"25", la critique : Adele joue la sécurité... mais c'est quand même très beau

Publié le 19 novembre 2015 à 18h53
"25", la critique : Adele joue la sécurité... mais c'est quand même très beau

SUPER DIVA - Disponible ce vendredi, "25" devrait rapidement s'installer en tête des ventes. Mais que vaut vraiment le 3e opus tant attendu d'Adele ? La chanteuse britannique a beau s'être entourée d'une armée de compositeurs et producteurs à la mode, c'est sa voix, impériale, qui reste son plus bel atout. Pour les surprises, en revanche, il faudra repasser.

Quitte à décevoir d'emblée, avouons-le tout de suite. Après plusieurs écoutes attentives, aucun autre morceau de 25 n'atteint la puissance, l'évidence émotionnelle de "Hello", le premier single dévoilé fin octobre. Ce qui ne veut pas dire que le 3e album d'Adele est raté, loin de là. Mais peut-être l'attente est-elle trop grande, insurmontable. Injuste. Seulement après le triomphe historique de 21 et de ses tubes magiques – "Rolling in the Deep", "Someone Like You", "Turning Tables", "Set Fire to The Rain", pour ne citer qu'eux – la chanteuse britannique a placé la barre haut. Très haut. Ne parlons même pas de l'incroyable "Skyfall", le générique du James Bond du même nom qui lui a valu un Oscar.

Si 25 fait débat, c'est surtout parce qu'il est sans surprise. Il y a des refrains puissants, avec des cordes et des chœurs à gogo, de petites touches de country et de rock, de grandes envolées mélancoliques et des ballades piano-voix intimistes. Bref tout ce qui a fait le succès de 21. A croire qu'Adele a moins fait appel à une armada de compositeurs expérimentés pour creuser de nouveaux sillons musicaux que pour s'éviter l'accident industriel. Qu'elle se rassure : cette nouvelle collection de chansons va squatter la première place des charts du monde entier pendant quelques mois, au moins. Pour le reste...

Une maman heureuse et une femme épanouie

Après l'incontournable "Hello", qui colle quand même la chair de poule à chaque écoute, 25 se poursuit avec "Send My Love (To Your New Lover)", un mid-tempo au refrain pétillant sur lequel Adele fait ses adieux à un ancien fiancé recasé. "We both know we ain't kids no more", constate la chanteuse, devenue maman depuis la sortie de son dernier album. Une maman et une femme qui susurre des mots doux à nouveau compagnon sur "I Miss You", un morceau atypique qui s'ouvre sur une batterie monumentale, "à la In the Air Tonight". "I wanna teach you things you never knew, ooh baby". "We play so dirty in the dark, Harder baby, harder baby". On a peut-être trouvé la BO de la suite de 50 Nuances de Grey...

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Si "Hello" a un rival potentiel, c'est "When We Were Young". Comme par hasard le deuxième morceau dévoilé avant la sortie de l'album. Cette mélopée seventies, qui monte en puissance au fil des secondes, a été écrite par le jeune songwriter américain Tobias Jesso Jr., dont Adele a craqué pour le premier album, Goon, paru en début d'année. C'est le moins connu des auteurs de 25. Et c'est peut-être le plus adapté à la chanteuse, celui qui lui permet de réaliser le genre de rollercoaster émotionnel qu'on attend d'elle. Avec les chœurs gospel en prime sur la fin, c'est juste beau. Très beau.

C'est quand elle fait pleurer qu'on la préfère

Vient ensuite "Remedy", une ballade au piano composée par Ryan Tedder de OneRepublic. Elle est simple, sans artifice. Mais la ressemblance avec "Someone Like You" ne joue pas en sa faveur. Plus enlevé, "Water Under The Bridge" est parcouru par un charmant riff de guitare et des percussions sensuelles qui laissent la place à la cavalerie – batterie surpuissante, chœurs surmultipliés – sur le refrain un peu trop "gonflé" pour vraiment séduire. Mitonné par Brian Burton, alias Danger Mouse, River Lea souffre de la même overdose d'effets sonores, venant au secours d'une mélodie assez quelconque.

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Adele a beau varier les plaisirs, c'est quand elle fait pleurer qu'elle est la plus convaincante. Avec ses violons en cascade, son piano crescendo "à la Skyfall", et ses paroles déchirantes, cette love song classieuse dresse le poil comme il faut. Presque autant que "Million Years Ago", ballade acoustique à la Fleetwood Mac où la voix de la chanteuse caresse l'auditeur au creux de l'oreille. On est en revanche moins convaincu par "All I Ask", une ballade jazzy coécrite par Bruno Mars où la chanteuse en fait des caisses, sans doute pour compenser l'absence de refrain vraiment mémorable.

Verdict : bonne performance, mais peut mieux faire

21 s'achevait par "Someone Like You", peut-être la plus belle chanson d'adieux de tous les temps. Plutôt que de tenter le diable, Adele joue la carte inverse : "Sweetest Devotion", célèbre un amour inconditionnel dans une tonalité country gospel qui clôt ce troisième opus sur une note de joie, d'espoir. De paix retrouvée. Avec son album précédent, Adele a côtoyé des sommets que la plupart de ses collègues n'entreverront jamais. Ce nouveau chapitre prouve que son interprète a la tête bien sur les épaules. Et la voix toujours capable de tutoyer les étoiles. La prochaine fois, il faudra aller décrocher la Lune, Miss Adkins. 

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Jérôme VERMELIN

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