POLLUTION - Les autorités mauriciennes ont annoncé jeudi 6 août que des hydrocarbures s'écoulaient du MV Wakashio, un vraquier échoué sur un récif depuis la fin juillet sur la côte sud-est de l'île, faisant craindre une catastrophe écologique. Une cellule de crise environnementale sur "l'île sœur" de La Réunion a été activée.
"Nous sommes dans une situation de crise environnementale". Kavy Ramano, le ministre mauricien de l'Environnement, a lancé un cri d'alarme après que son ministère a indiqué avoir été informé jeudi 6 août de l'existence d'une "fissure dans le navire MV Wakashio" et d'une "fuite d'hydrocarbures".
Il a demandé au public de ne pas s'aventurer sur les plages et dans les lagons alentour. Une coulée noire s'échappant du vraquier échoué sur un récif depuis le 25 juillet pouvait être observée ce jeudi, après qu'il a commencé à s'affaisser sur l'arrière et à prendre l'eau.
Le bateau, appartenant à un armateur japonais mais battant pavillon panaméen, voyageait à vide mais transportait 200 tonnes de diesel et 3.800 tonnes d'huile lourde, selon la presse locale. Son équipage a été évacué. Il est échoué sur la pointe d'Esny, une zone humide classifiée Ramsar, comme le parc marin de Blue Bay proche et lui aussi menacé. Ces deux sites ont été protégés par des systèmes antipollution, a précisé le ministère.
Une situation de crise environnementale"
Kavy Ramano, le ministre mauricien de l'Environnement
"C'est la première fois que nous sommes confrontés à une catastrophe pareille et nous ne sommes pas suffisamment équipés pour traiter ce problème", a ajouté le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo. Le gouvernement mauricien s'est donc notamment tourné vers les autorités françaises de l'île de la Réunion voisine pour obtenir de l'aide, a-t-il précisé.
Selon les deux ministres, toutes les tentatives pour stabiliser le navire ont échoué en raison des mauvaises conditions en mer. Les efforts pour pomper les hydrocarbures se sont également jusqu'ici révélés infructueux. Les écologistes craignent que le bateau ne finisse par se briser, ce qui pourrait entraîner une fuite encore plus importante d'hydrocarbures et des dommages colossaux en mer et sur le littoral.
La Réunion vigilante
Très prisée pour ses lagons et ses plages paradisiaques, l'île Maurice est un haut lieu du tourisme international. Il est situé à 200 km des côtés de La Réunion.
Prés de l’ile Maurice et au large de La Reunion pic.twitter.com/Lr8Fj2ll2j — younous omarjee (@younousomarjee) August 6, 2020
La ministre de la Mer, Annick Girardin, s'inquiète toutefois de la menace que représente l'échouement du vraquier : "Si la cargaison se répand, les effets seraient dévastateurs dans tout l'Océan Indien. Les récifs et l'écosystème corallien, notre bien commun, seraient affectés durablement", prévient-elle.
Si sa cargaison se répand, les effets seraient dévastateurs dans tout l'océan Indien. Les récifs et l'écosystème corallien, notre bien commun, seraient affectés durablement. — Annick Girardin (@AnnickGirardin) August 7, 2020
A La Réunion, une cellule de crise a été activée par le préfet de la zone Sud-Océan Indien, Jacques Billant. "Cette cellule de crise est en lien permanent avec les autorités mauriciennes, notamment via notre ambassade de France à Maurice, afin d’analyser le soutien qui pourrait être apporté par les autorités françaises à l’île sœur dans la lutte contre cette pollution", indique le communiqué de presse.
La préfecture se veut rassurante. Elle indique qu'après une simulation de dérive de la nappe effectuée par Météo-France, "au regard des conditions météorologiques et de courant sur 3 jours, la pollution devrait rester localisée sur les côtes mauriciennes et ne toucherait pas la côte réunionnaise".