Mort d'Annie Cordy : une carrière surprenante au cinéma

Publié le 5 septembre 2020 à 8h47

Source : TF1 Info

HOMMAGE - Pour toute une génération, elle était "Tata Yoyo" ou "La bonne du curé". Décédée ce vendredi 4 septembre à l'âge de 92 ans, la chanteuse Annie Cordy s'est également faite remarquer au cinéma, parfois dans un registre plus dramatique et inattendu.

6000 galas à son actif, plus de 700 chansons enregistrées... mais aussi 40 films de cinéma avec une carrière commencée en 1953. Annie Cordy, amuseuse professionnelle à l'énergie et à la bonne humeur contagieuses, morte vendredi 4 septembre à l’âge de 92 ans, tourne cette année-là dans son premier long métrage, la comédie de Sacha Guitry, Si Versailles m'était conté..., avant d'enchaîner aux côtés de Bourvil, dans Poisson d'Avril, en 1954.

Lors de cette décennie, celle que l'on connait avant tout comme artiste de music-hall s'illustre dans des comédies musicales frivoles, notamment la version filmée du Chanteur de Mexico (1956) aux côtés de ses amis Luis Mariano et Bourvil. 

Du rire mais pas seulement

Un vrai changement de registre se produit en 1970 avec Le Passager de la pluie de René Clément, dans lequel deux stars d'alors (Marlène Jobert et Charles Bronson) s'affrontent dans un intense duel psychologique et où Annie Cordy révèle dans un contre-emploi de mère alcoolique une palette insoupçonnée, une capacité à déployer avec peu d'effets des trésors d'émotion et d’ambiguïté. 

Un talent qu'elle confirme l'année suivante dans Le Chat aux côtés de Jean Gabin et Simone Signoret, dans le rôle de la prostituée confidente de Gabin, ou encore dans Rue haute (André Ernotte, 1976), où elle interprète le rôle tragique d'une poissonnière prise pour folle, sujette à des crises de violence, hantée par un passé insurmontable. Une performance pour laquelle elle remporte l'Award de la meilleure comédienne mais un registre peu mis en avant, Annie Cordy restant célèbre dans les années 70 pour ses prestations aussi nombreuses qu'enjouées dans les émissions des Carpentier, de Danièle Gilbert ou de Michel Drucker. Le grand public retrouvera cet art consistant à fréquenter ces zones d'ombre dans la suite de la première saga de l’été, Orages d’été - avis de tempête, ayant cartonné en 1990 sur TF1.

"Annie, c’est à la fois Tata Yoyo et les films de Pierre Granier-Deferre"

"Annie Cordy évoque pour moi des souvenirs d'enfance liés à la vision de deux films dans lesquels elle jouait : Le Passager de la pluie et Le Chat" raconte Laurent Achard, réalisateur qui la dirigera dans un film extrêmement sombre Le Dernier des fous en 2006 et dans lequel elle jouait une grand-mère confrontée à une tragédie familiale. "Elle est capable de faire de l’opérette ou de jouer des rôles dramatiques sous l’égide de Pierre Granier-Deferre. Souvent, les gens l’assimilent à la bonne humeur et à Tata Yoyo, et elle l’assume très bien. Or, Annie, c’est à la fois Tata Yoyo et les films de Pierre Granier-Deferre".  

Ajoutez également à sa filmographie deux dessins animés doublés (Pocahontas, une légende indienne et Frère des ours) ainsi qu'un retour à l'émotion dans Les Souvenirs de Jean-Paul Rouve (2014), adaptation cinématographique du roman homonyme de David Foenkinos, où elle campe une grand-mère qui, fatiguée que l'on décide tout pour elle, s'échappe de sa maison de retraite : "C'est une actrice formidable, confiait l'acteur-réalisateur au moment de la sortie. Elle a une intelligence de jeu étonnante (...) Il y a quelque chose dans son œil qui me plaît, ce mélange de joie de vivre qu'elle a et de mélancolie à la fois, de profondeur."


Romain LE VERN

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