Déprime hivernale : et si on adaptait nos horaires de travail aux rythmes saisonniers ?

Publié le 31 décembre 2019 à 18h42
Déprime hivernale : et si on adaptait nos horaires de travail aux rythmes saisonniers ?
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DODO - En hiver, le manque de lumière et le froid jouent sur nos humeurs et notre sommeil. Adapter les horaires de travail pour s’adapter aux saisons pourrait aider à remonter le moral, révèlent des chercheurs.

Les yeux qui collent. Le réveil qui sonne 7 fois. La difficulté à s’extraire de son lit, d’autant que dehors, il fait encore nuit. Si vous faites face à ces syndromes en hiver, une suggestion pourrait faire votre bonheur : et si on adaptait nos horaires de travail en fonction des saisons pour préserver notre sommeil ?

L’hypothèse est très sérieusement avancée par une équipe de scientifiques qui a mené une étude sur le sujet, reprise par le site américain Wired. L'hiver, avec ses températures plus fraîches et ses nuits à rallonge, crée en effet selon eux un "sentiment général de malaise" au sein de la population, sorte de morosité ou d'hibernation ambiante. Certaines personnes vont jusqu’à souffrir de troubles affectifs saisonniers (TAS), sorte de blues hivernal, qui provoque hypersomnie, mauvaise humeur, sentiment général de futilité. La dépression est également plus largement signalée pendant l'hiver, les taux de suicide augmentent et la productivité au travail diminue en janvier et février.

Tout ceci pourrait donc s’expliquer scientifiquement. Les recherches dans le domaine de la chronobiologie - l'étude de la façon dont notre corps régule le sommeil et l'éveil - soutiennent l'idée qu'en hiver, nos besoins et préférences en matière de sommeil changent et que les contraintes de la vie moderne pourraient être particulièrement inadaptées au cours de ces mois. "Si notre horloge biologique dit qu'elle veut que nous nous réveillions à 9 h, parce que c'est un jour d'hiver sombre, mais que nous nous levons à 7 h, alors nous manquons une phase de sommeil complète", explique ainsi Greg Murray, professeur de psychologie à l'Université de Swinburne, Australie. 

Un élément particulièrement important dans la régulation de nos horloges corporelles est le soleil et sa place dans le ciel. Cela joue sur nos hormones, notre humeur, notre sommeil et même, en fonction des changements de lumière du jour au cours de l'année, sur nos changements de comportement, comme la reproduction ou l'hibernation. 

Décalage horaire social

Le hic, est que ces besoins accrus de repos en hiver ne sont pas du tout respectés, pris que nous sommes par des contraintes d'horaires, que ce soit l'école ou le travail. Cet écart entre ce que veulent notre horloge biologique et notre horloge sociale a été appelé le décalage horaire social. Et celui-ci  peut avoir de graves conséquences sur la santé, le bien-être et la capacité de fonctionner au quotidien.

Pour mieux discerner ses effets, les chercheurs ont scruté des populations qui le vivent au quotidien : celles qui habitent à la périphérie ouest des fuseaux horaires. Car ces populations voient le soleil se lever environ une heure et demie avant celles qui vivent à l'autre extrémité. Malgré cela, elles doivent respecter les mêmes horaires de travail et se lèvent donc avant le lever du soleil. Les chercheurs ont observé chez elles des taux plus élevés de cancer du sein, d'obésité, de diabète et de maladies cardiaques. 

Un autre exemple extrême de décalage horaire social peut être pris avec l’Espagne, pays qui est aligné sur l'heure d'Europe centrale alors qu'il est géographiquement aligné avec le Royaume-Uni. Il est ainsi décalé d'une heure et l'ensemble de la population doit suivre un calendrier social qui n'est pas conforme à son calendrier biologique. L’ensemble du pays souffre donc de privation de sommeil, qui a été liée à une augmentation de l'absentéisme, du stress, des accidents du travail et des échecs scolaires.

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Venir plus tard et travailler moins

C'est prouvé, l’hiver favorise le retard au travail et l'absentéisme. Le simple fait de laisser les gens venir plus tard pourrait bien aider à contrer ces effets. "Il est possible que si les heures de travail correspondent mieux à notre chronobiologie, nous travaillerions et nous sentirions mieux", expliquent les chercheurs. L'idée n'a pas encore été testée. Même les pays situés dans les parties les plus sombres de l'hémisphère Nord - la Suède, la Finlande et l'Islande - travaillent autant tout au long de l'hiver. En revanche, certaines écoles aux États-Unis ont décalé les horaires pour être plus en phase avec les rythmes des adolescents, et ont observé une augmentation de la quantité de sommeil des élèves, mais aussi un regain d'énergie. Au Royaume-Uni, une école ayant décalé l'arrivée des élèves de 8 h 50 à 10 h a constaté que les taux d’absence pour maladie avaient chuté de façon spectaculaire et que les résultats scolaires des élèves s’étaient améliorés.

"Les patrons devraient dire "Je m'en fiche de l'heure à laquelle vous arrivez au travail, venez quand vous avez dormi suffisamment, parce que nous sommes tous les deux gagnants", estime le chronobiologiste Till Roenneberg. "Vous aurez de meilleures performances. Vous passerez un meilleur moment au travail car vous sentirez votre efficacité. Et les jours d'arrêt maladie seront en diminution." Janvier et février étant connus pour être les mois les moins productifs de l'année, il n'y a peut-être pas grand chose à perdre à essayer...


La rédaction de TF1info

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