Un salarié sur trois "dépassé" par la technologie : sommes-nous passés en mode obsolescence programmée ?

Publié le 2 octobre 2019 à 16h53
Un salarié sur trois "dépassé" par la technologie : sommes-nous passés en mode obsolescence programmée ?
Source : iStock

TRAVAIL 3.0 - Le Groupe Cegos a dévoilé ce mercredi les résultats de son baromètre international "Transformations, compétences et learning". D’après les DRH interrogés, 42% des emplois de leur entreprise présentent un risque d’obsolescence des compétences à horizon 3 ans. Côté salarié, un sur trois se sent déjà "dépassé" par la technologie.

Banale anecdote de vie d’entreprise : un salarié veut envoyer au CE le certificat de scolarité de son fils. Il se trompe dans l’adresse mail et envoie le bulletin… à une liste de destinataire comprenant l'ensemble des collaborateurs du groupe. 1.500 personnes. Maladresse, évidemment. Sauf que s’ensuit, dans les boîtes mail de tous les employés, une avalanche de réponses, allant du mail inutile ("Euh , tu t’es trompé l !"), premier degré ("Pas vraiment concernée, non ?"),  accusateur ("Qu’est-ce que c’est que ça ?"), voire culpabilisateur ("Je vous rappelle que le patron reçoit vos mails !"), à ceux qui en rajoutent une couche en voulant calmer le jeu ("hé ho, pour arrêter de recevoir tous les messages, arrêtez de répondre à tous", "STOOOOPPPPP arrêtez de répondre à tout le monde !!!!!". Les meilleurs restant, évidemment, les mails blagueurs ("On aura le droit aux bulletins scolaires ?", "Tout le groupe est en copie…  Fais gaffe pour ta commande de champagne !"). Et il y a ceux qui ont trouvé la fonction "ne pas répondre à tous".

Rien de très nouveau ou grave, mais l’anecdote montre à quel point que, dans une entreprise accueillant 3 ou 4 générations, chacun est plus ou moins bien armé face à la technologie. Et si l’on ne parle là que de mails. Mais la transformation digitale est un véritable enjeu pour les entreprises : une étude menée par le Groupe Cegos montre ainsi qu’un salarié sur trois se sent "dépassé" par la technologie. Un niveau stable par rapport à l’an dernier et similaire au niveau européen. 

Des DRH plutôt confiants

Les DRH-RRH semblent être conscients de cette problématique, peut-être même davantage que leurs salariés : 42% (+10 points par rapport à 2018) en France et 53% en Europe (+12 points) pensent ainsi que leurs collaborateurs se sentent effectivement dépassés par la technologie. Selon les DRH-RRH français, 39% des emplois de leur entreprise présentent un risque d’obsolescence des compétences dans les trois ans à venir. Une prévision partagée par les salariés, puisque 43% 

ont le sentiment de (bientôt) ne plus avoir les compétences nécessaires pour exercer leur métier convenablement. Au-delà de ça, un salarié sur deux craint de voir son emploi disparaître avec la transformation digitale ; c’est 12 points de plus que l’an dernier note. 

Malgré ce constat alarmiste, les DRH-RRH sondés semblent plutôt en confiance. D’abord en la capacité de leur entreprise à s’adapter. 90% des DRH-RRH français disent se préparer à ces changements profonds (+3 points). Une très large majorité des  se disent aussi reconnus (86%) et "bien armés" (83%) dans leur organisation pour assurer cet accompagnement. Ils semblent avoir confiance, aussi, en l’avenir : contrairement au bruit ambiant, ils estiment que les conséquences des transformations en cours seront plus créatrices que destructrices d’emploi. 62% (+6 points) pensent même que leur entreprise, dans les cinq ans qui viennent, va faire face à l’émergence de nouveaux métiers. 47% anticipent des créations d’emplois (+15 points) contre 37% qui anticipent des réductions d’effectifs (+8 points). 35% invoquent cependant la disparition de certains métiers (+4 points).

La France crée-t-elle beaucoup d'emplois ?Source : JT 20h Semaine

La formation, première méthode pour lutter contre l’obsolescence

Et pour faire face aux impacts du digital sur les métiers et les compétences, l’arme des DRH est la formation. 74% la placent au premier rang des moyens mobilisés, devant la réorganisation du travail (56%) et la mobilité interne (50%). La formation est pour eux un moyen de se préparer à une évolution de son poste de travail (dans 45% des cas), puis d’accéder à un nouveau métier (33%) et enfin de mieux maîtriser les compétences de base (lire, écrire, compter ; 22%). Quant aux compétences stratégiques pour l’avenir , elles sont, pour les DRH-RRH, très claires : une organisation efficace du travail, une agilité et esprit d’initiative sont les trois compétences que les salariés de leur entreprise devraient maîtriser en priorité. Là-dessus, ces derniers semblent plutôt s’accorder : 61% d’entre eux revendiquent une organisation efficace de leur travail ; 57% se disent agiles, 52% ont l’esprit d’initiative et d’entreprise.

L’étude note un autre point positif : les salariés affichent une volonté pour se former et progresser, et se sentent une responsabilité partagée avec l'entreprise sur ce sujet. Une très large majorité se disent prêts à s’améliorer sur les compétences qu’ils ne maîtrisent que partiellement ou qu’ils ne maîtrisent pas du tout aujourd’hui. Et 93% se disent prêts à se former par eux-mêmes pour s’adapter aux transformations digitales, voire à 44% à financer eux-mêmes une partie des coûts de leur formation, ou à suivre cette formation en dehors de leur temps de travail (pour 72% d'entre eux). 81% des salariés français utilisent tout de même les solutions de formation proposées par leur DRH. 71% les trouvent pertinentes et une même proportion les jugent efficaces. Un constat (évidemment) partagé, encore plus largement, par les DRH qui mettent en place ces formations.


La rédaction de TF1info

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