La crème solaire toxique interdite pour préserver les Coraux d'un archipel du Pacifique

C.A.
Publié le 1 janvier 2020 à 13h19
La crème solaire toxique interdite pour préserver les Coraux d'un archipel du Pacifique
Source : Martin Colognoli pour Coral Guardian

ENVIRONNEMENT - Pour protéger ses coraux, les îles Palaos, dans le Pacifique, a interdit à partir de ce 1er janvier toute crème solaire qui pourrait leur être toxique. En cas de non-respect de cette nouvelle législation, une amende de 1.000 dollars peut être infligée.

En juillet 2018, le gouverneur d'Hawaii avait fait connaître sa volonté d'interdire l'utilisation de crèmes solaires contenant de l’oxybenzone et l’octinoxate, deux composants mortels pour les coraux. La mesure sera effective dès le 1er janvier 2021. En ce premier jour de l'année 2020, les îles Palaos, dans le Pacifique, est déjà passé à l'action. Pour protéger ses coraux et l'un des plus importants sanctuaires marins dans le monde, les autorités ont elles aussi décidé d'interdire les crèmes solaires reconnues comme étant toxiques pour les océans.

"Nous devons vivre et respecter l'environnement parce qu'il est le berceau de la vie, et sans lui, personne à Palaos ne pourra survivre", a expliqué à l'AFP le président de l'archipel Tommy Remengesau.

10 filtres solaires et conservateurs interdits

Situé à mi-chemin entre l'Australie et le Japon, l'archipel est réputé pour la richesse de sa vie marine, et considéré comme l'une des plus belles destinations pour la plongée. Chaque année, plus de 150.000 visiteurs se rendent sur ses plages. Un chiffre en augmentation de 70% par rapport à 2010. "Cela équivaut chaque jour à des litres de crème solaire qui vont dans la  mer dans les spots célèbres pour la plongée et le masque et tuba", se désolait en 2018 auprès de l'AFP le porte-parole du gouvernement. Préoccupées, les autorités ont donc pris la décision de bannir la vente et l'importation de crèmes solaires contenant dix filtres et conservateurs, dont l'oxybenzone, l'octinoxate et des parabènes. Tout touriste enfreignant cette réglementation s'expose désormais à la confiscation de son produit et à une amende de 1.000 dollars (890 euros).

"Cela nous est égal d'être le premier pays à interdire ces produits chimiques, et nous ferons ce qu'il faut pour que cela se sache. Avec une meilleure éducation et prise de conscience, d'autres gouvernements auront suffisamment confiance pour prendre les mesures nécessaires", a fait savoir le président.

La toxicité de ces substances démontrée par la science

La décision des autorités s'appuie sur différentes études scientifiques, qui ont clairement établi, selon elles, que les composants chimiques contenus dans la plupart des crèmes solaires étaient toxiques pour les coraux, même à petite dose. Et ce même à très faible dose. En décembre 2018, une étude menée par des chercheurs français a révélé que l'octocrylène, un filtre UV, s'accumulait dans les coraux sous la forme de dérivés d'acides gras et pouvait interférer avec le métabolisme des coraux. Une étude publiée en 2015 dans la revue Archives of Environmental Contamination and Toxicology avait d'autre part révélé que l'oxybenzone, également utilisé comme filtre UV, déformait la morphologie des larves de corail en endommageant leur ADN.

500.000 m² d'océan libérés de toute activité humaine

Pour protéger son patrimoine naturel, les îles Palaos ont également décidé d'élargir la zone de protection de son sanctuaire marin, en fermant 80% de sa zone économique exclusive, soit 500.0000 m² d'océan, à toute activité maritime ou de pêche, y compris minière. Cette nouvelle législation prévoit également que les flottes de pêche étrangères débarquent dans l'archipel leurs prises avant de payer une taxe d'exportation, afin de protéger les pêcheurs locaux. Pour le président, il s'agit de laisser l'océan "panser ses plaies" après des années de pêche commerciale intensive qui ont drastiquement diminué certains stocks de poisson, dont ceux de thon rouge.


C.A.

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