Trois choses à savoir sur le sulfureux Maha Vajiralongkorn, le nouveau roi de Thaïlande

par Amandine REBOURG
Publié le 1 décembre 2016 à 16h22, mis à jour le 1 décembre 2016 à 16h39
Trois choses à savoir sur le sulfureux Maha Vajiralongkorn, le nouveau roi de Thaïlande

SUR LE TRÔNE - Le roi de Thaïlande Bhumibol Adulyadej est mort ce jeudi 13 octobre, après 70 ans d'un règne ayant fait de lui le plus vieux monarque du monde en exercice. C'est son fils, âgé de 64 ans, qui va lui succéder. Voici quelques petites choses à savoir sur cet héritier sulfureux.

C'est donc lui, le prince Maha Vajiralongkorn, qui va succéder au roi de Thaïlande, Bhumibol Adulyadej. Il va prendre la succession de son père, en l'honneur duquel une période de deuil d'un an a été décrétée, a annoncé, ce jeudi 13 octobre, le chef de la junte thaïlandaise, le général Prayut Chan-O-Cha. 

Au terme d'une audience avec le prince qui s'est tenue ce jour, ce dernier a déclaré que le prince demandait "du temps pour se préparer avant d'être proclamé roi". Une succession qui n'est pas forcément du goût de toute la population. Si son père jouit d'un statut de demi-dieu, ce n'est pas vraiment le cas de son fils qui a essuyé plusieurs scandales au cours de ces dernières années. 

Agé de 64 ans, le prince héritier a une formation de militaire, suivie notamment à l'Académie militaire de Duntroon, en Australie. Ancien pilote de chasse, il a un grade honorifique de général au sein de l'armée, mais passe le plus clair de son temps en Allemagne, où il vole aux manettes de son propre avion de ligne. 

Le prince Maha Vajiralongkorn, qui vit la plupart du temps en Europe et n'est aperçu en Thaïlande qu'à l'occasion de cérémonies officielles, mène aujourd'hui une existence publique très discrète. De rares opérations censées asseoir son statut d'héritier comme des courses cyclistes en hommage à ses parents, mises à part, l'homme est, depuis quelques mois, en train de redorer son image. 

1. Un divorce au parfum de scandale

Car si le prince mène une opération-séduction auprès du peuple thailandais depuis quelques mois, c'est que son image est loin de faire l'unanimité. Divorcé trois fois, sujet tabou dans le pays, l'homme est père de six enfants. En 2014, une vidéo surprenante fait surface sur le web. On y voit le prince fumant la pipe et sa femme d'alors, Srirasmi, simplement vêtue d'un string, en train de nourrir leur chien Foo Foo. La vidéo a vraisemblablement été tournée dans un palace de Bangkok. 

La même année, en décembre 2014, le divorce est prononcé après une répudiation de la jeune femme. Selon la presse locale, la garde de son fils, Dipangkorn Rasmijoti, 9 ans, considéré comme le plus probable héritier de la couronne après son père, est confiée à ce dernier. Un divorce qui avait coïncidé avec un scandale ayant conduit de nombreux membres de la famille de cette roturière derrière les barreaux pour crime de lèse-majesté et corruption. 

Les observateurs avaient expliqué à l'époque que cette curée avait été organisée pour "nettoyer" l'entourage du prince afin de préparer son accession au trône. Apiruj Suwadee, 72 ans, père de l'ex-princesse Srirasmi, dernière épouse du prince héritier Maha Vajiralongkorn, et sa femme Wanthanee, 66 ans, ayant plaidé coupable, ils avaient vu leur peine réduite à deux ans et six mois pour insulte à la monarchie. Dans la foulée de ces condamnations en série, le magazine Marie-Claire publiait en 2015, un article sur les tumultes conjugaux du prince héritier. Le magazine avait été interdit dans le pays en raison de son caractère de lèse-majesté. On ne badine pas avec les déboires sentimentaux du prince. 

2. Les photos peu flatteuses du magazine "Bild"

En juillet dernier, la Thaïlande est secouée par un mini-scandale impliquant le prince héritier dans une tenue un peu farfelue, pour son rang. Sur le tarmac de l'aéroport de Munich, Maha Vajiralongkorn apparaît en brassière blanche au dessus du nombril, jean large et sandales. Le magazine Bild avait publié ces clichés qui avait faire rire les réseaux sociaux mais en Thaïlande, on goûte très peu la plaisanterie. 

Si bien que Noppawan Bunluesilp, la femme d'un journaliste britannique ayant posté ces photos peu flatteuses du prince thaï sur les réseaux sociaux a été interrogée  pendant plusieurs heures par la police de Bangkok avant d'être finalement relâchée. La page du site internet de Bild était même inaccessible depuis la Thaïlande. 

A la place s'affiche le logo du ministère de l'Information et cette phrase: "Cette page a été bloquée par le ministère en raison de son contenu inapproprié". La famille royale thaïlandaise est protégée par une des lois de lèse-majesté les plus sévères au monde. 

Depuis l'arrivée au pouvoir de la junte en mai 2014, les poursuites se sont multipliées et les sentences alourdies. Et à l'heure où la succession était en train de se dessiner au vu de l'état de santé inquiétant du roi à l'époque, ces clichés plombaient un peu plus la réputation de ce prince devenu un sujet idéal pour la presse. 

3. Une succession appuyée par la junte

Mais si son accession au trône ne fait pas que des heureux dans les rangs de la population, Maha Vajiralongkorn demeure le "candidat" de la junte thailandaise. Les dix dernières années du règne de Bhumibol Adulyadej ont été marquées par une très grande instabilité politique.  Les élites ultra-royalistes (identifiées comme les "jaunes", la couleur de la royauté) et les partisans de l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra (qui ont pour symbole le rouge) s'affrontent.

Le dernier coup d'Etat, en mai 2014 - dernier d'une longue série (19, au total) -, avait été mené au nom de la sauvegarde de la monarchie par une armée soucieuse de verrouiller la scène politique à l'approche de la succession, dans le souci de mieux la protéger. En août dernier, les Thaïlandais avaient adopté une nouvelle constitution qui permet à la junte au pouvoir de contrôler la scène politique. 


Amandine REBOURG

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