Le Groenland a perdu 12,5 milliards de tonnes de glace en une seule journée

par Matthieu JUBLIN
Publié le 3 août 2019 à 9h29, mis à jour le 13 août 2019 à 12h42

Source : TF1 Info

RÉCHAUFFEMENT - La vague de chaleur qui a touché l'Europe en juillet est arrivée au niveau du Groenland, entraînant une hausse extrême des températures et une fonte des glaces dont l'intensité dépasse le précédent record de 2012.

Pour se rendre compte de l'intensité avec laquelle fond la calotte glacière du Groenland, quelques images ne sont pas de trop. En juillet, environ 160 gigatonnes de glaces ont fondu sur ce continent, selon l'Organisation météorologique mondiale des Nations unies, qui ajoute que cette quantité équivaut à 64 millions de piscines olympiques. Ou encore le volume de plus de 160 glaçons cubiques d'un kilomètre de côté. Ou, comme l'a observé le météorologue Eric Holthaus dans Rolling Stone, de quoi recouvrir toute la Floride d'1,80 mètre d'eau. 

Cette fonte déjà spectaculaire est en train de s'aggraver, car la vague de chaleur qui a touché l'Europe en juillet s'est dirigée vers le nord et a atteint le Groenland. Un phénomène prévu, comme le rappelle la climatologue Valérie Masson-Delmotte, mais qui fait craindre à de nombreux observateurs un nouveau record de fonte pour la deuxième plus grande calotte glacière du globe, après celle de l'Antarctique.

12,5 milliards de tonnes par jour

Si la fonte de la calotte glaciaire durant l'été est un phénomène normal, l'année 2012 avait affolé les compteurs, avec 450 millions de mètres-cubes fondus (soit 450 gros glaçons d'un kilomètre de côté). Une telle fonte fait augmenter le niveau moyen des océans d'un millimètre, précise le climatologue Jason Box sur CNN, mais d'environ 2 millimètres au niveau des tropiques.

Le climatologue Xavier Fettweis a observé que l'année 2019 avait déjà battu plusieurs records datant de 2012. D'abord, la température moyenne a été mesurée à +0,55°C le 31 juillet 2019, soit une anomalie de +6,8°C, contre 0°C le 11 juillet 2012. Ensuite, le taux d'ablation de la calotte a été mesuré à 12,5 gigatonnes (ou milliards de tonnes) par jour le 1er août 2019 (soit 12,5 glaçons d'un kilomètre fondus), contre 11,7 gigatonnes/jour en 2012.

Une fonte qui correspond aux chiffres attendus en 2050... avec le scénario le plus pessimiste du Giec

Pour l'instant, la fonte de 2019 a causé une augmentation du niveau des mers de 0,65 mm, selon le climatologue, qui ajoute que de telles anomalies étaient prévues pour 2050... avec le scénario le plus pessimiste du Giec.

En revanche, l'étendue de la zone de fonte n'a pas encore dépassé le record de 2012, même si elle s'en approche dangereusement, avec plus de 60% de la surface de la calotte glaciaire groenlandaise touchée par la fonte (contre plus de 70% en 2012). Précision importante : ce pourcentage ne correspond pas à la quantité de glace fondue, mais bien à la surface concernée par la fonte. La calotte glaciaire est en effet épaisse de plusieurs kilomètres en moyenne et, même à ce rythme très inquiétant, la fonte du Groenland prendrait plusieurs siècles (et ferait monter de 7 mètres le niveau des océans, noyant des régions entières).

Une fonte massive et irréversible si l'accord de Paris n'est pas respecté

Sur le terrain, la fonte des glaces s'observe par un débit très élevé des cours d'eau alimentée par les glaciers, comme celui de la rivière Naujatkuat, filmé par la scientifique Irina Overeem. Des vues aériennes de la région datant du 30 juillet montrent également que plusieurs incendies se sont déclarés sur le continent, comme dans d'autres régions de Sibérie ou du Canada proches du cercle polaire

Ces prochains jours, des températures maximales de 25°C sont attendues sur les côtes groenlandaises, des valeurs très largement supérieures aux normales saisonnières. A plus long terme, des scientifiques ont estimé dans une étude qu'à partir d'un réchauffement de 1,5°C à 2°C d'ici 2100, une fonte massive des glaces en Arctique et en Antarctique deviendrait irréversible dans les siècles à venir. Or, les actions actuellement mises en places dans le cadre de l'accord de Paris conduiraient à une hausse moyenne de 3°C d'ici la fin du siècle.


Matthieu JUBLIN

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