Joe Cocker : "J'aimerais qu'on se souvienne de moi comme d'un type bien qui chantait bien"

par Christophe JOLY
Publié le 22 décembre 2014 à 21h23
Joe Cocker : "J'aimerais qu'on se souvienne de moi comme d'un type bien qui chantait bien"

MUSIQUE - Le chanteur britannique s'est éteint le 22 décembre 2014 à l'âge de 70 ans. A cette occasion, metronews vous propose de relire la dernière interview que cette légende de la musique lui avait accordée. C'était en décembre 2012, alors qu'il venait de publier "Fire it up", 23e et dernier opus d'une carrière riche en tubes et en performances inoubliables.

"Fire it up" n'est pas un album de reprises, contrairement à beaucoup des précédents. Vous en avez marre de chanter les chansons des autres ?
Je n'en ai pas marre, mais je trouve qu'il y a moins de chansons à reprendre. Et j'aime bien en chanter de nouvelles pour garder l'esprit vif. Ceci-dit, le dernier album, Hard Knocks, était aussi composé de chansons originales, celui-ci est donc dans la continuité. Là, j'ai voulu faire un disque de rythm and blues, de soul moderne.

Moderne, c'est-à-dire ?
Oui car avec de l'électronique. Quand on lance un nouvel album on veut le rendre sexy commercialement, s'adapter notamment aux radios, il ne faut pas se mentir. Au final, je pense que c'est un meilleur album que Hard Knocks. Notamment parce que nous avons eu plus de temps, nous avons travaillé dessus de novembre 2011 à mai 2012. Ensuite, j'ai du choisir 14 chansons sur plus de 120…

Un album que vous allez chanter sur scène…
Oui et ça sera ma dernière tournée de cette importance. A 68 ans, c'est éprouvant de tenir deux heures sur scène, d'être à la hauteur. C'est un investissement tellement important. Vous regardez les gens dans les yeux, c'est très émouvant, c'est un voyage dans le temps. Quand vous pensez que j'ai enregistré You are so beautiful en 1974.

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En concert, vous avez une façon très particulière de bouger, d'où ça vient ?
Du fait que j'ai toujours rêvé de jouer de la guitare ou du piano, c'est une grande frustration pour moi. Quand je mime le piano sur You are so beautiful, je ne sais pas vraiment ce que je fais. Mais le groupe regarde très précisément mes gestes, ils comprennent ce que je veux exprimer.

Quel album souhaitez-vous faire maintenant ?
J'ai toujours eu envie de faire un vrai album de blues-soul, avec des chansons peu connues comme celles de Donny Hathaway. Quand j'en parle aux maisons de disques, on me dit que je suis fou. Mais je le ferai un jour. Quitte à le produire moi-même.

Quelle est votre reprise préférée ?
With a little from my friends des Beatles, car cette reprise est unique. Cette chanson est venue à moi, nous sommes rentrés en studio et c'était magique. Au bout de la treizième prise, nous savions tous qu'il s'était passé quelque chose. Mais Ray Charles reste mon mentor.

Vous avez fait beaucoup de duos, avec qui aimeriez chanter aujourd'hui ?
Avec Aretha Franklin. Il y a quinze ans, je lui en ai parlé. Elle m'avait dit 'appelle moi chéri'. Maintenant, quand on veut chanter avec une artiste comme elle, il faut avoir la chanson. Et je ne l'ai toujours pas trouvée. Mais qui sait un jour…

Vous allez fêter vos 50 ans de carrière, quel est votre meilleure période ?
La fin des années 60 et le début des années 70, avant que je ne tombe dans l'alcool et la drogue. La période du Grease band était extraordinaire.

Quel souvenir aimeriez-vous laisser ?
J'aimerais que les gens se souviennent simplement de moi comme d'un type bien qui chantait bien. Je n'ai pas le génie de Bod Dylan. J'aurais tellement adoré écrire avec autant de poésie.

Vous avez dit récemment que vous étiez chanceux, pourquoi ?
Parce que mes chansons traversent les années, ont trouvé le succès. Il est rare de durer aussi longtemps. Je n'ai jamais connu de traversée du désert. Les choses se sont toujours passées simplement.

Les lecteurs d'un magazine anglais, Glam'mag, vous ont élu pour la seconde fois chanteur le plus sexy, une réaction ?
Wouah (rires), ils n'ont pas du penser à moi mais à la chanson de 9 semaines et ½, You can leave your hat on.

Entretien initialement publié le 3 décembre 2012


Christophe JOLY

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