Calogero : "Je n'ai jamais voulu être une star"

Publié le 21 décembre 2014 à 14h49
Calogero : "Je n'ai jamais voulu être une star"

INTERVIEW - Le prix de l'album RTL de l'année pour "Les feux d'artifice" couronne une année flamboyante pour Calogero. Le chanteur évoque les réactions enthousiastes autour de son sixième album solo, qui représente déjà le plus gros succès de sa carrière.

Après L'embellie en 2009, c'est la deuxième fois que vous remportez le prix de l'album RTL avec Les feux d'artifice. Que vous évoque cette victoire ?
Ce que j'aime, c'est que toutes les générations se retrouvent sur cet album. Ça a commencé avec "Un jour au mauvais endroit" , dont l'écho indique une inquiétude générale. On n'a pas envie que notre jeunesse parte en vrille. Comme je ne donne pas de leçon et que je ne fais qu'un constat, le message est passé plus facilement. Les élèves apprennent la chanson par cœur. C'est pareil avec « Le portrait » qui touche beaucoup les jeunes. Mais je ne veux pas verser dans le mélodrame, c'était important d'avoir aussi des chansons plus joyeuses dans l'album.

Avez-vous l'impression que ce côté engagé a plu ?
Oui, les chansons sont plus précises dans leur engagement, comme l'homosexualité sur « J'ai le droit ». Avant, j'avais des sujets forts, comme sur « Yalla », mais c'était difficile à comprendre tout de suite que je parlais de Sœur Emmanuelle. Pourtant, aux origines de la création de l'album, on me parlait surtout de musique. Mes proches m'ont conseillé de revenir à ce mélange entre rock et chanson française. J'ai vécu avec certaines chansons pendant deux ans, donc je ne me rendais pas compte de leur portée. Mais personne ne peut prévoir un succès comme celui-là.

Avec le succès de cet album, trouvez-vous qu'on vous regarde différemment ?
Ça fait presque 15 ans que je suis en solo et je crois que cet album a fait le lien entre les générations. Je réalise que certaines personnes me connaissaient mal. Malgré le gros succès de mon deuxième et troisième album, mon public n'était pas aussi large que maintenant. Les gens ne mettaient pas un visage sur mon nom. Je m'aperçois que ma silhouette est plus célèbre. C'est pour ça que la pochette des Feux d'artifice me convient très bien. Les gens me connaissent davantage en tant que musicien. Je n'ai jamais voulu être une star, avoir ma gueule en gros plan sur les pochettes.

Malgré la notoriété, vous continuez à vouloir mettre en avant la musique ?
Au contraire, je trouve ça frappant que l'album ait trouvé son public avec cette pochette. Ça montre exactement ce que je veux. La photo s'est faite en deux minutes. C'est une vision du chanteur plus anglo-saxonne. En France, on a besoin d'une identité très visuelle. De toute façon, on m'a toujours dit que j'avais le cul entre deux chaises. Je ne suis pas assez variété et pas assez rock, et les gens ont fini par l'accepter.

"Je n'ai pas éduqué mes filles comme un chanteur"

Vous vous retrouvez dans la jeune génération de chanteurs français ?
Celle que je préfère, c'est Christine & The Queens. Ce sont mes filles qui m'ont fait découvrir ses chansons. J'espère qu'elle ira très loin parce qu'on a besoin de gens comme elle. En plus, elle a l'air gentille. J'aime bien aussi Cats on Trees, Brigitte et Hollysiz. De façon générale, je n'ai aucun mépris pour la chanson française. Même si certains jeunes chanteurs me parlent moins, je les respecte tous parce que c'est un métier difficile. En plus, ceux qui critiquent finissent toujours par se retrouver dans des comédies musicales ou dans des télécrochets.

Que reprochez-vous à ce genre d'émissions ?
Ce que je ne comprends pas, c'est quand on accorde la notoriété trop vite aux jeunes. Je trouve ça grave à une époque où les gamins sont scotchés à leur écran. N'importe quelle téléréalité où on voit des gamins chanter, je trouve ça très dangereux. J'ai regardé "The Voice Kids" et au début, je trouvais ça impressionnant. Mais c'est une connerie, ils feraient mieux d'aller à l'école et de monter un groupe dans le garage de leurs parents. Ça me révolte, la télé n'est pas la place pour les enfants. Je crois qu'on va avoir un retour de bâton qui va être violent.

Comment vos filles jugent-elles la popularité de leur père dans leur collège ?
Elles le sentent, mais je les ai vraiment éduquées comme un père, pas comme un chanteur. Je leur ai toujours dit que j'allais bosser, un peu comme un ouvrier. Je trouve que ça remet les choses à leur place. Je leur explique que faire de la musique demande beaucoup de travail, c'est bien plus difficile que les problèmes de maths ! C'est un kiff, j'adore, mais c'est un boulot de dingue.

Que peut-on imaginer pour la suite ?
Je profite de cette belle tournée, parce que ce que je vis est quand même magnifique. Mais j'aimerais bien collaborer un jour avec un artiste de la nouvelle génération, faire des duos. Je trouve qu'elle est bien plus brillante que celle des années 1980. On se rend bien compte que le disque n'est pas mort aujourd'hui, comme Stromae que je trouve fabuleux. Avec Internet et la crise du disque, on est revenus à l'esprit des années 1970 et les artistes sont obligés de super bien chanter et d'être d'excellents performeurs. Et c'est quelque chose qui me réjouit.


La rédaction de TF1info

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