Bat For Lashes : "C’est une erreur de se marier en pensant que quelqu’un d’autre va vous rendre heureux !"

Publié le 9 juillet 2016 à 7h35
Bat For Lashes : "C’est une erreur de se marier en pensant que quelqu’un d’autre va vous rendre heureux !"

INTERVIEW - Quatre après "The Haunted Man", Natasha Khan alias Bat For Lashes, revient cette fois avec un concept-album. Né d’un projet de film, "The Bride" narre l’histoire d’une femme dont le fiancé meurt sur la route de leur mariage. Un disque sombre et épuré enregistré à Woodstock à deux pas du dernier domicile d’un certain David Bowie…

The Bride est un concept-album qui raconte l’histoire d’une jeune femme dont le mari meurt sur le chemin de leur mariage. Qu’en pense votre psy ?
(rires !) Je vous assure, je n’ai pas aucun problème avec l’idée de mariage ! Enfin, ça dépend de ce qu’on met derrière ce mot. Sur une chanson comme "I Do", je parle du mariage en tant que fascination romantique ; quand, à travers une union, on veut faire de l’autre quelqu’un de puissant. Je pense que c’est la mauvaise façon d’aborder le mariage. Mon personnage perd son futur mari mais décide de partir seule en lune de miel. En chemin, elle se rend compte que la seule personne qu’elle peut désormais épouser et aimer, c’est elle-même. Dès lors, elle est prête pour le mariage. Je crois vraiment que c’est une erreur de se marier en pensant que quelqu’un d’autre va vous rendre heureux. Il faut s’aimer soi-même pour pouvoir surmonter les épreuves qu’un mariage implique. 

Ce projet est d’abord né de votre désir de réaliser un long-métrage. Vos envies de cinéma vont-elles vous éloignées de la musique ?
J’ai d’abord écrit le synopsis d’un film intitulé "The Bride". Puis je me suis dit que ça serait bien d’en composer la musique. La musique est mon premier amour. Je jouerais probablement jusqu’à ce que je tombe raide-morte ! (rires) Et si par bonheur je réalise un film, de la musique en découlera sûrement. J’ai fait des études de cinéma, j’ai écrit et co-réalisé toutes les videos de mon dernier album. Quand j’ai parlé de mon projet de film à ma boite de prod, ils m’ont conseillé de d’abord tourner un court-métrage. Mais les trois projets sont reliés pour ne former qu’un seul arc narratif.

Vous avez enregistré l’album à Woodstock, parait-il à deux pas de la maison de David Bowie…
Sa maison était sur la montagne juste à coté de là où nous étions installés. Il était mourant là-bas pendant qu’on enregistrait le disque. Quand on passait en voiture on se disait: "Ici c’est la maison de Jimi Hendrix. Là, celle de David Bowie." Avec tous ces grands esprits, vivants ou morts, qui nous entouraient sur cette terre de tradition musicale, il y avait une atmosphère pleine de soutien. Même si l’album n’a rien à voir avec la musique de Bowie, j’ai ressenti sa présence. C’était agréable car je pense que c’est un exemple parfait d’artiste qui a su créer des mondes. J’ai adoré son dernier album Blackstar. Il a fait de sa mort une oeuvre d’art. Ça me touche car je pense que surmonter la douleur est plus facile quand tu as un exutoire créatif, un langage qui permet de transformer la tristesse en beauté.

Les débats sur le Brexit ont mis à jour le nationalisme au Royaume-uni. Dans une précédente interview, vous expliquiez avoir vous-même été victime de racisme quand vous étiez plus jeune…
Quand j’étais petite, les autres enfants me traitaient parfois de "paki". Ça me faisait un mal fou car je n’avais pas l’impression d’être différente. Mais les enfants sont comme ça. Quand ils ne se focalisent pas sur ta couleur de peau, ils te traitent de "gros", de "rouquins"… Puis quand j’ai grandi, les peaux brunes sont devenues à la mode. L’effet Beyoncé, peut-être… (rires) C’était fascinant de voir ces mêmes gamines anglaises qui petites m’avaient stigmatisées faire des UV pour avoir la peau bronzée. Comme si leur racisme était soudain battu en brèche pour une question de mode.

Mais pensez-vous que le Royaume-uni soit en proie au même mal que la France ?
Je ne peux pas parler au nom d’un pays, seulement mes propres impressions. Je crois qu’en France le racisme est plus extrême qu’au Royaume-uni, non? Personnellement, je me sens citoyenne du monde: j’ai des origines pakistanaises, je suis née et j’ai grandi en Angleterre mais je vis sur cette planète où nous avons tous le droit de vivre. Nous devrions prendre plus soin de ce monde. Nous partageons la même maison, cela fait de nous une famille. Il y a un proverbe de Amérindiens qui dit : "Crois-tu qu’un arbre soit assez stupide pour laisser ses branches se battre les unes contre les autres ?". C’est ma philosophie.

La France vous influence-t-elle culturellement ?
J’adore le film L’Atalante de Jean Vigo, 37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix ou le cinéma de Jean Cocteau. Mais je suis aussi fan de comédie comme Le Diner de Cons.Ce film me fait hurler de rire ! Musicalement, j’adore Christine and the Queens. Je l’ai vu sur scène à Los Angeles, elle est tellement brave ! J’aime aussi les Cocorosie, la chanteuse Camille… Par contre, je dois vous avouer que je n’aime pas trop Serge Gainsbourg. C’est une institution chez vous, non? Ne l’écrivez pas alors, je ne veux pas offenser le pays tout entier ! (rires)

>> The Bride de Bat For Lashes est disponible en cd, vinyl, digital et streaming chez WEA / Warner Music.

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La rédaction de TF1info

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