Davantage présents, mais moins investis : les salariés français souffrent d'un "manque de reconnaissance"

par Sibylle LAURENT
Publié le 20 septembre 2018 à 9h21, mis à jour le 20 septembre 2018 à 16h39
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Source : La matinale

SANTÉ - D’après le 10e baromètre de la qualité de vie au travail de Malakoff Médéric, publié ce jeudi, la fatigue n’est plus physique, mais bien nerveuse. Avec la digitalisation et les changement professionnels, de nouveaux problèmes émergent, notamment la difficile conciliation entre vie pro et personnelle.

Alors oui, ils sont "contents de venir travailler le matin". Pour autant, tout n’est pas tout rose, loin de là, pour les salariés français. Le 10e baromètre annuel sur la santé et la qualité de vie au travail MalakoffMédéric, publié jeudi, montre que les employés sont de moins en moins nombreux à trouver leur travail pénible et fatigant physiquement  (48% en 2018 contre 54% en 2009). Ils sont également plus confiants qu’avant dans leur situation professionnelle (73%, soit + 9 points par rapport à 2012) et estiment que leur santé est mieux préservée.

Voilà pour le positif. Mais ces améliorations ne cachent pas d’autres gros problèmes soulevés par l’évolution des conditions de travail, que l'étude remet en perspective sur les dix dernières années. Et notamment, si les salariés reconnaissent donc que leur travail est désormais moins fatigant physiquement, la moitié d’entre eux se disent malgré tout épuisés : 70% des sondés trouvent leur travail "fatigant nerveusement" et 51% estiment ne pas assez dormir. 

Les détails de l'étudeSource : Sujet JT LCI
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Perdus dans la digitalisation et les réorganisations

En dix ans en effet, la pénibilité a changé de nature, et l’usure physique tend à être remplacée par l’usure psychologique. "Les mutations du monde du travail, bouleversé par une digitalisation qui s’est accélérée ces dernières années, expliquent en partie cette inquiétude", analyse le rapport. "Un salarié sur deux a connu au moins un changement de poste lié à une réorganisation, une restructuration d’entreprise" au cours de sa carrière professionnelle. Au quotidien, la fragmentation du travail entre aussi en jeu : 29 % des salariés indiquent être interrompus régulièrement ou avoir un travail haché. 20% déclarent aussi être dépassés par les outils numériques et 47% ne sentent pas capables de travailler au même rythme dans 10 ans. 

Autre gros facteur de stress, qui découle également de ces bouleversements :  35 % des salariés (contre 27 % en 2009) éprouvent des difficultés à concilier vie personnelle et professionnelle. Il y a en effet une porosité croissante entre les deux univers, en partie dus aux outils comme le téléphone portable.  46% des salariés indiquent ainsi rester joignables pendant leurs congés. Et cet équilibre de vie est d’autant plus compliqué à préserver que d’autres charges pèsent sur de plus en plus d'entre eux :  ainsi, en 10 ans, le nombre de salariés aidants (qui doivent s’occuper ou prendre en charge un membre de leur famille), a été multiplié par deux, passant de 9 à 19%.

Manque d'autonomie et de reconnaissance : les salariés se désinvestissent

Est-ce une conséquence directe de ces nouvelles conditions de travail ? Le rapport évoque une vraie "crise de l’engagement" : depuis dix ans, les signes de désengagement vis-à-vis du travail ont progressé, indique le baromètre. En témoigne le phénomène du présentéisme, en hausse constante avec 16% des salariés qui affirment en 2018 de "faire de la présence pour de la présence" contre 9% en 2009. Dans la même veine, les salariés sont également de plus en plus nombreux (29 %) à "avoir envie de prendre un arrêt maladie, même lorsqu’ils ne sont pas malades". Ce chiffre a connu une progression de 11 points en 9 ans. 

"Ce désengagement s’explique au regard de l’insatisfaction des salariés par rapport à la reconnaissance de leur travail et de leurs efforts et au manque d’autonomie", analyse le rapport. Plus de 4 salariés sur 10 ne se sentent suffisamment pas reconnus et seulement 24% d’entre eux déclarent pouvoir prendre des décisions. "Moteur de l’engagement, le sentiment de reconnaissance est tellement crucial pour les salariés qu’il est placé au haut du podium des points à améliorer, devant les perspectives d’évolution."

> Pour lire l'intégralité du rapport Santé et Qualité de vie au travail : 10 ans de mutations


Sibylle LAURENT

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