"A Head Full of Dreams", la critique : Coldplay, ou la symphonie du bonheur (retrouvé)

Publié le 4 décembre 2015 à 14h51
 "A Head Full of Dreams", la critique : Coldplay, ou la symphonie du bonheur (retrouvé)

ON ADORE – C'est le groupe que la presse branchée adore détester. Mais dont le cercle des fans n'a cessé de s'agrandir au fil de ses évolutions musicales, du rock mélancolique des débuts à la pop flamboyante de la nouvelle décennie. Sur "A Head Full of Dreams", la machine à tubes Coldplay tourne à plein régime. Et on ne va pas bouder notre plaisir...

Si chaque album de Coldplay reflète la vie sentimentale de son chanteur, alors Chris Martin va mieux. Beaucoup mieux. Publié en mai 2014, Ghost Stories puisait dans sa rupture, encore fraiche, avec l’actrice Gwyneth Paltrow, la mère de ses deux enfants. "Always in my head", "True Love", "Another’s Arms"… Rien que les titres des chansons donnaient le ton d’un disque musicalement plus intimiste que ses prédécesseurs, presque modeste dans la forme pour l’un des derniers groupes de rock anglais capable de soulever les stades du monde entier. A Head Full of Dreams, aujourd’hui disponible, en est moins l’antithèse que le cousin joyeux, insouciant, osons même le mot : festif.
 
Le quatuor ouvre le bal avec la chanson qui donne son titre à l’album. Un riff de guitare tournoyant à la U2, une section rythmique bondissante et des chœurs destinés à faire chanter les spectateurs comme une chorale de supporters de foot… Chris Martin (re)voit donc la vie en rose et la musique de Coldplay est dopée à la bonne humeur. Pour les fans du mélancolique Parachutes, il y a 15 ans, c’est insupportable, voire incompréhensible. Pour les autres, infiniment plus nombreux vu les ventes du groupe depuis, c’est l’évolution logique d’une formation qui a depuis bien longtemps décidé de s’affranchir des limites du rock anglais en lorgnant vers les sonorités électroniques et/ou urbaines.

Sentimental et flamboyant

"Birds", par exemple, s'ouvre sur un beat digital qui propulse une mélodie épique, qui lorgne elle aussi sur les classiques de Bono & co. Rien à voir avec "Hymn for the Weekend", une nouvelle incursion dans l'univers du r'nb. Après Rihanna sur "Princess of China", époque Mylo Xyloto, Coldplay s’offre les services de Beyoncé, rien que ça. C'est joyeux, exubérant, à des années lumières de la mélancolie des débuts. "When I was down, when I was hurt. You came to lift me up" (Quand j'étais au plus bas, quand j'étais blessé, tu es arrivée pour me relever), chante Chris Martin. Un clin d'oeil à l'actrice Jennifer Lawrence avec laquelle il a flirté plusieurs mois ?

Ce qui ne veut pas dire que le groupe ne sait plus faire pleurer. Ecoutez ainsi "Afterglow", une chanson de rupture sur lequel Chris Martin, un brin maso, a samplé la voix de Gwyneth Paltrow. Et sur lequel le guitariste Jonny Buckland signe l'un de ses solos les plus déchirants. Album de contrastes, A Head Full of Dreams rebondit avec le riff funky de "Adventure of a Lifetime", le premier single, puis un nouveau duo, "Fun", avec la chanteuse Tove Lo. Paroles nostalgiques et refrain flamboyant, rythmique énorme : un autre tube en puissance. 

Après l'interlude "Kaleidoscope", Coldplay retrouve les accents euphoriques de "Paradise" sur le lumineux "Army of One", à la fin duquel se cache "X Marks the Spot", le titre le plus court et le plus surprenant de l'album. Beat minimaliste, bidouillages synthétiques... une atmosphère futuriste savoureuse avant un retour vers des contrées plus familières avec "Amazing Day", une mélopée aérienne qui culmine jusqu'à un déluge de cordes majestueuses. Après "Color Spectrum", une deuxième interlude, ce 7e opus s'achève sur "Up&Up", une ballade à tiroirs ponctuées par des choeurs gospel de toute beauté.

N'en déplaise aux puristes, Coldplay est, à sa manière, un groupe de pop qui expérimente, à défaut d'être expérimental. Mais qui, sous le vernis d'une production high tech, a conservé les fondamentaux qui ont fait son succès : de vraies, de belles, de grandes mélodies qui font du bien lorsqu'on est mal. Qu'on les fredonne, tout seul, au casque, dans l'intimité. Ou qu'on les hurle à pleins poumons, entouré de dizaines de milliers de fans qui lèvent les bras au ciel. Amen.  

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Jérôme VERMELIN

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