Pressing et produits de beauté, victimes collatérales du télétravail

S.L
Publié le 12 juin 2020 à 15h01

Source : TF1 Info

FOCUS - En restant à la maison en télétravail, les salariés ont changé leurs habitudes, en terme d'habillement , ou de maquillage. Et ce changement est loin d'être anodin : certains commerces ou secteurs sont même totalement chamboulés.

C’est un effet pervers du télétravail : en restant à la maison, les cols blancs sont restés au placard. Les femmes ont allégé ou renoncé au maquillage, revu leur garde-robe. Des adaptations plutôt normales, mais qui, par effet de chaîne, ont des conséquences sur des pans entiers de l’économie. 

Ce changement, Zohra Hemdane, gérante de pressing, l’a bien vu dans ses deux boutiques des Hauts-de-Seine. "Notre clientèle, ce sont les cadres, les gens du tertiaire, et actuellement on n’a plus de costume, plus de chemise, plus de robe classique. On est très impacté." Elle affirme avoir perdu 75% de son chiffre d’affaires depuis la crise du coronavirus. 

On a essentiellement des couettes et de la blanchisserie
Zohra Hemdane, gérante de blanchisserie

Pourtant, les pressing faisaient partie des secteurs qui avait le droit d’ouvrir. Mais depuis le déconfinement, elle n’a pas constaté de reprise de l’activité. "Je me demande même où sont passés les clients !", dit-elle. "Actuellement on a essentiellement des couettes, des draps, des housses de couette. Mais tout ce qui est vêtement, c’est très peu. Les gens restent chez eux". La commerçante a bénéficié des mesures de chômage partiel, et de reports de charges, mais elle le dit : "On est aidés, mais on va s’endetter, prendre un Prêt garanti par l’Etat, mais pendant combien d’années ? C’est très compliqué, je pense même à licencier, je n’aurai hélas pas le choix."

Le télétravail, et le port du masque, ont aussi eu des conséquences sur le secteur de l’hygiène et de la beauté : les femmes se maquillent moins, les ventes de rouge à lèvre s’effondrent.  Pendant le confinement, les femmes ont préféré insister sur les soins du corps et les yeux. Et ce  changement de "routine beauté" n'est pas indolore pour le secteur. 

Le rouge à lèvre s'effondre

Dès le deuxième mois de confinement, le marché de la "beauté prestige", regroupant parfumeries et grands magasins, a en effet accusé le coup. En 2019, il affichait un chiffre d'affaires de près de 3 milliards d'euros, mais en avril ses performances se hissaient péniblement à 22 millions, selon des chiffres du cabinet d'études NPD Group. Le maquillage pour les lèvres, notamment les rouges à lèvres a bien chuté : - 58% sur les ventes en ligne par rapport à avril 2019.

Certains produits s'en sortent mieux, comme les crèmes pour le visage, le corps, le baume à lèvres. Mais le grand gagnant face au coronavirus est le soin de la peau et des cheveux, qui supplante le maquillage, peut-être découragé par les visioconférences et protections sanitaires. De manière générale, les "produits liés à la sociabilisation" ont moins bien fonctionné. Un surprenant bénéficiaire du confinement a été le vernis à ongles, un produit qui était "endormi", et a été dopé par la période. Sans doute parce que les confinées avaient plus de temps pour le faire, et une envie de couleur, de légèreté. La fermeture des bars à ongles et des salons de beauté a sans doute aussi joué. 

Le port du masque a également contribué à changer les habitudes. Le masque camouflant le bas du visage, l'attention est concentrée sur le regard. Les experts font en effet "l'hypothèse que la consommation de mascaras, de crayons, va fortement augmenter si le port du masque vient à se poursuivre", avance Hervé Navellou, directeur général de L'Oréal France, avec ses marques Lancôme, Vichy, Yves Saint Laurent ou La Roche Posay. Les chiffres le montrent : en avril, le maquillage pour les yeux enregistrait "une hausse de 116%, surtout la catégorie reine des mascaras qui augmente de 150%", explique Mathilde Lion, analyste beauté chez NPD Group.

Enfin, les produits sans transfert, résistant à l'eau et la transpiration ou encore « long-lasting »  - ceux qui tiennent malgré un masque - font une percée. La pandémie a en tout cas confirmé pour le secteur une tendance déjà marquée, celle "des marques engagées en développement durable, et une demande de transparence" sur les ingrédients et l'élaboration des produits.


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