucoup tenté (Olivier Giroud, Fernando Llorente, Mario Balotelli, qui a finalement signé pour six mois l'hiver dernier), en vain, et s'est agité dans l'urgence, trop souvent à tort.

Après de longs mois de galère au poste de numéro 9, entrecoupés par la courte pige de Balotelli l'hiver dernier, le peuple marseillais scrutait l'annonce possible de l'attaquant tant espéré. L'OM a mis fin à l'attente, lundi 5 août, en jetant son dévolu sur Dario Benedetto. L'attaquant argentin, recruté à Boca Juniors pour 14 millions d'euros, une indemnité moins élevée que la clause libératoire fixée à 21 millions d'euros, s'est engagé pour les quatre prochaines saisons avec le club phocéen. Mais, à 29 ans, son arrivée sur la Canebière interroge : peut-il être le "grantatakan" que Marseille attend depuis tout ces années ?

Un pari (presque) assumé

De l'avis d'André Villas-Boas, le coach olympien qui en avait fait sa priorité après être tombé sous son charme, "Pipa" a le profil pour le devenir. "C'est un attaquant varié dans ses mouvements, très bon entre les lignes, capable de faire des passes décisives et de marquer des buts", a expliqué l'entraîneur spécialiste du football sud-américain, lors de l'officialisation du transfert de Benedetto. "Sa capacité à finir et à jouer avec le collectif, ce sont les principales raisons pour lesquelles nous avons choisi Dario." "Benedetto est un buteur, capable de produire du jeu d'attaque. Il est capable de jouer à deux devant. Il a un bon tir, une bonne vitesse d'enchaînement. Il aime jouer avec les autres, faire jouer ses coéquipiers", a surenchéri le directeur sportif, Andoni Zubizaretta. "C'est un joueur qui supporte la pression. L'OM, ça ressemble à Boca Juniors."

Pourtant, malgré cette confiance affichée dans le numéro 9, difficile de voir en Dario Benedetto plus qu'un coup de poker. D'ailleurs, c'est l'impression générale qui en ressort. Avec la conjoncture actuelle du marché, les écueils du fair-play financier et une attractivité plombée par l'absence de compétition européenne à jouer, trouver un attaquant de pointe à moins de 20 millions d'euros était inespéré pour l'OM. Refroidie par l'expérience Mitroglou, la direction a préféré éviter une présentation en grandes pompes au Vélodrome, alors même que "Pipa" était dans les tribunes pour le dernier amical face à Naples (0-1) la veille. 

Une blessure et des doutes légitimes

De nombreuses inconnues entourent logiquement son arrivée sur la Canebière. S'il est habitué à jouer dans les chaudes ambiances, lui qui a foulé la Bombonera, l'antre volcanique de Boca, et sait comment gagner - il compte à son palmarès deux championnats d'Argentine et deux Ligue des champions de la Concacaf au Mexique -, il n'a, à 29 ans, jamais évolué en Europe. Pourquoi ce joueur, considéré comme un "crack" sur le continent sud-américain, n'a-t-il pas fait le grand saut avant ? La question de son adaptation se pose aussi. Va-t-il se faire à la vie à Marseille, à un football différent et à une nouvelle langue ? La mémoire du Vélodrome regorge d'exemples de joueurs argentins ayant connu de grandes difficultés à s'adapter au climat local, que les exceptions notables Gabi Heinze ou Lucho Gonzalez ne viennent pas atténuer.

Outre le fait qu'il soit blessé, et qu'il va manquer la fin de la préparation estivale, c'est l'état général de forme de l'Argentin qui inquiète. En trois ans, il n'a participé qu'à 63 matches, la faute principalement à une rupture du ligament croisé en novembre 2017. Depuis cette grave blessure, qui l'a mis sur la touche pendant 222 jours, il n'a plus disputé une saison complète. Cela a indubitablement joué sur ses performances. Redoutable renard des surfaces lors de la saison 2016-2017 avec 24 buts en 28 rencontres, il n'est jamais parvenu à redevenir le joueur qu'il était après l'opération. La saison passée, Dario Benedetto n'a marqué que 6 buts en 26 matches, ce qui lui a valu de perdre sa place dans le onze de Boca. Ce n'est donc pas au top de sa forme qu'il se débarque à Marseille, où il a été recruté pour donner des résultats tout de suite.

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Mais Benedetto n'est pas du genre à reculer devant l'obstacle. Il sait qu'il en faut peu pour mettre le Vélodrome dans sa poche. Avec sa grinta et son esprit de guerrier, l'Argentin est encore capable de faire trembler les filets à la moindre occasion. Son côté tueur - un but en moyenne tous les deux matches depuis 2013 (88 réalisations en 174 rencontres) - avait d'ailleurs rejailli aux yeux du monde avec ses deux buts marqués lors de la finale de la Copa Libertadores perdue en décembre 2018 par Boca face à l'ennemi River Plate. À lui de montrer qu'il est toujours ce "grantatakan" et non pas un autre flop "à la Mitroglou".


Yohan ROBLIN

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