VITICULTURE - Face au changement climatique, les acteurs du vin sont contraints de réinventer leur manière de faire. En Bourgogne, célèbre région productrice de vin, le Conseil départemental de Côte-d’Or compte lancer des expérimentations sur des vignes. Mais à leur échelle, certains viticulteurs s’adaptent déjà.
Comment adapter la culture du vin au phénomène du changement climatique ? En Bourgogne, la question se pose déjà depuis plusieurs années et est prise désormais à bras le corps par le Conseil départemental de Côte-d’Or avec l’acquisition d’une parcelle de 0,6 hectares dans la commune de Pommard. Sur ce terrain, un comité d’experts devra mettre en place différentes techniques pour pallier les épisodes météorologiques néfastes pour la vigne, tels que le gel, la grêle, ou la sécheresse. Les premières expériences ne devraient pas voir le jour avant un an ou deux ans, selon Sophie Hanesse, sous-directrice de la chambre d’agriculture de Côte d’Or : "Le projet n’est pas défini à l’heure actuelle, le comité va bientôt être réuni".
L'échaudage, fléau pour les vignerons
Du côté des viticulteurs de la région, le changement climatique a des effets bien concrets sur leur production. Laurent Fournier, gérant du domaine Jean Fournier à Marsannay-la-Côte et producteur de Pinot noir et de Chardonnay, les constate quasiment depuis ses débuts en 2001. "Au lycée viticole de Beaune en 1998, on nous a appris ce qu’était l’échaudage (brûlure du raisin, ndlr) en nous assurant qu’on n’en verrait jamais sur du Bourguignon et du Champenois. Mais dès l’année 2003, on a commencé à en observer et maintenant c’est tous les ans", nous confie-t-il.
L’an dernier, le vigneron a perdu un tiers de sa récolte à cause de la quantité de grappes brûlées par la sécheresse. "Le phénomène n’est pas spécifique au Marsannay", précise-t-il. "C’est dans l’Auxerrois, qu’il y a eu des records de températures." Face à la hausse des températures, le vigneron n’a d’autres choix que de récolter son raisin plus tôt : "Des vendanges précoces fin août, début septembre, cela arrivait de temps en temps mais cela restait exceptionnel. Aujourd’hui à la même période, soit on est pressé de commencer, soit on est presque en retard".
Des solutions à petite échelle
Laurent Fournier, qui n’avait pas eu vent du projet lancé par le Conseil départemental de Côte-d’Or, se réjouit d’une telle initiative. Celui-ci ne cache pas sa volonté de travailler collectivement à des solutions. "Il faut observer, essayer, comme ce que faisaient les anciens. Mais le réchauffement climatique semble très rapide, trop par rapport à notre façon de faire."
En attendant, le vigneron réfléchit seul à des alternatives, comme celle de planter sur son vignoble de 22 hectares quelques pieds d’un cépage du sud de la France, le Merlot. S’il est trop tôt pour avoir du recul sur l’évolution de cette petite production, le résultat dépasse ses attentes : "Ils sont quasiment mûrs tous les ans". "Aujourd’hui, on plante de la vigne un mètre sur un mètre : est-ce vraiment l’avenir ? Ne faut-il pas s’inspirer de nos copains alsaciens qui plantent des vignes plus hautes ?", s’interroge également Laurent Fournier, qui concède : "On navigue un peu à vue".