L’interdiction de la pêche électrique dans les eaux françaises, une "étape majeure"

Publié le 15 août 2019 à 16h01, mis à jour le 16 août 2019 à 8h05

Source : JT 13h Semaine

PÊCHE - La pêche électrique est officiellement interdite dans les eaux françaises, depuis ce mercredi 14 août. Une étape saluée par les défenseurs de l’environnement, avant une harmonisation au niveau européen prévue d’ici l’été 2021.

Depuis ce mercredi 14 août, les pêcheurs armés de chalutiers électriques sont invités à quitter les eaux françaises. L’interdiction, dans le cadre de la réglementation européenne, a été rendue effective par un décret du préfet de Normandie, seul habilité à légiférer sur la pêche en mer du Nord. Les dérogations, permettant principalement aux Néerlandais de pêcher dans les eaux territoriales françaises, ont ainsi été levées. L’interdiction concerne la bande côtière de 12 000 nautiques, équivalant à 20 kilomètres de large, en mer du Nord. "Au-delà, ce sont les eaux communautaires, la zone économique exclusive. Et les pêcheurs peuvent toujours agir", explique à LCI Frédéric Le Manach, directeur scientifique de Bloom, association œuvrant pour la protection de l’océan.

Si la réglementation européenne ne prévoit pas d’interdiction totale de cette pratique avant l’été 2021, les dérogations actuelles sont levées les unes après les autres. "On devrait passer de plus de 80 navires néerlandais actuellement autorisés à moins de 15", se félicite Frédéric Le Manach. Jusqu'en 2021, seuls 5 % de la flotte de chalutiers à perche de chaque Etat-membre pourront continuer à pratiquer cette technique, soit une quinzaine de navires pour les Pays-Bas. Selon les chiffres de Bloom, 84 chalutiers électriques néerlandais pêchaient jusqu'alors en mer du Nord, seule zone européenne où cette pratique est autorisée.

Une interdiction qui "sanctuarise la bande côtière"

La mise en œuvre de cette interdiction est une "étape majeure qui permet de sanctuariser la bande côtière", estime-t-il. Pour autant, la bataille n’est pas encore gagnée, considère le directeur scientifique. Car pour être pérenne, la décision doit maintenant être inscrite dans la loi française. En effet, "un décret peut être levé dans les deux mois" et l’avancée réduite à néant, jusqu’à l’interdiction effective de 2021. 

La pêche électrique consiste à envoyer depuis un chalut des impulsions électriques dans les fonds marins pour y capturer des poissons. Ce qui permet de pêcher en profondeur et en grande quantité. La technique, inventée par des pêcheurs néerlandais dans les années 70, est utilisée depuis les années 2000 à des fins commerciales. Ces derniers en ont longtemps abusé, au vu du nombre de licences accordées un temps par les Pays-Bas à ses chalutiers, nettement supérieure à ce que prévoyait le droit européen. La pêche profonde, décriée depuis des années par les acteurs environnementaux, est jugée dévastatrice pour la préservation de la faune et des fonds marins. 

"C’est une pratique néerlando-néerlandaise", estime le directeur scientifique. Car si quelques navires britanniques et allemands la pratiquent dans les eaux communautaires, ils battent pavillon néerlandais pour la plupart. Privilégiée par les groupes industriels pour sa "grande efficacité", la pêche électrique s’est surtout instaurée au détriment des pêcheurs-artisans. Ces derniers, lésés pendant des années, doivent "bénéficier à présent d’une compensation financière", juge Frédéric Le Manach.


Caroline QUEVRAIN

Tout
TF1 Info