"Les cons sont partout chez eux en ce moment" : Les confidences de Gérard Jugnot dans Sept à Huit

par Audrey PARMENTIER
Publié le 17 novembre 2020 à 12h18

Source : TF1 Info

RENCONTRE- L’acteur français revient sur son enfance et sa carrière dans le cinéma français lors de cette interview intime avec Audrey Crespo-Mara. Avec pudeur, Gérard Jugnot évoque sa relation compliquée avec son père tout en décochant quelques pics sur l’atmosphère actuelle de notre France confinée.

Son rire jovial a résonné dans toutes les salles de cinéma. "A partir du moment où vous ne ressemblez pas à Alain Delon, il fallait trouver quelque chose d’autre", répond du tac-au tac l’acteur français, Gérard Jugnot. L’humour et l’autodérision ont toujours constitué ses armes principales. Même à 69 ans, l’acteur français n’a rien perdu de son panache.

Gérard Jugnot est un homme ordinaire. Sauf qu’il est devenu l’un des acteurs français les plus populaires. A l’époque de ses débuts, le jeune Gérard n’a qu’une seule idée en tête : briller. "Après un constat déplorable, une jeunesse modeste, anodine et sans lumière, il a fallu que je fasse briller tout ça, je ne voulais pas rester dans du gris." Il faut dire que l’acteur trouve sa vie un peu terne bien qu’il ne manque de rien." Mes parents m’ont appris la gourmandise et le cholestérol et j’aurais préféré qu’ils me fassent découvrir Buster Keaton et Mozart", confesse-t-il.

Le jeune homme souhaite découvrir la vie d’artiste. Une envie à laquelle son père répondait par un cinglant : "T’emballe pas !" Mais le petit Jugnot – qui grandit en région parisienne - s’entête et ça fonctionne. Même lorsqu’il devient la nouvelle coqueluche du cinéma français, Gérard Jugnot a toujours en tête les mises en garde de son père. En 1991, il réalise le film "Une époque formidable" qu’il lui dédie. Avec émotion, l’acteur revient sur la relation – parfois conflictuelle – qu’il entretient avec son géniteur.  "Quand j’étais petit, mon père c’était un Dieu. Après je me suis aperçu qu’on ne se comprenait pas sur certaines choses", reprend-il.

"C'est un vertige d'exister"
Gérard Jugnot

Si les deux hommes ne partagent pas grand-chose, son père transmet une chose précieuse à son fils : son pessimisme. Mais contrairement à lui, son "père n’était pas doté d’un sens de la dérision, il ne pouvait pas transformer cette noirceur en plaisir", se souvient-t-il. Au contraire, Gérard Jugnot tente de faire bon usage de ce côté un brin dépressif. "La comédie ne se fonde que sur le noir", déclare-t-il avant de reprendre : "Tous les gens qui font de la comédie possède au fond d’eux un côté inconsolable d’être né et que ça ne se termine pas très bien. C’est un vertige d’exister."

Et Gérard Jugnot n’est pas prêt de s’arrêter puisqu’il vient de publier "c’est l’heure des contes", un livre qui vise à réactualiser les histoires pour enfants. "Barbe bleue peut très bien s’inscrire dans la vague Me Too, il pourrait être un producteur par exemple", confie-t-il. Lorsqu’il parle de l’actualité, Gérard Jugnot adopte un ton plus sérieux. Ou presque. "En ce moment, je ne suis pas déçu. Entre les fous des terroristes, la terre qui se réchauffe, on est gâtés", sourit-t-il. Sur la question de la crise sanitaire, il fait part de ses inquiétudes sur les hôpitaux surchargés. Au passage, l’acteur décoche quelques critiques à l’égard des réseaux sociaux "qui disent n’importe quoi". Avant de conclure :"Les cons sont partout chez eux en ce moment !" A 69 ans, l’acteur rendu célèbre par ses rôles avec ses camarades du Splendid n’a rien perdu de son regard acéré. Ni de son sourire. 


Audrey PARMENTIER

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