"Illmatic" : Nas, vingt ans après

Dolores Bakéla
Publié le 7 juillet 2014 à 16h33, mis à jour le 15 mars 2019 à 13h49
"Illmatic" : Nas, vingt ans après

RENCONTRE - Nas était dimanche en France pour jouer Illmatic, son premier opus, sorti il y a vingt ans, dans le cadre du festival Paris Hip-Hop. Avant son concert au Zénith, le rappeur a évoqué la genèse de ce chef d'oeuvre du genre avec son auteur.

Il était une fois un rappeur précoce. Nas, de son vrai nom Nasir Jones, sort à peine de l'adolescence lorsqu'il publie Illmatic, son tout premier album, en 1994. "I never sleep, cause sleep is the cousin of death" (Je ne dors jamais, car le sommeil est le cousin de la mort, ndlr) chante sur l'excellent titre "New York State of Mind" ce fils d'un musicien de jazz et d'une employée de poste, élevé dans le quartier pauvre de Queensbridge, dans la banlieue de New York.

Description réaliste de la vie urbaine, sens de la rime imagée, production savoureuse... Un coup de maître dont son auteur fête actuellement les 20 ans à l'occasion d'une tournée qui passait ce week-end par le Zénith de la capitale, en clôture du festival Paris Hip-Hop. "Je suis heureux, voire chanceux d’avoir fait ce disque à cette époque. Et d'être toujours là pour en parler", confie à metronews ce contemporain de Tupac Shakur et Notorious Big, autres légendes du genre, tombées sous les balles d'une décennie où la violence du rap n'était pas qu'une figure de style.

"J’ai réalisé que j’avais une mission sur terre"

"J’étais un mec de la rue, j’avais vécu pas mal d’histoires. De bonnes aussi. Mais je voulais raconter MON histoire", se souvient Nas. "Le plus difficile, ça a été d’avoir un contrat en maison de disques. Beaucoup ont essayé de me piéger", raconte-t-il. Imprégné par "la culture ‘street’, la mode, pas seulement la musique",  Illmatic fait aujourd'hui l'objet d'un livre et d'un documentaire, Time is Illmatic. Lequel dresse en creux le portrait d'un personnage à part sur la scène hip-hop, dans sa vie comme dans son art. "J'ai toujours lu beaucoup : l’histoire afro-américaine et africaine, la philosophie orientale. J’ai réalisé que j’avais une mission sur terre, qu’être en vie était un miracle."

20 ans et une douzaine d'albums plus tard, Nas a conservé l'enthousiasme juvénile de ses débuts. "Je suis devenu un homme", sourit-il. "Les temps ont changé, j’ai gagné de l’argent, j’ai vu d’autres endroits que New York. La musique est aussi un business et si je peux donner à de jeunes artistes l'opportunité d’être entendu, tant mieux », insiste le rappeur à propos de son label, Mass Appeal. Depuis quelques mois, l'interprète de "The World is Yours" (le monde est à vous - ndlr) est également le parrain d'une bourse d'études à l'université d'Harvard, destinée à de jeunes artistes hip-hop. Classe.


Dolores Bakéla

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