INTERVIEW – Producteur et ami du chanteur, Marc Di Domenico a réalisé avec lui "Aznavour Autobiographie", un documentaire inédit que diffuse TF1 samedi à 13h30. LCI l'a rencontré.
Pendant 4 ans, jusqu’en juin dernier, le producteur Marc Di Domenico a filmé Charles Aznavour au quotidien. Des images qui, mélangées aux incroyables archives en Super-8 du chanteur, ont donné naissance à "Aznavour Autobiographie", un documentaire inédit que diffuse TF1 samedi à 13h30. LCI s’est entretenu avec cet ami de longue date, encore ému par la disparition de l’interprète de "La Bohème", le 1er octobre dernier à l’âge de 94 ans.
Comment ce documentaire que l’on va découvrir samedi sur TF1 est-il né ?
Totalement pas hasard. Lorsque j’ai commencé à filmer Charles, ce n’était pas du tout dans le but d’en faire un documentaire. Et surtout pas un documentaire destiné à être diffusé au moment où il nous quitte. C’est important de le préciser. On devait le présenter dans le cadre de son concert à la Seine Musicale, en novembre prochain, et il se trouve qu’il était fini depuis longtemps.
Vous l’avez filmé au quotidien pendant 4 ans, jusqu’en juin dernier. A t-il été facile d’entrer dans sa vie ?
Ça s’est fait naturellement. C’est comme si le film nous avait attrapés tous les deux en disant 'il faut que j’existe, donc je vous réunis et vous allez faire quelque chose'. Tout a commencé lorsque nous étions en studio à Saint-Rémy-de-Provence pour l’enregistrement de l’album "Encores", dont j'étais le producteur. On avait commencé à filmer les premières séances avec son iPhone, Michel Legrand était venu nous rendre visite. Et puis j’ai pris une petite caméra à laquelle Charles s’est adressé. J’ai eu l’impression de devenir une sorte de passeur, afin de dévoiler au public une autre facette de sa personnalité.
On l'a souvent présenté comme un artiste sérieux, opiniâtre, pas forcément déconnant. Alors que pas du tout !
Marc di Domenico
Pour lui, son image publique n’était pas forcément juste, malgré toutes ces années devant les caméras ?
Il a quand même une image extraordinaire ! En revanche, on l'a souvent présenté comme un artiste sérieux, opiniâtre, pas forcément déconnant. Alors que pas du tout ! Et c’est ce qu’on voit dans ce film. Il n’arrête pas de se marrer, il n’arrête pas de faire des jeux de mots. Il aime la bonne bouffe, il aime être avec les copains. Dès qu’il peut, il réunit du monde chez lui…
Le film est composé également de nombreuses images d’archives, glanées par Charles Aznavour pendant 50 ans. Comment les avez-vous découvertes ?
Charles était très instinctif. Lorsque vous le rencontriez, en une demi-seconde il parvenait à vous cerner. C’est l’école de la rue. Mais il avait aussi besoin d’imprimer, et notamment tous ses voyages. En Afrique, en Asie… On était dans sa maison en Provence et il me dit ‘tu sais que j’ai des bobines dans des cartons, il faudrait que tu regardes un peu ce qu’il y a là-dedans’. Je me suis donc plongé dans ses films en Super-8 et j’en suis resté baba. Depuis toujours, c’est un fan de nouvelles de technologies. A l’époque il tournait-montait ses séquences avec un vrai regard de cinéaste. Il aurait aimé réaliser, Charles. Il était d’ailleurs à deux doigts de le faire avec un film qui s’appelle "Yiddish Connection" (sorti en 1986 - ndlr) dont il avait écrit le scénario.
Comme beaucoup de ses proches vous pensiez qu’il était immortel ?
Ça va plus loin que ça. La première réflexion que je me suis faite en apprenant sa mort, c’est que je suis un ex-immortel désormais. Je me suis dit ‘Je vais mourir, je le sais maintenant’. Avec Charles, quand on était déprimé, quand on en avait marre, il suffisait d’aller le voir pour comprendre que la vie, c’est cool. On s’est rencontré il y a 20 ans, j’ai connu son fils Mischa avant lui. Et il avait déjà 73 ans ! Si vous avez le bourdon à 70 ans, regardez sa vie ces vingt dernières années ! Charles, il nous maintient en vie.