Oscars 2018 : un tapis rouge #MeToo mais pas trop...

Publié le 5 mars 2018 à 2h45, mis à jour le 5 mars 2018 à 6h51
Oscars 2018 : un tapis rouge #MeToo mais pas trop...

OÙ SONT LES PIN'S ? - Malgré la présence des actrices Ashley Judd et Mira Sorvino, pionnières de la lutte contre les violences faites aux femmes à Hollywood, le red carpet des Oscars a été beaucoup moins politisé dimanche soir que celui des Golden Globes en janvier. Peu d'interventions au micro et des pin's qui se comptaient sur les mains des deux doigts.

"Ce soir, nos soeurs porteront un éventail de couleurs festive et des pin's Time's Up pour représenter ce vaste mouvement des femmes partout", écrivait Time's Up, l'association créée par des actrices de renom, sur Instagram quelques heures avant la cérémonie. Oublié le dress code noir des Golden Globes, le tapis rouge des Oscars a en effet repris de la couleur ce dimanche. Du rouge pour les nommées Meryl Streep et Allison Janney, du bleu pour Nicole Kidman, du blanc pour Margot Robbie, Laura Dern et Timothée Chalamet, du jaune pour Greta Gerwig, de l'argenté pour Jennifer Lawrence, la Wonder Woman Gal Gadot et Sandra Bullock.

Les pin's, eux ? Ils étaient en fait un peu plus difficiles à porter. On en a bien vu un sur Jane Fonda, Sam Rockwell et Richard Jenkins. Et peut-être une dizaine d'autres invités. Agnès Varda, nommée pour le meilleur documentaire avec "Visages, villages", arborait quant à elle le ruban blanc déjà porté par la salle aux César vendredi, symbole du mouvement #MaintenantOnAgit. Des rubans bleus de l'ACLU (l'Union américaine pour les libertés civiles), rouges pour la fondation contre le Sida d'Elizabeth Taylor ainsi que des pin's orange pour un meilleur contrôle des armes ont aussi été aperçus. Le temps fort est venu d'ailleurs. De l'arrivée bras dessus bras dessous des actrices Ashley Judd et Mira Sorvino, parmi les premières à témoigner contre Harvey Weinstein lorsque le scandale a éclaté en octobre.

VALERIE MACON/AFP
Robyn Beck / AFP

Je veux que les gens sachent ce mouvement ne va pas s'arrêter
Mira Sorvino, l'une des premières accusatrices d'Harvey Weinstein, sur ABC

"Je veux que les gens sachent ce mouvement ne va pas s'arrêter. Nous continuerons à aller de l'avant jusqu'à ce que nous ayons un monde équitable où les femmes seront en sécurité", a déclaré Mira Sorvino sur ABC. "Ce qui est si spectaculaire à propos de cette période c'est que le monde est enfin capable d'entendre. Parce que je crois 1) nous, les femmes, nos voix ont été étouffées et 2) celles d'entre nous qui ont parlé ont souvent été minimisées, rabaissées", a poursuivi Ashley Judd, rappelant que le mouvement #MeToo vise avant tout à "externaliser cette honte et la remettre à sa place, qui est avec les coupables".

La difficile soirée de Ryan Seacrest, roi habituel du tapis rouge

Sur le tapis rouge, rare sont ceux et celles à avoir pris la parole. L'un des présentateurs de ABC a ainsi expliqué que plusieurs invités avaient refusé de répondre aux questions. Sans doute pour éviter d'évoquer les mouvements #MeToo et Time's Up, a-t-il avancé, selon l'AFP. Il y en a un autre qui a été soigneusement évité. Habituellement animateur star des red carpets pour E!, Ryan Seacrest a dû se contenter de rares apparitions à l'écran ce dimanche. Une vingtaine de personnalités seulement - The Daily Beast s'est amusé à compter - se sont arrêtées au micro de celui qui a été accusé d'agression sexuelle en début de semaine par son ancienne styliste.

Twitter se délectait notamment de l'intervention de l'actrice Taraji P. Henson face à Ryan Seacrest. "Vous savez quoi, l'univers a une manière de s'occuper des gens bons, vous voyez ce que je veux dire ?", lui a-t-elle lancé avant de lui prendre le menton. On ne voit pas bien, mais cette petite phrase lâchée en direct devrait continuer à faire parler.

Jimmy Kimmel, Oscar et son absence de pénis

Jimmy Kimmel s'est quant à lui chargé d'évoquer #MeToo et Time's Up dans un monologue d'ouverture incisif. Sa cible ? "L'homme le plus aimé et le plus respecté à Hollywood : Oscar". "Et il y a une bonne raison pour ça. Regardez-le. Il garde ses mains là où vous pouvez les voir. Il ne dit jamais de gros mots. Et le plus important, il n'a pas de pénis du tout", s'est amusé le maître de cérémonie, la 90e du nom. "Voilà à quel point Hollywood ne sait rien sur les femmes. Nous avons fait un film appelé "Ce que veulent les femmes" avec Mel Gibson. Voilà tout ce qu'il y a à savoir".


Delphine DE FREITAS

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