"Miley Cyrus and her dead petz" : la preuve qu'il ne fallait pas la juger trop vite

Publié le 3 septembre 2015 à 15h12
"Miley Cyrus and her dead petz" : la preuve qu'il ne fallait pas la juger trop vite

ON AIME – Présentatrice des MTV Video Music Awards dimanche dernier, la chanteuse américaine a profité de cette exposition médiatique planétaire pour annoncer la sortie, en ligne, d'un nouvel album intitulé "Miley Cyrus and her dead petz". Et figurez-vous qu'il est franchement bon. Voire même surprenant.

Miley Cyrus, c'est qui au juste ? Une ancienne poupée de Disney ? La fille d'une star de la country ? Une nana qui poste des ies obscènes sur Instagram ? Un peu tout ça à la fois. Mais à force de relooking bizarroïdes, de frasques nocturnes et de déclarations choc, on avait presque oublié que c'était avant tout une chanteuse. Dotée d'un chouette grain de voix à vrai dire, grave, un peu rauque, avec cet accent savoureux des gens du Sud. Sur ses quatre premiers albums, enregistrés lorsqu'elle était encore mineure, l'enfant de Nashville oeuvrait dans un registre pop sucrée, sous la houlette d'expérimentés faiseurs de tubes.

Bangerz, en 2013, la voyait bouger les lignes, flirtant avec le hip-hop et l'electro tandis qu'elle bouleversait son look d'enfant sage pour se changer en reine du twerk, fesses à l'air et langue baladeuse qui choquent l'Amérique puritaine en prime time. Au point d'éclipser de belles chansons comme la power ballad "Wrecking Ball" ou la délicate "Adore You" , dédiée à son futur ex-boyfriend, l'acteur Liam Hemsworth. Depuis, Miley a souvent fait la une des magazines. Pour d'autres raisons que son "oeuvre", la plus récente pour révéler qu'elle aime autant les filles que les garçons... et que sa maman très catho l'acceptait comme ça. Ainsi soit-il !

Les Flaming Lips à son chevet ? Un mariage réussi

Cette révolution intime, très mise en scène, s'accompagne aujourd'hui d'une transformation musicale surprenante... et à vrai dire plutôt réussie, à moins d'être d'une mauvaise foi absolue. Faites écouter Miley Cyrus and her dead petz à vos amis sans leur dire qui est la chanteuse. Ils vont adorer. Dîtes-leur de qui il s'agit et regardez leur tête changer d'un seul coup... C'est tout le défi de cette enfant de la balle qui, à 22 ans seulement, a déjà une longue carrière derrière elle. Et semble très bien savoir ce qu'elle veut...

Mis en ligne gratuitement dimanche dernier, cet opus de 23 titres, dont deux interludes, ne se digère pas en une seule écoute. Ni deux. Parce qu'il part un peu dans tous les sens, c'est vrai. Mais surtout parce qu'il ne rentre pas dans les cases de la musique commerciale actuelle. La grande surprise, c'est la présence au générique de Wayne Coyne et ses Flamings Lips, à la fois coauteurs, musiciens et producteurs. Les Flaming Lips, références du rock psychédélique américain depuis trois décennies, au chevet d'une star de la pop ? Un peu comme si chez nous Kendji Girac enregistrait avec Noir Désir...

De la folk, du groove et des étoiles

Improbable sur le papier, l'association, déjà expérimentée l'an dernier sur un album de reprises des Beatles, fait dans l'ensemble des merveilles. Après le dispensable "Dooo it !", single électro dans la veine de Bangerz, Miley Cyrus se lance dans trois ballades space folk sorties de la cuisse de Yoshimi Battles the Pink Robots, album culte de ses aînés barbus. Sur "Karen Don't Be Sad" , la voix de la chanteuse est pure, relâchée, presque méconnaissable, surfant sur un tapis de guitares acoustiques et d'arrangements cosmiques. C'est fou comme c'est beau.

La suite, éclectique, oscille entre pépites groovy - "Space Boots" , "Bang Me Box" sur lequel Miley raconte qu'elle dort la porte ouverte - et mélopées intimistes qui révèlent les tourments d'une jeune femme (presque) comme les autres. Les amours contrariées, le regard des autres, l'envie d'en mettre plein la vue un jour et d'envoyer tout promener le lendemain. Sur "Cyrus Skies" , la fille de Billy fait concurrence à Lana Del Rey dans le registre langoureux en veux-tu en voilà. Sur l'électro slow "Tangerine" , avec le rappeur Big Sean, les rayons du soleil la réveillent au matin d'une soirée champagne. Ailleurs, le rockeur déjanté Ariel Pink s'invite sur un épatant "Tiger Dreams" que ne renierait pas Portishead.

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Tout n'est pas parfait au cours de ces 92 minutes qui semblent avoir complètement échappé à la maison de disques de la star. C'est parfois un peu répétitif, parfois un peu gênant lorsqu'elle chante la mort de son poisson rouge en s'égosillant sur "Pablow the Blowfish" . Mais le résultat force le respect, voire l'admiration de la part d'une artiste qui a grandi dans l'univers si formaté du showbiz américain. Miley Cyrus & Her Dead Petz sera-t-il une parenthèse dans sa discographie ? Ou bien un virage définitif, au risque pour son auteure de perdre ses (jeunes) fans de la première heure ? A l'écoute du résultat, elle n'a aucune raison d'aller se rhabiller.


Jérôme VERMELIN

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