Slipknot : "5. The Gray Chapter"... il était une fois une tuerie

Publié le 20 octobre 2014 à 17h00
Slipknot : "5. The Gray Chapter"... il était une fois une tuerie

METAL – Quatre ans après la mort de son bassiste, le groupe américain Slipknot publie "5. The Gray Chapter", un disque aussi brutal que sophistiqué, sommet d'une discographie qui vaut bien que mieux que les masques de foire de ses membres. Explications.

C'est l'histoire d'un groupe pas tout à fait comme les autres. En 1999, Slipknot publiait son premier album éponyme, queue de la comète de la génération néo-metal, portée par Korn, Deftones et autre Limp Bizkit. Double particularité de la formation originaire de Des Moines ; elle comporte neuf membres et chacun porte des masques de films d'horreur. A tel point que leur musique, pourtant séduisante, passera un peu inaperçue. Il faudra attendra l'opus suivant, Iowa, deux ans plus tard, pour vraiment prendre ces monstres de foire au au sérieux : des compositions aux constructions ambitieuses, avec guitares tronçonneuses et batterie haletante, saupoudrées de samples inquiétants... le tout transcendé par un sacré chanteur, Corey Taylor, capable de passer de la rage totale à la mélodie la plus pure.

Vol. 3 The Subliminal Verses (2004) puis All Hope is Gone (2008) viendront assoir la popularité du groupe, jusqu'à ce jour sombre de mai 2010 où Paul Gray, bassiste et fondateur, est retrouvé mort dans une chambre d'hôtel, victime d'une overdose. Ses camarades et sa veuve, enceinte, tiendront une conférence de presse émouvante, début d'une période d'incertitude pour l'avenir de Slipknot, ses membres tiraillés entre les doutes et les projets personnels. S'ils remontent sur scène, un an plus tard, les huit survivants mettent du temps à revenir en studio. Fin 2013, alors qu'ils entament le processus d'écriture, le batteur Joey Jordison annonce son départ, encore inexpliqué à ce jour...

D'un extrême à l'autre, un groupe au sommet de son art

Privé de sa section rythmique historique, le groupe serait-il capable de proposer un résultat à la hauteur ? Après "XIX", une intro atmosphérique angoissante, 5. The Gray Chapter, chasse tous les doutes avec le puissant "Sarcastrophe", l'un des plus violents de l'histoire du groupe, un véritable coup de massue suivie de l'épatant "AOV", mille-feuille de guitares brutales qui débouche sur un refrain splendide. Nous voilà rassurés : en plus d'en prendre plein les oreilles, on a déjà la chair de poule. "The Devil In I", le premier single, serait presque "commercial" en comparaison s'il n'était propulsé par le jeu de batterie sensationnel du remplaçant de Jordison, un certain Jay Weinberg d'après les rumeurs.

Slipknot embraye ensuite avec le fabuleux "Killpop", un mid-tempo sur lequel Corey Taylor passe d'un extrême à l'autre jusqu'au refrain, hanté, à tomber par terre. La suite du disque alterne entre assauts virils ("Lech", "Nomadic", "Custer") et morceaux plus mélodiques ("Goodbye", "The One That Kills The Least"), servis par une production à la fois percutante et sophistiquée – un pur régal aux écouteurs. Le clou du freak show ? L'enchaînement final du tribal "The Negative One", intense à s'en cogner la tête contre les murs, et du mélancolique "If Rain Is What You Want", d'une beauté sombre à en pleurer. Ou les deux facettes d'un groupe un brin schizophrène, à l'image de ces fameux masques qui dissimulent – et transcendent - les états d'âmes de ses musiciens torturés. Une tuerie, ni plus ni moins.


Jérôme VERMELIN

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