En télétravail, elle est licenciée car ses enfants sont "trop bruyants"

S.L
Publié le 3 juillet 2020 à 13h53
En télétravail, elle est licenciée car ses enfants sont "trop bruyants"
Source : INstagram/moderncalimom

BUZZ - Dris Wallace, Californienne et mère de deux enfants, placée en télétravail pendant la crise du coronavirus, raconte son histoire sur les réseaux sociaux : son patron aurait décidé de la licencier car ses enfants faisaient trop de bruit pendant les appels professionnels.

"Ma maman a été licenciée, parce que son boss ne voulait pas m’entendre en arrière-plan." La phrase est inscrite sur une pancarte, tenue par une petite fille, à la moue boudeuse. A côté, sa maman lui caresse la tête.

C’est cette maman, Dris Wallace, influenceuse et blogueuse californienne, qui a posté cette photo, et écrit son histoire sur Intragram, qu’elle développe dans un billet sur scarymommy.com. Il y a un peu moins d’un mois, elle a été licenciée, pour un  motif qui la fait bondir : son patron lui reproche le bruit que font ses deux enfants, de quatre et un ans, lors de ses appels professionnels. 

Car comme de nombreux salariés confinés, Dris Wallace a commencé à travailler à domicile à partir de la mi-mars, à cause du Covid-19. La première semaine de télétravail a été, raconte-t-elle, très stressante avec de "multiples appels, courriels et attentes irréalistes" et beaucoup de pression de la part de son patron. Dur, quand à côté, les enfants sont très présents : "Les enfants m’interrompaient toujours, et le bébé voulait toujours téter. Ils devaient constamment attendre que je finisse de finir une tâche, avant de pouvoir répondre à leurs besoins. Mon cœur s'est brisé."

Dris Wallace se sent mal, car ses enfants, eux, ne comprennent pas que leur maman a besoin de travailler.  Mais elle se refuse à les asseoir toute la journée devant la télévision : elle leur achète des feutres, de fournitures, dans l’espoir qu’ils puissent s’occuper. "Au cours de ces derniers mois, j'ai travaillé sans relâche pour respecter les délais qui m'avaient été donnés", raconte-t-elle. "Mon patron a commencé à être frustré d'entendre mes enfants en arrière-plan lors de nos appels. Il m'a dit qu’il ne voulait pas les entendre, lors d'appels avec les clients, répétant que ce n’était pas professionnel, et que je devais trouver un moyen de les garder silencieux. Il a continué ses commentaires sans cesse."

Il m'a dit : nous ne pouvons pas avoir d'appels avec des enfants ou du bruit en arrière-plan
Dris Wallace

La maman réfléchit à des solutions : elle tente de repousser l'heure de la sieste de son fils le plus tard possible dans le début de l'après-midi,  de 13 h à 16 h, pour lui permettre de prendre les appels de clients plus calmement. "C'était ma seule solution", raconte-t-elle. "Mais mon patron a ignoré mon emploi du temps et continué à organiser des appels pendant mon déjeuner lorsque mes deux enfants avaient faim et étaient impatients." Une situation qui s’est poursuivie jusqu’à la mi-mai.  "Malgré tout, j'ai continué à bien performer sans aucune plainte de mes clients. Je respectais les délais et faisais le travail. J'ai travaillé le plus dur que j'ai jamais fait, dans toute ma carrière."

Mais fin mai, le rythme s’intensifie encore. Son chef lui dit : "Nous ne pouvons pas continuer à adapter vos horaires de travail. Nous ne pouvons pas avoir d'appels de clients avec des enfants ou du bruit en arrière-plan. Aucune autre personne dans l'équipe n'a ce problème. Votre rôle en tant que responsable de compte est d'être présente pour nos clients, vous devez donc régler ce problème avec vos enfants." "Que voulez-vous dire par 'régler ce problème avec mes enfants ?'", demande-t-elle. "Voulez-vous que je les enferme dans une pièce ou quelque chose comme ça ? Je ne peux pas faire ça." Le chef répond : "Réglez-moi ça."

Ils m'ont dit brusquement que je n'étais clairement pas épanouie et que nous devrions nous séparer
Dris Wallace

"À ce stade, je pleurais au téléphone", poursuit Dris. "J'ai été choquée qu'il réponde ainsi à mes préoccupations." Un peu plus tard, son manager lui fait même suivre une formation en gestion du temps. Un autre manager lui explique qu’ils sont tous "fatigués" de son problème. "Mais lui et mon superviseur ont tous deux des adolescents et des épouses au foyer", précise la jeune mère. 

Fin mai, elle a l’impression d'avoir fait tout ce qu’elle pouvait avec ses managers pour remédier à cette situation et contacte le service des ressources humaines pour demander de l'aide. Elle leur explique sa version, n'a pas vraiment l'impression d'être entendue. Mais le 2 juin, les RH la convoquent pour un rendez-vous. Elle pense que c’est pour trouver une solution. "Au lieu de cela, ils m'ont dit brusquement que je n'étais clairement pas épanouie et que nous devrions nous séparer. Je ne pouvais pas le croire. Qu'avais-je fait de mal ?" Les RH invoquent une baisse des revenus dus à la crise du coronavirus. Pour Dris, "c'était une excuse claire et incohérente pour dissimuler leurs motivations illégales. Ce n'est tout simplement pas vrai, car ils ont continué à embaucher de nouveaux postes après ma cessation d'emploi et la direction de l'entreprise ne s'était engagée à aucune mise à pied pendant la pandémie."

Espérons qu'un jour, les mères seront respectées au travail
Dris Wallace

Dris est "en état de choc complet", et ce, d’autant plus que la direction de l’entreprise avait affiché sa compréhension, de la difficulté de la situation de salariés en télétravail, et félicité les troupes pour leur travail exceptionnel. "Les RH étaient censées me soutenir. Je me sens trahis. J'ai travaillé si dur dans cette entreprise, pour maintenir notre organisation à flot tout en m'occupant de mes enfants en même temps. " Elle dit avoir choisi de médiatiser son histoire, pour "sensibiliser à la discrimination sexuelle et aux préjugés contre les mères. Je veux que d'autres entreprises regardent mon histoire et forment leur personnel à la discrimination et aux représailles. Espérons qu'un jour, les mères seront respectées au travail."

Et Dris va même plus loin : elle a engagé une avocate Daphne Delvaux, qui explique sur instagram avoir listé plusieurs réclamations déposées contre l’ancien employeur, notamment la discrimination en fonction du sexe, les représailles contre sa dénonciation de la discrimination dont elle était victime. l'avocate indique avoir reçu, pendant la pandémie, un nombre incalculables de la part de mère sensiblement dans la même situations. "Soyez rassurés de savoir que la loi est de notre côté. Justice sera rendue", assure-t-elle. La maman, quant à elle, a reçu de nombreux soutiens, venus du monde entier, sur les réseaux sociaux.


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