Bagarre à Orly contre Kaaris : Booba, star du rap français et maître des clashs

Publié le 3 août 2018 à 13h25, mis à jour le 4 août 2018 à 2h10

Source : Sujet JT LCI

BAGARRE – L’icône du rap français sera finalement jugée le 6 septembre pour la violente rixe avec son ancien acolyte Kaaris à l’aéroport d’Orly. Artiste vulgaire pour certains, poète incompris pour d’autres, qui est ce rappeur aussi clivant que provocateur ? Eléments de réponse.

Presque huit mois après la sortie de son neuvième album Trone, Booba vient une nouvelle fois remplir les pages de la presse, à la rubrique fait divers cette fois, et ce n'est pas une première. Dans l'après-midi du 1er août, le "Duc de Boulogne", de son vrai nom Elie Yaffa, s’est en effet battu avec le rappeur Kaaris. Une altercation violente savamment captée et diffusée sur les réseaux sociaux par des passagers médusés qui, comme eux, étaient de passage à l’aéroport d’Orly.

La rivalité avec Rohff, mère de tous les clashs

N’importe quel amateur de rap français savait que si ces deux-là se croisaient quelque part, les coups fuseraient rapidement. Il faut dire que Booba entretient de nombreuses inimitiés dans le milieu. Son embrouille la plus célèbre, toujours en cours, concerne le rappeur Rohff. Pendant des années, rivaux dans les bacs, les deux hommes enchaînent les clashs par morceaux et réseaux sociaux interposés. La situation dérape gravement en 2014 quand Rohff, accompagné de plusieurs amis, tabassent un jeune vendeur dans la boutique parisienne Unküt, une marque créée par Booba. Une virée qui lui vaudra une peine de cinq ans de prison, dont il a fait appel - appel suspensif.

Cette haine féroce entre les deux rappeurs est d’ailleurs à l’origine de l’altercation entre Booba et Kaaris, mercredi 1er août à Orly. En 2012, ils rappaient encore ensemble sur Kalash, un titre qui figure dans l’album Futur. Mais leurs rapports se tendent ensuite,  le premier reprochant au second de ne pas l'avoir soutenu dans son différend avec Rohff.

"Ni Charlie, ni pas Charlie"

Aujourd’hui âgé de 41 ans et père de deux enfants, Booba reste une référence dans le rap français. Depuis son premier album Temps mort, sorti en 2002, il collectionne les disques d’or. La vulgarité de ses textes plait autant à ses fans qu’elle suscite le mépris de ses détracteurs. Mais il serait malhonnête de ne voir dans ses paroles qu’une litanie d’obscénités. Son écriture très imagée et son sens de la formule sont les vrais clés de son succès.

Certains vont même jusqu’à y voir une forme hybride de poésie. "Quand on se débarrasse des effets de style artificiels, distractions du vocabulaire, (…) on y trouve des fulgurances et l’essence même de ce qui fait la poésie. Il explore de nouvelles facettes de la langue et la façon dont les mots peuvent être combinés", explique Souheil Medaghri, qui a réalisé un documentaire dans lequel il analyse les textes du "Duc".

Egocentrique et provocateur, Booba n’a de toute façon jamais cherché à faire l’unanimité. En avril 2015, trois mois à peine après la tuerie de Charlie Hebdo, il déclare dans Le Parisien n’être "ni Charlie, ni pas Charlie". A ses yeux, la rédaction de l’hebdomadaire satirique est responsable ce qui lui est arrivé. "Ils savent à qui ils ont affaire, les mecs. Ils s'attaquent à l'islam, ils savent très bien qu'il y a un courant extrémiste, ils savent très bien comment les mecs fonctionnent, ils ont pris le risque de continuer à les attaquer. Quand on joue avec le feu, on se brûle", estime alors le rappeur qui se dit dans cet entretien "musulman mais pas pratiquant". Une sortie qui vaudra une - nouvelle rivalité - avec le dessinateur Luz, qui ne se privera pas de caricaturer le Duc.


La rédaction de TF1info

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