Cinq questions qui se posent sur l'énergie éolienne en France

Publié le 10 décembre 2019 à 20h12
Cinq questions qui se posent sur l'énergie éolienne en France
Source : JONATHAN NACKSTRAND / AFP

ENERGIE - Combien y'a-t-il d'éoliennes en France ? Que deviennent-elles une fois usées, quels critiques lui oppose-t-on ?... Le débat est vif autour de l'installation d'éoliennes en France, deux fois plus nombreuses qu'il y a quatre ans. Voici cinq questions que l'on se pose sur cette énergie renouvelable.

L'éolien, tout le monde - ou presque - le plébiscite, mais peu sont ceux qui veulent de ces immenses pales dans son champ de vision. Pourtant, près de 8.000 éoliennes terrestres, réparties sur 1.380 parcs, jalonnent désormais le territoire, en particulier les Hauts-de-France et le Grand Est. La dynamique est bonne pour cette énergie renouvelable. Voici les réponses aux questions que pose son développement.  

Que représente l’éolien dans la consommation d’électricité en France ? 

L’objectif de la France étant la neutralité carbone d’ici 2050, le gouvernement met l’accent sur le développement des énergies renouvelables. Ainsi, le nombre d’éoliennes a doublé en quatre ans : elles étaient 4 200 en 2015, elles sont aujourd'hui 7 950, installées dans 1 380 parcs. Soit une puissance de 15 317 mégawatts (MW) à la date du 31 mars 2019, selon les données du ministère de la Transition écologique. Au premier semestre 2019, l’éolien a produit 6,9 % de la consommation d’électricité française et le gouvernement table sur un objectif de 30 % d'ici 2030. Une part énergétique à replacer toutefois dans son contexte : les trois-quarts de l’électricité en France sont encore produits par le nucléaire, seulement un quart émane d’énergies renouvelables. L’électricité représente environ la moitié du mix énergétique tandis que l’autre est encore allouée aux énergies fossiles, le charbon et le pétrole. 

"L’objectif est de doubler, voire tripler, la production éolienne d’ici 2030", selon Grégoire Souchay, journaliste et auteur de l’ouvrage "Les mirages de l’éolien". Pour ce faire, le gouvernement mise sur la mer avec 11 projets d’éoliennes offshore en cours. Les premiers parcs devraient opérationnels devraient être opérationnels d’ici 2021-2022 au large de Courseulles-sur-Mer, Saint-Brieuc, Saint-Nazaire, Yeu-Noirmoutier, Fécamp, Dunkerque et de Dieppe-Le Tréport.

Quels sont les pays européens les plus dans le vent ? 

Selon les derniers chiffres EurObserv’ER, le premier pays producteur d’énergie éolienne en 2018 au sein de l’Union européenne est l’Allemagne. Suivent ensuite le Royaume-Uni, l’Espagne et puis la France, en quatrième position. L’énergie éolienne représente 14 % de l’électricité européenne produite. 

Que fait-on d’une éolienne qui ne fonctionne plus ? 

L’éolienne a une durée de vie de vingt à trente ans : une fois obsolète, elle est donc démantelée. Selon France Energie Éolienne, elle peut être recyclée à 95 %. En effet, une éolienne est constituée  de béton et d’acier à 90 % (le mat) et à 10 % de fibres de verre ou de carbone (les pales). Le problème réside justement dans le traitement de ces pales, difficiles à recycler. Pour l’instant, elles sont pour la plupart concassées et utilisées en tant que combustibles dans les cimenteries, la France n’ayant pas suffisamment anticipé leur gestion après utilisation. "On travaille là-dessus", assure de son côté France Energie Éolienne.

Pourquoi dit-on que ça pollue ? 

"Une éolienne n’émet pas de gaz à effet de serre lorsqu’elle fonctionne", selon Grégoire Souchay, "mais elle engendre de la pollution à sa construction et à son démantèlement". Au-delà de la pollution atmosphérique, il y a également la question de sa pollution visuelle et sonore. Pour beaucoup, les principales nuisances proviennent de sa taille, gênante dans le paysage, et du bruit engendré par le mouvement de ses pales. Là-dessus, la loi impose une distance minimale d’implantation de 500 mètres des habitations ainsi qu’un seuil sonore ne pouvant excéder 35 décibels. 

Pourtant, des citoyens se sont plaints de troubles pouvant être provoqués par des éoliennes, tels que des insomnies, des maux de tête ou des nausées. Ici, le mal est difficile à prouver puisqu’il pourrait être lié à un bruit inaudible émanant des éoliennes. Ces ultrasons sont au cœur des inquiétudes de nombreux riverains, notamment d’agriculteurs. Au début de l’année, Médiacités Nantes a longuement enquêté sur le cas de vaches en Loire-Atlantique ayant adopté un comportement étrange après l’installation en 2012 d’un parc éolien non loin de leur habitat. Bien qu’une vingtaine d’études aient été réalisées sur le parc, aucun lien de cause à effet n’a été établi à ce jour.

Pourquoi le sujet divise-t-il autant ? 

L’urgence climatique est bien réelle, plus personne -ou presque- ne le réfute et les énergies renouvelables font partie de la transition écologique. Pour autant, l’expansion d’éoliennes en France n’est pas vue d’un bon œil par tous, et c’est un euphémisme. Le sujet est en effet en proie à un réel combat entre "pro" et "anti". "Les anti-éoliens ne font que retarder le développement des énergies renouvelables et la transition énergétique", déplore France Energie Éolienne. "Ils jouent sur les peurs et les angoisses des gens et c'est irresponsable."

Grégoire Souchay a pu constater ce clivage lui-même : "Chaque camp reprend le débat à son compte. Les anti-éoliens se basent sur les témoignages existants pour faire valoir leurs arguments et les pro-éoliens réduisent ces témoignages à néant." Selon l’auteur, le mouvement anti-éolien a su faire peau neuve en prenant en compte dorénavant la question énergétique. D’une "opposition de proximité" –paysage gâché, aucune consultation des citoyens en amont…-, on serait passé à une véritable "contestation symbolique", comme lors du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, finalement abandonnée après la fronde écologiste.


Caroline QUEVRAIN

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